Critique Faerie Hackers [2004]

Avis critique rédigé par Manu B. le jeudi 24 juillet 2008 à 13h59

Le monde d'en haut est fascinant

"Un déchirement assourdissant, comme un drap que l'on rompt d'un coup pour en faire des chiffons, mais démultiplié à l'infini et bite noyé dans le glapissement douloureux d'une bête souffrant mille morts..."
Alors que Lil est maintenant exilée à la Surface depuis une vingtaine d'années, c'est dans le Royaume que tout va mal: le Dauphin du roi Couleur a été enlevé par un démon qui s'est échappé suite aux drames de la deuxième guerre mondiale dont la Shoah en est le plus terrible. L'un des plus affreux monstres de l'Infrasombre concocte même un plan des plus machiavéliques pour que ses petits camarades démoniaques reprennent le dessus sur la Couleur. Pendant ce temps, un jeune infographiste, Fabien, est engagé dans la boîte de jeux vidéos la plus hype du moment, Devil's game, dont les secrets sont aussi les mieux protégés au monde dans le "Bunker", conséquence de la paranoïa de son boss et de la frilosité du marché du jeu vidéo...
Peut-on marier des genres aussi différents que la fantasy et le cyberpunk ? A priori, la réponse est non et plusieurs auteurs s'y sont cassé les dents pour finalement y renoncer. Mais à l'heure où la notion de genre commence à s'évanouir dans un flou artistique notable, Johan Heliot, qu'on attendait au tournant après son roman La lune seule le sait, résolument steampunk et salué par la critique et un prix Rosny Ainé en 2001, après Pandemonium dans le même genre et son premier recueil Obsidio, a résolument changé de registre. Et si l'auteur a depuis enchaîné les romans (une quinzaine de romans pour adultes et pour la jeunesse, dont notamment les suites la lune n'est pas pour nous, la lune vous salue bien, faerie thriller et le grand prix de l'imaginaire 2008: bloodsilver), il se sert des genres pour raconter des histoires pleines de personnages attachants.
Parmi ceux-ci, il y a Lillshellyann Aleiannhyless Lliannhsell'an, profession fey, surnom Lil et accessoirement bannie du Royaume par le roi Couleur. C'est la première élue représentante du personnel, revendicatrice des droits pour les feys, dans un royaume où le souverain a droit de vie ou de mort. Un peu suicidaire, la fey... Elle ne sera qu'exclue de la forêt où ses soeurs vivent, obligée de se déplacer à pied à la Surface, dans le monde où il n'y a pas de magie pour s'amuser à sa guise. Mais comme dans tous les contes de fées (Johan Heliot joue avec les codes de la fantasy), le fils du roi est donc enlevé par le méchant démon. Et bien évidemment, la seule à pouvoir aider efficacement est Lil. On y rencontre également des presque dragons, des sorciers, des nains, des champions et toute la panoplie des personnages de jeux de rôle auxquels on a joué: typiquement D&D. Et comme le jeu de rôle s'est exporté sur console puis sur ordinateur, c'est tout naturellement que ce petit monde glisse d'une manière ou d'une autre du jeu de plateau au support digital, dans un monde virtuel. Sur la forme, Johan Heliot se livre ici à un exercice réussi avec à la fois un style visuel et une écriture rythmée. Et alors que la comparaison à une oeuvre comme neverwhere de Neil Gaiman s'imposait à première vue, l'humour y est plus présent, mais plus ironique, dans des dialogues maîtrisés et des répliques qui sonnent justes. Reste que l'idée de la Shoah plane tout au long du roman, ce qui assombrit nettement l'ambiance générale, comme pour dire: c'est un roman plein d'humour mais c'est sérieux.

La conclusion de à propos du Roman : Faerie Hackers [2004]

Auteur Manu B.
80

Faerie Hackers est au final un bon moment de lecture. L'imagination et l'humour de Johan Heliot nous plongent au coeur d'une tragédie féérique.

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