Critique Iron Man #1 [2008]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 22 mai 2008 à 16h17
Premier vol satisfaisant pour une nouvelle franchise
Tony Stark est un opportuniste, un millionnaire qui entretient son immense fortune sur le malheur des autres. Car Stark Industries, son empire, est le plus gros trafiquant d'armes mondial. De plus, Tony Stark est un parvenu, un fils à papa qui balance ses millions pour se payer l'affection des filles et les meilleurs whiskies qu'il s'envoie derrière la cravate comme un vulgaire docker. Bref, Tony Stark, imbus de sa personne, égocentrique et complètement immature apparaît à nos yeux - malgré d'exceptionnelles facultés intellectuelles - comme un gros con.
Pourtant sous ce camouflage bling bling sommeille un homme bon. Virginia Potts en est sûre, et c'est pourquoi elle continue d'accepter de le materner, lui, cet homme qui la regarde à peine. Elle patiente, espérant sûrement qu'un déclic va se produire et que l'homme qui se cache sous ce paraître va enfin se révéler.
Le déclic va se produire plus vite et plus violemment que prévu. Kidnappé par un réseau de terroristes, Tony Stark se voit contraint par la force et le chantage de travailler pour eux. Se voyant confier la tâche de construire un missile à la technologie révolutionnaire, il va passer des mois dans des cavernes irakiennes, en compagnie d'un autre prisonnier qui lui a sauvé la vie et qui l'aide dans ses travaux. Cette période de souffrance, Tony Stark va la vivre à la manière d'un parcours initiatique, une expiation durant laquelle il va découvrir les horreurs de la guerre et ouvrir les yeux sur l'ampleur de ses responsabilités. Paradoxalement, cet éveil va l'encourager à rester vivant. Il appréhende alors son état de forçat comme une bénédiction, initiateur d'une quête de rédemption.
Tony Stark doit vivre. Il doit vivre pour se rattraper - ou du moins de s'absoudre - de ses fautes passées qu'il conçoit désormais comme des actes criminels. Le sacrifice de son ami va l'encourager dans cette voie. Tony Stark, qui parvient à quitter sa geôle grâce à son génie, décide alors de le mettre au service de l'humanité. Tel un paladin des temps anciens, qui défendait la veuve et l'orphelin face aux armées de soudards, Tony Stark s'invente une nouvelle armure. Chevalier des temps modernes, Tony Stark devient Iron Man!
Puéril, hein? C'est normal car n'oublions pas que nous sommes dans un comic Marvel. Cependant, il serait vraiment dommage de s'en tenir à ce petit texte résumant la genèse de Iron Man pour se faire une opinion définitive sur la valeur de ce mythe. Car derrière cette histoire de "révélation divine" se trouve l'un des icônes les plus passionnants de la bande dessinée d'outre-atlantique. Tony Stark est en effet un personnage particulier. Hormis son intellect supérieur, il n'a aucun pouvoir particulier. Sa puissance, cet homme la tire d'un artifice mécanique qui fait office de bâton de loi - son armure - et de la conviction qu'il a placé en sa mission. Une conviction d'autant plus forte qu'elle se révèle issue d'une brutale révélation.
Ainsi, au cours du film, cet aspect "déclic" du basculement de Tony Stark du Mal vers le Bien - et qui m'a gêné, c'est vrai, dans une première lecture - illustre parfaitement la soudaineté de la prise de conscience du héros, à la manière d'un électrochoc. C'est plus graphique que philosophique bien entendu mais cela a le mérite d'aller droit au but, même si cela prive un peu le personnage de subtilité psychologique.
Après cet éveil, Iron Man part donc en croisade. Le réalisateur Jon Favreau décide pour ce faire d'entretenir un climat pulp en mettant son héros dans des situations souvent fortement teintées d'humour. Il prend également soin d'éviter de basculer dans l'actioner ultime, son héros n'est pas ROBOCOP et il tient vraiment à ce que l'on s'en souvienne. Car Iron Man n'est que le symbole héraldique du preux Tony Stark au cours de cette quête. On alterne donc entre des séquences "musclées" - très lisibles car filmées de manière classique (on peut donc aussi, à raison, y reprocher un manque de personnalité) - durant lesquels Iron Man fait le ménage, les passages techniques de la conception de l'armure au cours desquels le jargon technique peu crédible est noyé dans un humour de situation léger (grâce à un robot assistant un peu ballot) et les scènes de sociabilisation de cet homme nouveau...
Et cette alternance de narration ne se passe pas toujours de la meilleure des manières.
Les scènes d'action renferment les meilleurs moments du métrage. Vous me direz que c'est logique dans le cas d'un film de super héros. Oui, mais là, on passe un cran au-dessus tant la qualité et l'impact des effets numériques sont de qualité. Les passages d'anthologie ne manquent pas et l'héroïsme est vraiment tangible. Iron Man est un héros extrêmement graphique dans son armure rutilante et le rendu cinématographique le met encore plus en valeur. Principale conséquence: Iron Man apparaît comme le tas de tôles le plus sexy qui existe (c'est vrai qu'en même temps, il n'y en a pas des masses d'autres) et il roule des mécaniques comme Antonio Banderas en mariachi. C'est extrêmement pulp, donc réussi.
Pour les autres passages, le film bénéficie du soutien de Robert Downey Jr. Et je dirai heureusement. Car cet acteur extraordinaire tire souvent d'affaire, par son jeu mature et désabusé, un Jon Favreau emprunté dans la mise en place des rapports sociaux et affectifs. La première à subir les conséquences de cette superficialité est la fade Gwyneth Paltrow. Déjà guère éveillée au naturel, elle apparaît ici encore plus cruche que d'habitude. Ce qui démontre encore une fois que le comic, milieu excessivement sexiste, n'est capable de matérialiser que des jolies idiotes ou des castratrices en tenues de cuir moulant. Evidemment, cela plombe les relations entre les deux personnages, avec une liaison "fleur bleue" à la limite de la niaiserie, rendant les passages concernés assez mous et anodins.
Plus intéressant est la liaison qu'entretient Iron Man avec Obadiah Stane, interprété par un Jeff Bridges méconnaissable. Ce lien est bien entendu plus musclé que la bluette entre Stark et miss Potts, mais elle demeure suffisamment sur le terrain du "je t'aime moi non plus" pour parvenir à garder éveillée notre attention. Le machiavélisme de Stane est parfois mis en déroute par la naïveté du scénario, mais dans l'ensemble, les séquences pleines de sous-entendus qui sont consacrées à leur affrontement sont presque plus intéressantes que la paroxysmique confrontation finale, qui fait un peu pétard mouillé dans sa construction dramatique.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Iron Man #1 [2008]
Malgré quelques défauts cités ci-dessus, auxquels on peut rajouter quelques maladresses comme le mauvais goût de faire apparaître les terroristes comme une horde d'enturbannés (même les mercenaires russes et hongrois sont basanés comme des islamistes) et leur leader comme un crétin mégalomane, le film de Jon Favreau fait parfaitement honneur à la licence. Bien tenu par un Robert Downey Jr. très convaincant, l'homme d'acier effectue là un premier vol d'essai réussi, plein d'explosions, d'héroïsme et doté d'un humour bienvenu. Et ce n'est pas quelques ratés dans ce moteur encore en rodage qui vont me décourager car je serais sans nul doute de son prochain voyage.
On a aimé
- Un scénario fidèle à l'esprit du comic
- Quelques clins d'oeil sympa et un post-générique dédié aux fans
- Robert Downey Jr. et Jeff Bridges, absolument parfaits
- Les excellents effets spéciaux
On a moins bien aimé
- Une superficialité dans les rapports humains
- Gwyneth Paltrow, ectoplasmique
- Quelques maladresses conceptuelles
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