Présentation de Saint-Pétersbourg, un jeu pas fantastique mais presque...
Classé au patrimoine mondial des jeux ?
Voici une présentation critique de jeux qui ont traversé notre espace-temps, nos tables gravitationnelles, mais qui sont à la frontière du fantastique, mais pas complètement alors, on vous en parle simplement. Petite entorse avec Saint-Pétersbourg, un jeu présenté par Filosofia, où vous essaierez de devenir le gouverneur de cette ville bâtie en 1703, qui est devenu un joyau (un vestige?) de la Grande Russie.
Saint-Pétersbourg, le Paris de l'Est.
1703, Russie, le tsar Pierre le Grand décide de fonder Saint-Pétersbourg. Ce dernier cherche un gouverneur à la hauteur de son ambition pour mener les travaux. Saurez-vous devenir l'homme le plus influent de la ville ?
Un matériel sans démesure mégalomane.
Cette seconde édition de Saint-Pétersbourg propose un matériel fourni avec un plateau recto/verso revêtant un graphisme sommaire (deux rangées pour placer les cartes principalement). Ensuite, on découvre des roubles (qui valent presque autant que les vrais) sous forme de billets, deux cents cartes (Artisan, Bâtiment, Noble, Échange, Marché, ...), et de nombreux pions en bois et des marqueurs cartonnés. On note la présence d'une règle de base, d'une version avancée et de pas moins de six variantes. Malgré une certaine austérité au niveau des couleurs et des illustrations, Saint-Pétersbourg marque une qualité éditoriale appréciable.
Une règle en huit temps.
L'objectif demeure de capitaliser un maximum de points de victoire.
Une partie se déroule en plusieurs manches qui comportent quatre phases chacune, celle des ouvriers, des bâtiments, des nobles et des échanges. Lors des trois premières phases, un décompte a lieu (gain de roubles et de points de victoire). Pendant son tour, un joueur a le choix entre acheter une carte présente sur le plateau, prendre une carte en main, jouer une carte de sa main ou passer son tour. Une phase se clôture quand tous les joueurs ont passé. On passe alors au décompte. Les ouvriers procurent de l'argent, les bâtiments donnent des points de victoire et les nobles surtout des roubles. Les cartes Échange accordent d'échanger une carte basique contre une autre de même type plus avantageuse.
La partie se termine quand une pile de cartes (Ouvrier, Bâtiment, Noble, Échange) est épuisée.
La règle avancée incorpore une phase supplémentaire, celle du Marché. Une évaluation a aussi lieu (gain de roubles et de points de victoire) selon sa position hiérarchique sur le plateau Marché dans cinq domaines (volaille, farine, fruit, poisson, légume).
Les Nobles, texte en français dans la version Filosofia, pas d'inquiétudes.
Saint-Pétersbourg classé au patrimoine mondial ludique ?
Saint-Pétersbourg ne revêt pas de caractère fantastique dans sa thématique mais il est tout simplement fantastique par sa qualité mécanique. Reposant sur un principe simple, l'achat de cartes, les auteurs Bernd Brunnhofer et Karl-heinz Schmiel réussissent à donner une richesse et un renouvellement étonnants à cet ensemble. On s'aperçoit que chaque achat se réfléchit presque sur du long terme, quel bénéfice immédiat procure cette carte mais aussi que va-t-elle induire sur du long terme. De plus, l'argent manque cruellement et il ne faut pas se démunir trop précocement et se bloquer sur l'arrivée de prochaines cartes. Chaque phase s'accompagne d'une dose tactique sur le fait de libérer de la place (en achetant des cartes) qui occasionne l'arrivée de nouvelles cartes, toujours source d'avantages supplémentaires. En limitant cette manne, on espère ainsi entraver le développement de ses adversaires, tout en essayant de glaner quelques roubles ou points de victoire de plus que ses rivaux. En quelques tours, on comprend aisément les aboutissants de Saint-Pétersbourg, mais chaque partie apporte une réflexion différente, une adaptation au tirage afin d'en tirer le meilleur pour soi. Toutefois, on remarque l'importance de la phase Noble. Ces derniers procurent quelques roubles bienvenus avant la phase Échange, souvent détentrice de cartes puissantes et donc intéressantes à acquérir. Surtout, ils procurent un bonus en fin de partie (entre 1 et 55 points) qui ne se prend pas à la légère et impose de veiller à ne pas minimiser leur importance. Car il faut avouer que le noble coûte cher, ne rapporte pas beaucoup, mais en terme d'influence pour asseoir sa suprématie en tant que gouverneur, ils sont quasiment indispensables. Est-ce une légère martingale cet impératif, peut-être ?
Les cartes Marché.
Cette seconde édition donne l'occasion d'intégrer une nouvelle phase, celle du Marché qui ne complexifie pas réellement l'ensemble et ne gêne pas l'exceptionnelle fluidité du jeu de base. Elle demeure plaisante, donne une variation appréciable au déroulement global mais ne s'impose pas comme une phase indispensable pour éprouver du plaisir à la pratique de Saint-Pétersbourg. En effet, elle allonge la durée de la partie d'environ trente minutes, ce qui n'est pas toujours utile lors de configurations entre trois et cinq joueurs (environ 120 minutes). Cependant, lorsqu'on l'intègre, elle requiert une réflexion inédite, le positionnement hiérarchique sur différent domaines (volaille, légume, fruit, blé, poisson) qui récompensent uniquement les deux premiers en point de victoire, de manière croissante plus la partie évolue (trente points en jeu dans les derniers tours). La phase Marché s'entoure d'une lutte concurrentielle acharnée et émoustillante.
Saint-Pétersbourg, version 2015, se pare de six modules (variantes) qui, chacun, apporte sa pierre à l'édifice afin d'augmenter considérablement la durée de vie. Le module Banquet (déjà disponible avec la première édition) intègre quelques personnages avec des pouvoirs spécifiques dont L'âne d'or qui procure de l'or en évacuant ses excréments... On notera dans le quatrième module Les événements l'apparition d'un fantôme qui fait disparaître les cartes. Dans l'ensemble, ces six variantes, sans changer profondément le jeu (sauf le module, Les obstacles, bien contraignant), ouvrent des dimensions tactiques et stratégiques (Objectifs à atteindre par exemple) intéressantes. Avec cette seconde édition, il y a de quoi s'amuser pendant de nombreuses parties. Allez, hop, dans le patrimoine mondial des jeux !
En conclusion
Saint-Pétersbourg retrouve le chemin des boutiques de jeux après une dizaine d'année d'absence (première édition en 2004). C'est un jeu brillant qui repose sur une mécanique simple et efficace, l'achat de cartes, qui permet de développer son influence sur la ville (des revenus qui s'accroissent, bâtiments de plus en plus luxueux, une cour de nobles prenant de l'importance). Chaque phase et/ou achat se soumet à un capricieux choix cornélien où l'on soupèse l'intérêt immédiat, futur et aussi les conséquences à court terme. Comme l'argent manque (surtout en début de partie), chaque sou dépensé compte et tous les achats ne sont pas anodins. Cette version 2015, entièrement en français, déborde de nouveautés en incluant de nombreuses variantes, une phase inédite (le Marché) tout en, conservant le jeu de base identique à la première édition. Un saint jeu !
La première édition du jeu (2004).
Descriptif technique :
Auteurs : Bernd Brunnhofer, Karl-Heinz Schmiel / Illustrateurs: Irene Bressel, Anne Patzke
Éditeur : Filosofia / Genre : développement, gestion
Âge : 10 ans et plus / Nombre de joueurs : 2 à 5
Durée : entre 60 et 120 minutes / Sortie en boutique : 23 janvier 2015
Prix en boutique : 45 euros
Note du jeu : 9 / 10
Publié le dimanche 8 février 2015 à 00h06
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