Critique Vampires [1997]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 12 septembre 2005 à 09h34
De de la grosse série B qui sent sous les aisselles
Depuis une bonne dizaine d’année, John Carpenter est reconnu par ses pairs et les citriques – qui ont été pourtant il n’y a pas si longtemps assez infamants avec lui – comme le maître de la série B. Un professeur, une voie à suivre. Vampires est exactement l’illustration de sa maîtrise dans le genre.
Par la simplification extrême de son titre, cette œuvre met dés le début les points sur les i. Il n’est pas dans l’objectif de Carpenter de s’attarder sur la psychologie et les caractéristiques secondaires de tel ou tel seigneur des ténèbres. Non, ici, dans ce désert de l’ouest américain encore sauvage, et il n’y a pas si longtemps encore fréquenté par les peaux-rouges, les mescaleros et les fugitifs, le vampire se résume à un prédateur comme les autres.
Le script est très clair : les vampires sortent le soir de terre, sucent le sang des humains et les massacrent. Point, à la ligne. Il n’y a aucune raison particulière à cela. C’est dans leur nature, et Valek, en fait, n’est que la personnification de leur race, créée afin d’opposer à Crow un adversaire de taille.
En face d’eux, se dresse une bande de mercenaires dirigés par Jack Crow (james Wood). Carpenter les représente sous la forme d’une équipe blasée, effectuant sans réelle passion un travail dangereux mais routinier. Les types font leur job, sans avoir la sensation de suivre un chemin divin et salvateur. Ce sont des cow-boys qui cherchent du fric, afin de se lever des filles et boire des bières (ou l’inverse, au choix). La façon dont ils sont exterminés, rapidement et sans fioritures, démontre d’ailleurs leur superficialité.
Cette sensation d’assister à un véritable western dure tout le long du film et prend même une importance accrue. Je n’ai pas lu le roman original – Vampire$, de John Steakley – et je ne peut dire si l’œuvre littéraire est aussi référentielle. Carpenter, lui, a choisi d’insister fortement sur le caractère westernien ; personnages caricaturaux et machos, ennemis insaisissables et cruels, le désert, le saloon (le motel), les putes, la poussière, tout y est, même une mine – symbole de la conquête de l’ouest s’il en est. Et cherchant loin, on peut presque même dire que les techniques d’épuration ‘’ethnique’’ sont similaires. On attaque l’ennemi dans son repère, au moment où il s’y attend le moins. Seuls les temps ont changé, et les indiens ont laissés la place aux non-morts.
Si l’on devait chercher une œuvre jumelle, nombreux sont les ingrédients qui nous renvoient à certains classiques comme la Prisonnière du Désert (de John Ford), mais surtout au chef d’œuvre de Howard Hawks, La Captive aux Yeux Clairs, dans lequel deux amis, aux profils très caricaturaux, essayent d’éliminer une menace indienne en utilisant comme appât une jeune femme. Et l’on sait à quel point John Carpenter apprécie ce grand cinéaste, qui aimait les personnages fort en gueule, impétueux, et peu idéalistes.
Dans le fond, aucun personnage n’est très sympathique. Jack Crow, d’un certain coté, peut attirer parfois notre compassion – quand il raconte son histoire par exemple - mais son attitude odieuse, brutale, et exagérément machiste envers Katrina le prive de toute humanité. On peut légitimement se demander si finalement Valek (Thomas Ian Griffith) ne vaut pas mieux, lui qui ne se bat que pour le salut de sa race. Montoya (Daniel Baldwin), le fidèle ami, se vautre – par amour ou lubricité ? – dans le vampirisme avec son amie contaminée, d’une manière facile et pleine de soumission. Quand à la prisonnière, Katrina, elle semble aussi pitoyable que dangereusement venimeuse, impression appuyée par le physique troublant et fortement érotique de Sheril Lee. Et que dire du seul représentant de la foi chrétienne, le cardinal Alba (Maximilian Schell), qui cède sans arrière pensée à la tentation, sous la promesse d’une existence éternelle et damnée.
Filmé par la caméra très provocatrice du cinéaste, le métrage devient alors une œuvre brutale, sans nuance, doté d’un érotisme pesant et vulgaire. Un véritable fuck you cinématographique qui renvoie directement aux films gore des années 80, où le but ultime était de choquer avant tout, même si les idées véhiculées (à prendre au second degré) n’avaient dans le fond aucune importance. Certains critiques ont accusé Carpenter, à l’issue de la projection de Vampires, d’avoir fait preuve d’une misogynie exacerbée. Avis auquel je ne peux adhérer, car le personnage de Jack Crow est rempli de tant de composantes négatives qu’il ne peut en aucun cas représenter l’idéal de l’auteur. N’oublions pas que les différents protagonistes de Vampires sont tous relativement peu fréquentables.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Vampires [1997]
Vampires est une œuvre directe, vulgaire et sévèrement burnée. Une sorte de retour aux sources de l’auteur après quelques escapades métaphysiques (l’antre de folie) et même comiques en compagnie de Chevy Chase. Le résultat à l’écran peut choquer les personnes bien pensantes, qui se fourvoient sur l’intention première de Carpenter, qui est d’offrir un spectacle sans fioritures ni messages philosophiques, dans le pur esprit des bonnes séries B. Pour ma part, je pense que Sam Peckinpah aurait autant aimé que moi ce western revisité qui fleure bon le whisky et la Budweiser
On a aimé
- Une action bien menée
- De bons effets spéciaux
- Les comédiens, bien à leur place
On a moins bien aimé
- Un scénario succint
- Un ''mauvais genre'' qui peut déranger
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