Praetor : compte-rendu de partie
Ca ne vend pas du rêve, mais c'est efficace et abouti...
Connus pour ses publications de qualités en jeux de rôle, les Editions Sans Détour ont récemment étendu leurs activités au jeu de plateau via un partenariat avec l'éditeur luxembourgeois Play and Win. Premier jeu à paraître du fait de cette collaboration : Praetor, pour la gloire de Rome est un jeu de gestion mettant les joueurs dans la peau d'ingénieur devant contruire la plus belle cité possible. Si Praetor n'entre clairement pas dans la thématique fantastique du site, il nous a pourtant paru intéressant d'y jeter un oeil du fait de sa présence dans le catalogue d'un éditeur reconnu. Voici donc un petit compte-rendu du jeu.
En 122 de notre ère, l’Empire romain est au summum de sa gloire. Hadrien a mis fin aux menaces barbares. Il se consacre maintenant à la fondation de nouvelles villes et à l’édification de fortifications, afin d’assurer la domination et la richesse de Rome. Dans l’île de Bretagne, Hadrien a entamé la construction d’un mur qui portera son nom et qui protégera les régions contrôlées par l’Empire des invasions venues du nord. L’empereur a également ordonné l'édification d'une cité, qui rappellera aux Bretons la splendeur de Rome. Hadrien a envoyé cinq hommes sur place. Il leur a confié des ouvriers et des ressources et afin qu’ils travaillent ensembles. Mais au final, un seul d’entre eux sera nommé Praetor et dirigera la province au nom de l’empereur.
Commençons par l'aspect le moins convaincant du jeu : la thématique de Praetor est loin de vendre du rêve. Un jeu de gestion qui se déroule pendant l'antiquité, une cité à construire, à ce niveau, le jeu peine à se démarquer de la masse de concurrents qui exploitent le même filon. A première vue, si l'on s'en tient à la boite, au visuel, à la présentation, on ne voit pas bien quelle plue-value apporte le jeu sur un marché déjà saturé de ce genre de produits. Ceci est d'autant plus prégnant qu'en terme de matériel, on va y trouver la même austérité que dans nombre de produits de ce type (certes, on n'est pas devant un jeu Ravensburger, mais on est tout de même loin de 7 wonders). Si le thème n'est pas votre tasse de thé, il faut donc passer outre et faire l'effort de jouer pour se rendre compte qu'en dépit de son emballage pas franchement glamour, Praetor est un bon jeu doté de quelques idées originales et rafraichissantes.
La première d'entre elle est l'idée des retraites. Alors que, d'ordinaire, les ouvriers sont utilisés jusqu'à la mort pour enrichir leur contrôleur, Praetor introduit l'idée de départ en retraite et de rente. Un ouvrier qui va atteindre une certaine expérience sera ainsi mis de côté, ne pourra (presque) plus travailler, mais devra être entrenu par une rente, comme les travailleurs actifs. La gestion des ouvriers est donc la première bonne idée du jeu, et introduit une mécanique de gestion dans le recrutement. L'idée n'est pas d'avoir un maximum de travailleurs à faire trimer, mais bien de gérer au mieux ceux présents sur le plateau pour qu'ils ne s'épuisent pas trop vite et, donc, ne partent pas trop rapidement à la retraite. La mécanique est originale, amusante vis à vis de ce qui peut se faire ailleurs, et introduit une dimension plus morale que celle de la plupart des jeux de ce type.
L'autre force du jeu est de réussir à allier des règles simples et accessibles à tous avec des mécaniques qui n'annihilent pas le processus de gestion. La simplicité n'est ici pas synonyme de simplisme, et force est de constater que l'on réfléchit pas mal avant de jouer. Il faut ainsi bien choisir à quel quartiers construire (si possible ceux qui les autres utiliseront, car ils devront vous payer pour ça), quels quartiers utiliser (car si ce n'est pas le votre, vous devrez payer, donc aider, un autre joueur) et faire des choix importants avec un nombre d'actions limités. Si une des tuiles peut sembler plus puissantes que les autres (a priori, mais c'est à confirmer avec d'autres parties-test), le tout est globalement équilibré.
On se trouve donc devant un format de jeu accessible (les débutants n'auront que quelques règles à assimiler), mais qui demande tout de même du temps (compter une bonne heure et demi de partie), de la concentration et de la reflexion. En somme Praetor est doté d'un format intermédiaire permettant à celles et ceux qui le souhaitent de dépasser le cadre de jeux simples (Catane, Les aventuriers du Rail) pour aller vers quelque chose de plus riche et de plus construit. Comme quoi, dans le jeu peut être plus qu'ailleurs, l'habit ne fait pas le moine.
Praetor - Pour la gloire de Rome, est édité par les Editions Sans-Détour. Les parties sont prévues pour 3 à 5 joueurs, pour une durée moyenne d'1h15. Il est vendu 45€
Publié le lundi 16 juin 2014 à 11h45
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