Critique Service Compris! [1998]

Cela fait maintenant dix ans que Service Compris est sorti sur les étals français, soit une décennie pendant laquelle le jeu s’est taillé un beau petit succès auprès d’un public essentiellement familial. Pourtant, le jeu n’a paradoxalement jamais fait l’unanimité chez les gamers purs et durs adeptes de jeux de stratégie aux mécaniques excluant toute forme de hasard. Nous sommes ici en effet en présence d’un petit jeu apéritif doté de règles simples facilement assimilables et conçu pour être joué en peu de temps.

Dans Service Compris, vous êtes le roi d’une tribu capturée par un ogre affamé. Ce dernier, répondant au doux nom de Oscar Hamel, a bien l’intention de manger jusqu’à plus faim. Cela signifie que votre tribu entière risque fatalement d’y passer, cela signifie également que les tribus de vos adversaires se dirigent vers un destin similaire. Seule échappatoire pour vous : faire en sorte que l’ogre mange les autres avant vous pour qu’il n’ait plus faim. Vous l’aurez compris, Service Compris est un vrai jeu d’enfoiré ! Coups bas, traîtrises, alliances et trahisons sont au programme de ce jeu où, comme dirait la célèbre maxime, “à la fin, il ne peut en rester qu’un !”.
Les règles du jeu sont à ce niveau un exemple de fluidité. Vous disposez ainsi d’une main de cartes qui vont vous permettre d’effectuer certaines actions : mettre un personnage adverse sur la table, retirer un personnage de la table ou empêcher que l’on mette un de vos personnage sur la table. À chaque tour, vous ne pourrez jouer qu’une seule carte, vous obligeant à faire quelques choix stratégiques. Ces choix pourront, de plus, être influencés par vos dialogues avec les autres joueurs et par la stratégie empruntée. Que fait-on ? on affaiblit le plus fort ? on élimine le plus faible ? ou simplement on s’en prend à l’adversaire qui vient juste de faire en sorte qu’un membre de sa tribu soit mangé (ah, vengeance, quand tu nous tiens !) ? Chaque carte dispose d’un visuel propre et d’un petit texte expliquant ses effets. Cela permet d’expliquer le déroulement d’une partie en deux minutes montre en main. Un petit tour de jeu, et tous le monde comprend les subtilités. Les crasses peuvent alors commencer en toute tranquillité. De plus, parce que les règles ont été bien pensées et que la mécanique de jeu est fluide, les tours de jeu sont rapides et les parties relativement courtes (quinze minutes à six joueurs).
Service Compris dispose, en plus, d’un visuel bourré d’humour en ce qui concerne les divers dessins des cartes. Au niveau des personnages, l’humour est également présent, mais force est de constater qu’il n’est pas toujours très évolué (mis à part bien sur si, comme moi, vous êtes fan de calembours bas de plafond, chaque personnage ayant un nom formant un jeu de mots pas toujours du plus meilleur effet : Augustin Tatamarre, Hervé Tété ou Barnabé Chalotte).

Reste que, si l’intérêt de Service Compris réside dans l’humour et l’ambiance autour de la table, force est de constater qu’il n’a absolument aucun intérêt stratégique, les tenants et aboutissants d’une parties résidant exclusivement dans le hasard de la pioche des cartes. Si ce choix de faire prévaloir le hasard sur la stratégie donne au jeu une vraie dynamique, il pourra vite s’avérer frustrant tant rien, mais alors absolument rien, n’est prévisible dans ce jeu. Dans le même ordre d’idée, bien que la boite affirme que le jeu puisse être joué à partir de deux joueurs, il ne présente aucun intérêt à moins de quatre, le summum restant tout de même des parties à cinq ou six.
Il est de plus à noter que si le design est réussit, il est dommage de constater son petit côté "paresseux" : tous les personnages d’une tribu ont le même visage, et les cartes d’actions comptent en tout et pour tout une vingtaine de dessin différents.
Enfin, ce qui peut être vraiment rédhibitoire dans Service Compris est quand même un vrai jeu d’enfoirés où il va vous falloir être sans pitié par rapport aux autres. Si ce genre d’ambiance ne vous plait pas, nul doute que le jeu vus laissera de marbre.