Entretien avec Nelyhann
Il nous parle du jeu de rôle Les Ombres d'Esteren...

Alors que la sortie du jeu de rôle Les Ombres d'Esteren se profile (dans une dizaine de jours, pour le Monde du Jeu), voici une interview de Nelyhann, l'un des auteurs, qui nous présente ce jeu médiéval-fantastique pas comme les autres.

Vous écoutez actuellement un extrait de la bande originale
des Ombres d'Esteren composée par Delphine Bois.

 

Vincent L. : Pour commencer, peux-tu te présenter et nous dire ce que tu es vis à vis du jeu de rôle Les Ombres d'Esteren ?

Nelyhann : Bonjour Vincent. Dans un premier temps, avec mes camarades du collectif Forgesonges, j’ai participé à élaborer les bases du projet, en 2006. Aujourd’hui, j’assure la coordination éditoriale sur Les Ombres d'Esteren, tant sur les textes que sur les illustrations et la maquette. Un rôle de conception des contenus, de rédaction des cahiers des charges pour les textes et illustrations et finalement de validation. Je suis auteur sur la gamme mais ai dû renoncer à illustrer par manque de temps. J’ai également un pied chez l’éditeur jeu. Au final, beaucoup de travail !

 

Vincent L. : Peux-tu nous décrire ce qu'est Les Ombres d'Esteren ?

Nelyhann : Esteren est un univers médiéval, aux accents horrifiques et gothiques. Au niveau jeu de rôle, nous pourrions dire qu’il se situe quelque part entre L'appel de Cthulhu, Warhammer et Ravenloft. Au niveau de nos sources d’inspiration, on pourra citer l’univers de Tim Burton, des films comme Sleepy Hollow ou Braveheart de Mel Gibson. Nous avons également puisé dans les œuvres d’Hayao Miyazaki avec Nausicaä de la vallée du vent et Princesse Mononoké ainsi que dans Berserk, le manga de Kentaro Miura. Pour le reste, je te cite un extrait du blog d’Esteren qui résume bien à quoi les joueurs auront affaire : "Inspiré par les mythes celtiques, cet univers possède une part de fantastique qui se veut discrète, derrière une façade sobre et réaliste. Ce monde est peuplé d’humains faisant face à un quotidien rude et à une menace surnaturelle, tapie dans l’ombre. Axé sur des scénarios d’enquête et de survie, Les Ombres d’Esteren est un jeu privilégiant l’ambiance et les interactions entre les joueurs".



Vincent L. : Comment est venue l'idée des Ombres d'Esteren ?

Nelyhann : Avec les trois autres fondateurs de Forgesonges, nous avons simplement mélangé nos idées et nos sources d’inspiration. Puis, nous avons commencé à broder autour d’elles. Cette partie était sans doute la plus agréable car ensuite, il a fallu entrer dans le détail, justifier et consolider nos choix, arrondir les angles. Un travail de longue haleine qui aura duré plus de quatre ans pour en arriver au premier ouvrage de la gamme !

Vincent L. : Qu'est ce que les Ombres d'Esteren apporte de neuf par rapport aux autres jeux de rôle commercialisés actuellement (Royaumes Oubliés, Pathfinder, etc.) ?

Nelyhann : Le parti pris est différent. Par exemple, l’accent est mis sur la psychologie des personnages avec un système de santé mentale complet, ce qui est plus l’apanage de jeux d’enquête ou d’horreur à la sauce Cthulhu. Dans Les Ombres d'Esteren, les personnages restent des humains "normaux". Ils ne sont pas pour autant destinés à être envoyés en pâture à d’horribles monstres mais, s’ils peuvent devenir puissants, ils restent dans leurs limites humaines. Concrètement, pas de point de vie et un coup d’épée bien placé peut être aussi mortel pour un personnage débutant que pour un escrimeur exceptionnel. Le corps humain est fragile ! Dans un autre registre, le surnaturel et le fantastique sont présents mais demeurent discrets. Il existe des formes de "magie" mais pas de boule de feu et autres projectiles magiques. Au final, plusieurs choix qui font Des Ombres d'Esteren un jeu médiéval, mais avec une saveur particulière.



Vincent L. : Décrit tel quel, Les Ombres d'Esteren me fait quelque peu penser à l'ambiance du jeu de rôle Elric, par ce côté sombre et cette volonté de faire jouer aux joueurs des humains "normaux". L'univers des jeunes royaumes a t-il été une influence pour vous ?

Nelyhann : Sans aucun doute ! Notamment cette technologie à la rencontre d’un monde médiéval, que l’on retrouve dans Esteren au travers de la magience. Mais je ne suis pas spécialiste de l’univers de Michael Moorcock ; il me serait difficile d’en dire plus !



Vincent L. : Pourquoi avoir fait de cet univers un monde de "low fantasy" où elfes, nains et hobbits ne sont pas présents ?

Nelyhann : C’est un parti pris important pour notre jeu qui met la sobriété au premier plan. C’est aussi une règle classique de l’horrifique que nous avons voulu appliquer : présenter un monde sobre et réaliste duquel va émerger peu à peu le fantastique. Dans ce cadre, les nains, elfes et autres peuples fantastiques n’avaient guère de raison de se trouver inscrits dans l’univers de jeu. Il y a seulement des humains, face à une menace tapie dans l’ombre.

Vincent L. : Peux-tu nous parler du côté "horreur" d'Esteren (qui, d'ailleurs, a nécessite un système de santé mentale) ?

Nelyhann : C’est quelque chose qu’il a été important d’expliciter dès le kit de démo paru dans JDR Mag. Je reprends d’ailleurs ce que nous avons écrit à ce sujet et qui répond très précisément à ta question :

"Pour Esteren, la définition littéraire de l’horreur a été retenue : un sentiment d’effroi mêlé d’admiration face à une réalité horrible et vertigineuse. Un accent particulier a été porté sur le moment précis de cette confrontation. Or, pour que le choc de cette révélation puisse avoir lieu, il est utile de dépeindre un environnement qui apparaîtra dans un premier temps classique. Ainsi, l’univers d’Esteren pourra tout d’abord sembler sobre ; ceci est voulu. Ce parti pris met naturellement le surnaturel, et tout ce qui pourrait être lié au genre du gore, en veilleuse, au moins dans un premier temps. Mais, peu à peu, le malaise s’insinuera dans ce quotidien pour le faire basculer dans l’indicible.
Ce principe de base a motivé la structuration des différents ouvrages de la gamme. Le premier livre, Univers, s’attachera à dépeindre l’univers d’Esteren tel qu’il est perçu par ses habitants. Le Livre des Secrets, uniquement destiné au meneur, fera toute la lumière sur les coulisses de l’univers et donnera des outils à celui-ci pour mettre en scène les révélations auxquelles les personnages seront confrontés. Au niveau cinématographique, le film Shining de Stanley Kubrick est une inspiration majeure : un glissement progressif vers l’horreur, où la folie et le surnaturel prennent une place toujours plus importante."

La santé mentale a donc une place de choix dans cet univers et nous l’avons largement développée pour Les Ombres d'Esteren.

 


Vincent L. : Dans le kit de démo paru dans JdR Mag, il n'est décrit qu'une petite partie du monde, est-ce que ce sera également le cas dans le jeu ?

Nelyhann : Le livre de base se concentrera sur la péninsule de Tri-Kazel, regroupant trois royaumes. La péninsule fait tout de même la taille de l’Angleterre, il y a déjà de quoi faire ! Nous avons pris le parti de nous focaliser sur cette partie plutôt restreinte du monde, de manière plus détaillée, plutôt que de survoler des étendues immenses. Il sera toujours temps d’y revenir plus tard dans la gamme. Et cela laisse aussi aux meneurs le soin d’imaginer de nouvelles régions.

Vincent L. : Au niveau système de jeu, comment est-ce que se situera Les Ombres d'Esteren ? simulationniste à la D&D, ou au contraire plus light à la Cthulhu ?

Nelyhann : Sans aucun doute, L'appel de Cthulhu. Le système se veut intuitif et simple, laissant une large part à l’ambiance et l’interprétation des personnages. L’intégralité du système tient sur une centaine de pages dans le livre de base. Il n’en est pas moins complet et aborde l’ensemble des points fondamentaux : création de personnage, santé mentale, système de résolution et d’expérience, etc. La mécanique est simple : le joueur tire un dé à dix faces, y ajoute un score prédéfini et constate s’il atteint le seuil de difficulté déterminé par le meneur pour réussir l’action. L’ensemble du système fonctionne avec cette base.



Vincent L. : Peux-tu nous parler de la parution des Ombres d'Esteren : quand va t-il sortir ? chez qui ? à quel format et à quel prix ?

Nelyhann : Le premier livre de la gamme sortira le 10 septembre prochain, chez Agate RPG et sera distribué par Iello. Le livre fera 290 pages, il sera au format A4, tout en couleur et sera vendu au prix de 39€90. Il sera présenté au Monde du Jeu où vous pourrez rencontrer les membres de l’équipe et du collectif Forgesonges. Au plaisir de vous y voir là-bas !

 


Voulez vous en savoir plus ?


Le blog d'Esteren

Le site d'Agate RPG

Le site de Iello

Le site de forgesonges

La fiche SFU des Ombres d'Esteren

Auteur : Vincent L.
Publié le mercredi 1 septembre 2010 à 09h00

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