Critique Charlie et la chocolaterie [2005]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 21 décembre 2005 à 11h09

Caricatures acidulées nappées de chocolat

Charlie est un petit garçon, vivant au sein d’une famille pauvre mais très unie. Sa maison est située près de la chocolaterie de Willy Wonka, un inventeur excentrique qui vit cloîtré dans son usine depuis des années. Lorsque Charlie tire au sort, en compagnie de quatre autres enfants, le ticket gagnant d’un jeu qui lui permet d’obtenir un sésame pour visiter la mystérieuse fabrique, il ne sait pas encore qu’il va pénétrer dans un monde de féerie et de magie.
Excellente période, si proche de Noël, pour savourer l’adaptation de ce conte pour enfant fabriqué avec une exacerbée passion par ce réalisateur peu commun qu’est Tim Burton. Car malgré qu’il soit sorti cet été en France, il n’a jamais eu autant sa place qu’en ce mois de décembre, période propice au rêve et à la gaieté.
Il est, je crois, inutile de présenter dans les détails ce réalisateur excentrique qui répond au nom de Tim Burton. Disons juste qu’il n’est jamais aussi à l’aise que dans le traitement des contes – Sleepy Hollow, Big Fish, Bettlejuice, Edward au Mains d’Argent – où son goût immodéré pour les situations extravagantes, les images hautes en couleur et les délires visuels peuvent être pleinement exprimés. Et Charlie et la Chocolaterie, cette histoire complètement fantasque d’un chocolatier, magicien et névrosé, à la recherche d’un héritier rentre parfaitement dans ses cordes.
Le réalisateur farfelu nous offre donc avec ce film un véritable tourbillon visuel, musical et poétique. Un véritable retour dans le monde des comédies musicales fantastiques en technicolor des années d’après guerre, la ‘’Burton Touch’’ en sus. Car Charlie et la Chocolaterie est plus, malgré l’omniprésence de cette cascade de chocolat, une sorte de bonbon acidulé enveloppé dans du papier brillant qu’une tendre sucrerie douceâtre ou mielleuse. En effet, en deuxième lecture, on peut y déceler sans difficulté des pointes de cynisme, de sadisme, et même une esquisse de critique sociale caché sous un nappage caricatural et outrancier. A sa façon, le cinéaste nous esquisse alors un portrait du monde tel qu’il le ressent, avec un regard malicieux sur les différences sociales, l’éducation des enfants et la solitude du monde des adultes.
Le spectateur est alors embarqué dans ce malstrom des sens - et du surtout du goût -, avec comme timonier le personnage très ambigu, et un poil sadique, de Willy Wonka. Incarné par une vieille connaissance de Burton, Johnny Depp ; qui est tout simplement excellent. Comme l’avait fait Michael Keaton dans Beetlejuice, on sent que le comédien, en véritable caméléon, s’est emparé du rôle de Willy Wonka, afin de le transformer en quelque chose d’unique et de complètement délirant. Johnny Depp n’est d’ailleurs pas le seul artiste à retrouver pour une énième fois le cinéaste, on peut en effet y voir, entre autres, Helena Bonham Carter, Christopher Lee et Deep Roy, qui incarne la totalité des Oompa Loompa.
Les Oompa Loompa, cette étrange tribu lilliputienne qui aide Willy Wonka à la fabrique du chocolat est un des éléments primordiaux du film – il m’ont fait penser au Villeret de la Soupe aux choux, avec ce même baragouinage style beleubeleubeleu ! Aussi sadique que leur maître, ils se moquent en chanson des malheurs de leurs hôtes, avec de guillerettes mélodies agrémentés de paroles cruelles et cyniques, le tout appuyé par des chorégraphie digne de Holiday on Ice ou des Balais Nautiques d’Esther Williams. Matérialisation purement magique de la créativité de Willy Wonka et née de sa solitude, les Oompa Loompa sont les véritables stars du film, et servent de fil conducteur à la narration.
Il est difficile de parler de Tim Burton sans citer le nom de son alter-ego musical, le compositeur Danny Elfman. Toujours aussi complice avec le réalisateur, il lui a livré une bande originale drôle, subtile et envolée qui colle parfaitement au récit et ajoute de la substance à son aspect onirique. Encore, assurément, une grande réussite.
Cependant, j’admets que Charlie et la Chocolaterie n’est pas le film que je préfère parmi la riche filmographie du cinéaste. Très réussi visuellement, je trouve qu’il manque toutefois de personnalité, non pas graphique, mais de la richesse poétique si propre à l’auteur. Et cela parce que, parfois, je pense qu’il pêche par excès. Un débordement graphique, rythmique et narratif quil fait que j’ai eu quelquefois une sensation de surdose un peu lassante. Une impression qui, je le crains, devrait dégoûter les moins ‘’burtoniens’’ des spectateurs.

La conclusion de à propos du Film : Charlie et la chocolaterie [2005]

Auteur Nicolas L.
78

Adapter un conte de Roald Dahl n’est pas une mince affaire. Et s’il n’y a qu’un seul réalisateur à Hollywood qui pouvait y parvenir, c’est bien Tim Burton. Sans nul doute, on peut dire que l’on n’est pas déçu de sa performance. Le film est graphiquement magnifique, la narration loufoque et très amusante, et la mise en musique des paroles de Dahl est parfaitement réussie. Moins personnel et sensible que Big Fish, moins poétique que Edward aux Mains d’Argent, moins délirant que Beetlejuice ou Mars Attacks !, Charlie et la Chocolaterie est cependant un excellent conte pour enfant – et pour adultes – possédant de véritables charmes, comme la remarquable prestation d’un Johnny Depp inspiré.

On a aimé

  • Graphismes magnifiques
  • Extraordinaire performance de Johnny Depp
  • Atmosphère à la foi loufoque et inquiétante
  • Un Danny Elfman toujours aussi en phase avec le cinéaste

On a moins bien aimé

  • Assez hermétique à celui qui n’a pas un esprit ‘’burtonien’’
  • Quelques sensations de surdose

Acheter le Film Charlie et la chocolaterie en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Charlie et la chocolaterie sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de Charlie et la chocolaterie, la BO
    92

    Charlie et la chocolaterie, la BO

    par Jerules | Lecture : 1 mn 40

    Bande originale pouvant fortement nuire à votre entourage. : Ne chipotons pas, Danny Elfman est un des compositeurs les plus doués de sa génération. Il y a bien sur le risque de faire une ove…

  • Voir la critique de Charlie et la chocolaterie, la BO
    90

    Charlie et la chocolaterie, la BO

    par Manu B. | Lecture : 52 s

    Rythm 'n fear ! : Cet album vous fera hurler de rire et vous donnera la chair de poule !

  • Voir la critique de Charlie et la chocolaterie
    80

    Charlie et la chocolaterie

    par Lujayne M. | Lecture : 58 s

    A déguster sans modération ! : C'est donc avec plaisir que l'on se laisse entraîner dans cette fable admirablement mise en images, desservie par de fantastiques …

  • Voir la critique de Charlie et la chocolaterie
    82

    Charlie et la chocolaterie

    par Richard B. | Lecture : 2 mn 41

    Une Gourmandise Burtonienne : Charlie et sa chocolaterie me faisaient peu m’impatienter, je ne suis pas un fan des films enfantins, de même que j’ai tendance à …