Critique le Cinquième élément [1997]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 13 octobre 2005 à 08h29
Un space op coloré mais un peu niais
La race des Mondoshawan détient un secret. Un secret donnant le pouvoir de détruire le Mal, l’Entropie faite matière qui se déplace de mondes en mondes et qui sème la destruction, la totale annihilation. Ce secret est composé de quatre éléments bien terrestres - l’eau, l’air, le feu et l’eau – et un d’un cinquième, plus psychologique, l’amour.
Jugeant les hommes peu dignes de conserver ces puissants artéfacts, les Mondoshawan conservent ces cinq éléments dans leur Monde, les quatre premiers dans une simple mallette et le dernier sous les traits d’une magnifique humaine (Mila Jovovich). Lorsque le Mal réapparaît dans la Galaxie, ils décident d’aider les humains en leur restituant ce trésor inestimable.
Malheureusement, le Mal a déjà des alliés dans la place, sous les traits de Zorg(Gary Oldman), un milliardaire excentrique et cruel. Le traître envoie ses mercenaires Mangalores à l’assaut du vaisseau Mondoshawan, mais le 5ième élément parvient à leur échapper et, après quelques tribulations, est recueilli par Korben Dallas (Bruce Willis), un ancien agent reconverti en chauffeur de taxi. Quand aux autres éléments, ils restent introuvables.
En compagnie du chauffeur de taxi et d’un prêtre issu d’un ordre consacré à la garde des reliques, le 5ième élément part à la recherche des 4 autres.
Une course poursuite s’engage alors entre les différents partis, alors que la Terre n’a plus que quelques heures à vivre.
Le 5ième élément est certainement le film le plus ambitieux de Luc Besson, du moins au point de vue spectaculaire, et réaliser une telle œuvre représentait en cette période un sacré challenge. Au final, dés la première vision du résultat, on peut dire, que à ce niveau de lecture, le défi est parfaitement relevé et le contrat bien rempli. Jamais, à l’époque, on n’avait vu un film français aussi impressionnant au niveau du visuel, et il reste, de nos jours, presque encore inégalé, et encore, si on entre en ligne de compte le Pacte des Loups, de Christophe Gans (dans un style complètement différent). En effet, les effets spéciaux et la photographie – du spécialiste américain Roy Arbogast – sont très impressionnants, assez souvent très inventifs, et de plus relativement nombreux. La réalisation est parfois très performantes, comme par exemple la scène de gunfight dans le casino flottant, même si la chorégraphie nous rappelle la bagarre au début du deuxième volet d’Indiana Jones. De toute façon, Besson est un fan de Spielberg et surtout de Lucas, et il ne le cache pas, sa mise en scène le prouvant d’elle-même. D’ailleurs cela ne pose pas de problèmes dans la manière ou c’est réussi.
Et c’est à ce niveau que se situe le problème. Cela n’est pas toujours réussi dans le 5ième élément, qui est un film bluffant en première lecture mais qui dévoile un sacré paquet de défauts dés que l’on s’y penche un peu plus. Essayons de décortiquer un peu la bête.
Pour le traitement de son film, on l’a dit, Besson décide de mélanger en quelques sortes deux recettes qui sont bien connus pour être infaillibles ; le space opéra à la Lucas et l’aventure métaphysique puérile à la Indy (en gros, le sérial américain des années 40), le tout baignant dans une sauce comics. Les ingrédients d’une telle recette sont donc ; un scénario simple et divertissant, des personnages attachants, des vilains charismatiques, de l’humour, du suspens, et de l’action, de l’action, de l’action…
Du coté du scénario, pas de problèmes, difficiles de faire plus simple avec ce script rappelant fortement Métal Hurlant et sa Sphère du Mal (ou le Sauveur est également une femme, tiens). On ne criera pas au plagiat car il paraît que Besson a écrit cette histoire alors qu’il était gosse, ce qui explique peut-être d’ailleurs sa naïveté. Enfin bref, il tient une histoire à rebondissements et c’est le principal se dit-on.
Tout le reste prête cependant à discussion.
Le traitement des personnages, pour commencer. Ils ne sont pas attachants ni impressionnants, ils sont tout simplement ridicules, notamment ce pauvre Zorg (Gary Oldman) attifé comme une folle et doté d’un jeu absolument grotesque. Ainsi discrédité, le vilain – personnage clé dans ce genre d’histoire – n’est plus menaçant ou inquiétant, il est au mieux pathétique, et il ne fait même pas rire. Korben Dallas (Bruce Willis) est a peine mieux traité tant son personnage manque de personnalité, de détails et de profondeur, et comme il n’est pas vraiment un comédien ayant le don de l’initiative, il est sans saveur ni charisme. Inversement, pour son premier rôle, Milla Jovovich, qui interprète Leeloo Minai Lekatariba-Laminai-Tchaii Ekbat De Sebat, s’en sort plutôt pas mal et elle démontre parfois qu’elle n’est pas là que pour épater la galerie, ce qu’elle confirmera d’ailleurs dans le futur. Ensuite, Besson nous fait un truc incroyable avec le commentateur hystérique (Chris Tucker), un personnage crispant et hurlant qui amuse deux minutes mais qui finit par exaspérer au plus haut point (juste retour des choses, Lucas renouvellera l’expérience avec Jar Jar Binks ), rendant certaines scènes insupportables, le film tournant au buddy movie de seconde zone, avec l’humour et les dialogues qui accompagnent ce type de films – L’acteur continuera sa carrière dans le même style lors de ses duos lourdingues avec Jackie Chan.
L’humour et les dialogues… Parlons-en aussi, pourquoi pas. Je crois que Besson confond humour et blagues de maternelle. Tout est d’une profonde puérilité et parfois d’une véritable connerie (ce qui fait un mélange détonnant si on y ajoute le ridicule des costumes), et à aucun moment on n’effleure même la légèreté que l’on peut trouver dans les comédies de Spielberg. Des dialogues de série Z, une véritable répétition de Taxi.
Attention, tout n’est pas catastrophique dans le 5ième Elément, loin de moi d’affirmer ça. Pour citer rien que deux exemples, je citerais le gang des mangalores, ces gros bourrins géniaux qui me font systématiquement à des orques de Dungeons & Dragons, et les Mondoshawan dans leurs scaphandres, tout droit sortis de l’univers de Moebius.
Pour finir, revenons à la réalisation pour s’intéresser à la gestion du suspens. Le suspens est dépendant, on le sait, aussi bien des variations de rythme intégrées dans le métrage que de l’implication des spectateurs dans la destinée des personnages impliqués. Suite à ce que l’on a dit, le deuxième facteur empêche le mécanisme de fonctionner correctement et au final il ne reste que l’action, qui heureusement, est bien maîtrisée.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : le Cinquième élément [1997]
Au final, on a l’impression que Besson n’a pas eu confiance au potentiel dramatique de son film et qu’au dernier moment, en gardant la même trame apocalyptique, il a choisi de désacraliser son œuvre par la farce et l’humour potache. Ce qui rend le mélange assez instable, et même parfois complètement chaotique lors de certaines scènes, comme lors de cette poursuite de ‘’bagnoles’’ sur fond de musique raï. Reste un superbe spectacle technique et photographique
On a aimé
- Réalisation très performante
- Magnifique photographie
- Effets spéciaux impressionnants.
On a moins bien aimé
- Scénario un peu léger
- Personnages creux ou ridicules
- Humour potache incongru
- Choix musical bizarre.
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