Critique Flash Gordon [1981]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 7 décembre 2006 à 17h57
Mongo Folies !
Alors que notre bonne vieille planète Terre est soumise depuis peu à d‘étranges et terribles évènements cataclysmiques, l’avion qui transporte le joueur de football Flash Gordon et la séduisante Dale Arden subit une pluie de radiations mystérieuses. En perdition, ils atterrissent près des installations du docteur Zarkov. Grâce à ce moyen, les trois héros à la recherche d’une explication parviennent sur la planète Mongo, dont le gouvernement est aux mains du cruel empereur Ming, et ils apprennent à l’occasion qu’il est responsable des attaques contre la Terre…
Cela faisait quarante ans, oui, quarante ans, que Flash Gordon, le plus célèbre des héros de serial, n’apparaissait plus en haut des affiches. Une durée qui semble, en 1979, bien suffisante au mogul italo-américain Dino de Laurentiis qui décide par conséquent de mettre en chantier un nouveau volet. Le projet qui verra réapparaître enfin sur grand écran le fameux héros de comics SF – paru en France sous le nom de Guy l’Eclair - est très ambitieux (Laurentiis est dans sa période de grandiloquence kitsch), avec un budget colossal qui permet de réunir un casting de grand luxe - et la production s’entoure des tous meilleurs dans le domaine des effets spéciaux dernier cri.
Cependant, la première surprise vient du choix du réalisateur. Mike Hodges - un sympathique bonhomme à la quarantaine bien tassée - n’a en effet presque aucune expérience dans le domaine du cinéma fantastique et plus particulièrement dans celui du film à grand spectacle. Plus orienté vers l’intrigue et auteur d’un troublant (et réussi) Homme Terminal en 1974 (œuvre de SF cérébrale écrite par Michael Crichton), il est plutôt à l’aise dans les formats courts et même s’il bénéficie d’une bonne réputation dans le domaine arty, il n’a pas vraiment le profil de l’homme de la situation.
Le deuxième fait très étonnant vient de l’écriture du scénario (œuvre du papy Lorenzo Semple Jr, qui a déjà travaillé chez Dino à l’occasion du calamiteux King Kong) qui mélange en vrac des aspects rétros des années 40 avec le kitsch sophistiqué de la fin des années 70. Contrairement à Superman, par exemple, le film perd ainsi toute identité et se noie dans la démesure visuelle des années discos, avec tout ce que cela implique dans le registre de l’outrancier et du ridicule.
Encombré par ces deux éléments bien pesants, Mike Hodges montre à l’occasion de son travail toute son incompétence dans le domaine du blockbuster. Dépassé par l’enjeu, il se contente de filmer platement les exubérances de techniciens de plateau, de costumiers et de décorateurs qui, pour le coup, s’en montrent à cœur joie et dépassent souvent les limites du raisonnables et du bon goût. Ce ne doit pas être si souvent qu’on leur lâche totalement la bride – et que l’on regarde si peu à la dépense. On se croirait comme plongé dans un univers de Cecil B. DeMille revu sous acide. C’est dire l’envergure baroque du truc…
Dans le rôle titre, Sam J. Jones, acteur bodybuildé habitué au poses déshabillées dans le magazine Play Girl, supprime par son jeu sans nuance cette fraîcheur originelle qui était si choyée par l’excellent comédien qu’était Buster Crabbe dans son interprétation du Flash Gordon originel. Il n’y bien sur rien à redire au niveau plastique, et ce n’est pas mesdames qui me contrediront, mais on aurait certainement aimé un peu plus d’espièglerie dans son jeu, au lieu d’un simple report de Conan sur Mongo. Non, en ce qui concerne la qualité, il vaut plutôt porter son regard sur les rôles de soutien.
Le casting est de qualité internationale. Dans le rôle du professeur Zarkov, on a la surprise (encore une !) de voir l’acteur israelien Topol. Un homme plutôt habitué aux planches de Broadway mais qui ne dédaigne pas pour autant le septième art puisque n’oublions pas qu’il fut tout de même nommé aux Oscars en 1972. En face de lui, le grand méchant, le vil empereur Ming, est interprété par le génialissime Max Von Sydow. Un acteur au jeu en général très strict qui, pour la circonstance, en fait des tonnes et cabotine à l’extrême dans les accoutrements ridicules (qui pesaient tout de même 30kg !) de ce Fu-Manchu spatial. Un véritable régal de le voir se lâcher ainsi et profiter de l’ubuesque de la situation pour s’éclater un peu. Notons également la présence de Timothy Dalton dans un rôle important - avant de devenir une star internationale dans la peau de l’agent 007.
Et maintenant messieurs, venons-en au nectar sucré de ce nanar galactique, à la cerise sur le gâteau, à la perle dans son écrin de lumière, je veux bien sûr vous parler de la distribution féminine. Au milieu d’une mer de pin-up toutes aussi belles et déchaînées que les naïades de la dernière pub pour le déodorant Axe, émergent deux magnifiques créatures ; Melody (quel prénom !) Anderson et Ornella ‘’Wouaouh !’’ Muti. Deux jeunes femmes aux atouts physiques complètement différents (sauf les mêmes yeux au regard ravageur !) mais aussi ravissantes l’une que l’autre et sacrément bien mis en valeur par des toilettes vaporeuses. Bref, même si l’on peut avec raison trouver le film nul, on ne peut nier qu’il y a de belles choses à regarder.
D’autant plus que pris au second degré, Flash Gordon peut finalement se révéler être un divertissement assez plaisant. L’action, même si elle est maladroitement mise en valeur, est fréquente, les décors colossaux et les effets spéciaux très nombreux. Ces derniers sont d’ailleurs de qualité inégale, mais en général ils sont plutôt réussis et finalement pas pire que ceux de la plupart des films de cette époque qui était vraiment une période de transition entre les méthodes traditionnelles et high tech. J’aime beaucoup la séquence de vol des hommes-faucons, il y a beaucoup de grâce dans la mise en place de la scène.
Reste la musique, œuvre de Queen. Période zinzin. Et là, je le dis ouvertement, je n’aime pas du tout cette démonstration baveuse de mappes claviers aussi kitsch que le film lui-même, qui s’éloignent à des années lumières du rock baroque que j’aime tant chez le groupe de Brian May et consorts. Un expérience qui peut-être intéressante dans l’esprit du groupe, mais qui s’affiche à mon humble avis comme un excès de mauvais goût. Le plus mauvais album du combo ?
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Flash Gordon [1981]
Flash Gordon est un ratage complet au niveau artistique et un four au niveau financier. Ultra kitsch dés sa sortie, le film ne pouvait assumer avec décence la concurrence face aux Star Wars et autres Star Trek. De Laurentiis se revautrera d’ailleurs presque de la même manière 4 ans plus tard avec Dune. Reste que le film, très axé sur l’esthétique, se laisse regarder avec amusement, à la manière d’une vieille rediffusion d’une émission de variété de Marity et Gilbert Carpentier. A cette condition, le charme désuet de Flash Gordon peut opérer… Sinon, il reste les yeux de Melody et d’Ornella…
On a aimé
- Casting de luxe
- Un charme kitch qui peut opérer
- Des effets spéciaux assez réussis
- Parfois très drôle au second degré
On a moins bien aimé
- Réalisation morne, manque de rythme
- Exubérance de mauvais goût
- Un Flash Gordon peu convaincant
- Musique de Queen détestable
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