Critique L'Effet Coccinelle [2021]

L’effet Coccinelle est un road trip déjanté avec des aliens qui se prennent pour Dieu, et des rebondissements à chaque page. Edité par l’Homme sans Nom, ce roman original est une bouffée d’air frais en cette saison ma foi, pas très ensoleillée mais quand même très lourde. On sent que l’auteur Yann Bécu s’amuse et on y trouve même une référence à son premier roman les Bras de Morphée.

C’est l’histoire de trois losers magnifiques, trois aliens envoyés dans le corps d’humains pour une mission primordiale. Mais expliquons d’abord d’où ils viennent : une entité puissante, la Ruche sillonne la galaxie pour y semer des espèces vivantes. Mais à chaque fois, il faut faire preuve d’originalité. Il n’est pas permis d’insuffler la même vie à deux endroits différents. Après des milliers de planètes, l’inspiration finit par manquer. Ben oui les idées géniales y en a un nombre limité. Bilan, arrivée sur Terre, la Ruche a foiré ! Le service des Boueux, dont sont issus nos protagonistes,  s’est ainsi coltiné des formes de vies de plus en plus nazes jusqu’à l’humain, instable, la plus belle foirade du service R&D. Car le crédo de la Ruche est : « Un monde en paix, voulu par les créatures ». Alors avec les humains, la paix, c’est loupé. Le chantier actuel, al terre donc, s’enlise. L’évaluation n’est pas bonne et nos boueux ont une série de tâches à accomplir pour rattraper le coup.

Nous voici donc au début du récit à la Saint-Valentin 2030. Dans leur camion laitier volé, nos trois anti-héros attendent. Mitraillette, Eyaël et notre narrateur Raphaël doivent tuer un écrivain, un certain Camille Landru. Mission réussie rapidement mais dont les conséquences vont vitre être délirantes. Non loin de là, un Pinot simple flic s’intéresse au vol du camion laitier par trois énergumènes sortis d’une maison de repos et que tout sépare, un punk, un vieillard et une brute. Sa hiérarchie ne l’écoute pas et lui commande de laisser couler. Le flicaillon va s’entêter…

Epopée délirante où les malentendus et les maladresses s’enchainent pour nous faire rire, l’Effet Coccinelle est fun et rythmé, riche en références et en clin d’œil à notre société actuelle. Les trois personnages principaux sont attachants, très différents les uns des autres et font les pires choix dans les pires moments. C’est drôle, improbable. Ces personnages aliens sont parfois bien trop humains, avec leurs défaillances, leurs espoirs et leur amitié. S’ils ont entre leur main la preuve de l’existence de Dieu, leur seul but est de rentrer dans la Ruche. Alors que la planète devient mystique, se dévoilent une critique de notre monde plutôt fine qui ajoute de la profondeur à ce roman léger dans la veine d’un Karim Berrouka. Yann Bécu signe ici un one-shot à l’humour pétillant, aux personnages complètement à côté de leurs pompes mais réjouissants et une critique de notre monde parfois si inhumain.