Critique La Volonté de se Battre #3 [2021]

Terra Ignota est une quadrilogie de science-fiction très ambitieuse publiée chez le Belial. Son autrice Ada Palmer érudite et férue d’histoire a su créer un univers original, dense et cohérent. Si vous ne connaissez pas du tout cette saga, rendez-vous sur notre critique du tome 1. Pour se remémorer le tome 2 c’est par là. Voyons voir ce que nous propose ce troisième opus au vue des bouleversements précédents.

Printemps 2454. L’âge d’or dans lequel vivait l’humanité depuis trois siècles a brutalement pris fin : corruption, prévarication, népotisme et meurtres calculés ; le prix véritable de cette exceptionnelle période de prospérité vient d’éclater au grand jour. Alors que le procès des responsables approche, l’opinion publique se divise : faire table rase du passé pour envisager un monde radicalement nouveau sous l’égide de J.E.D.D. Maçon, le dieu vivant, et ainsi plonger dans la Terra Ignota, ou sauver ce qui peut l’être de l’ordre ancien. Ce dilemme partage l’ensemble de la population et la tension est paalpable.

Ruches et hors-Ruches, Utopistes et sensayers, seigneurs, empereurs et Servants se préparent à un affrontement qui paraît inévitable. À commencer par le premier d’entre tous, l’ultime prodige de Bridger, Achille, fils de Thétis et du roi Pélée, le maître des arts de la guerre, le dernier espoir, peut-être, de ce monde au bord du gouffre.

Les deux premiers volumes de Terra Ignota formaient un dyptique dense sur une société utopique à l’équilibre fragile, ce troisième tome est la rupture. L’équilibre des ruches n’est plus qu’un souvenir. Le personnage de Bridger qui avait bouleversé cet univers laisse progressivement la place au jeune Achille qui aura fort à faire. Mycroft clairement borderline reste le narrateur exceptionnel de cette histoire de plus en plus sombre.

Avec un début long mais nécessaire, une première partie centrée sur la réflexion autour de l’avenir de cette société utopique en crise, ce troisième volet est tout aussi érudit et dense que les précédents. Ce début de roman se lit d’ailleurs lentement alors que le rythme s’accélère en même temps que les événements dans un second temps bien plus violent. Beaucoup plus d’actions donc dans la seconde partie du livre avec une accumulation de rebondissements qui mène à ce que le titre laisse sous-entendre. Le climax est explosif, le dernier volet sera très attendu : le tome 4, “Perhaps the Stars”, fait quasiment la taille des tomes 1 et 2 réunis, et sera donc divisés en deux livres dans sa parution française en 2022 (première moitié au printemps, deuxième à l'automne).

Toujours érudit, toujours dense, terra ignota se place comme une œuvre exceptionnelle qu’il faut lire en prenant le temps non pas simplement pour la savourer mais pour comprendre. Une œuvre originale et riche qui pourra se relire lorsque les quatre volumes seront sortis avec le plaisir de retrouver le ton irrévérencieux de Mycroft.