Critique Mimic [1997]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 29 octobre 2008 à 00h27
Contre les insectes qui font bzzz, et ceux qui font crrr...
A New-York, les enfants sont touchés par une grave épidémie dont le germe est porté par des blattes. Avec l’aide de son mari, le docteur Susan Tyler parvient à créer une espèce mutante et stérile, le Judas, qui s’introduit dans les communautés de blattes pour les détruire.
Trois ans plus tard, le docteur Tyler découvre avec surprise que la race des Judas ne s’est pas éteinte. Pire, elle a évolué…
Tout auréolé du succès (mérité) de Cronos, le mexicain Guillermo del Toro découvre avec ce film le milieu du film hollywoodien. Disposant de 25 millions de dollars et un casting reconnu, le cinéaste prend comme base de départ un script assez peu original, s’inspirant des monster movies des années 50. Dans Mimic, on se retrouve ainsi devant la concrétisation de l’inconscience humaine via le thème de la manipulation génétique. Un manque de clairvoyance guidé ici par la bonne cause mais qui aboutit à la création d’une espèce animale aberrante, dont la principale victime sera l’homme. Comme dans les années 50, ces actes contre nature vont aboutir à la prolifération de créatures géantes et prédatrices, parfaitement adaptées au milieu humain.
Pas grand-chose de neuf, donc, dans la thématique. Par contre, en ce qui concerne la réalisation, Guillermo del Toro a décidé de mettre en avant les principaux arguments horrifiques de ces créatures à la si mauvaise réputation. Aidé par un décor portant une piètre image dans le domaine de la salubrité(dans le même genre, on pense bien entendu à C.H.U.D., qui se déroule dans les égouts et qui parle aussi de mutation) et une photographie très étudiée, on évolue en pleine atmosphère glauque, sombre, souillée, et humide, et le cinéaste n’hésite pas à insister sur les aspects les plus dégueulasses de ces blattes géantes. Certain plans, organiques et humides, nous ramènent bien entendu à Alien, d’autant plus que le réalisateur, durant une grande partie du métrage, évite de trop nous les exposer à travers des plans de pied ou des plans américains. Seuls quelques plans larges, mettant en évidence les capacités de camouflage des Judas, et des plans serrés, sur des parties charnelles ou des mandibules dégoulinantes de substances organiques, servent à nous maintenir sous pression, tout en nous écœurant le plus possible.
Fait assez rare dans ce type de film, les personnages mis en scène sont assez intéressants. Mira Sorvino (une comédienne alors très en vogue) s’en sort bien dans le rôle d’une scientifique voyant toutes ses convictions remises en causes par les évènements. Mieux dans tous les cas que Jeremy Northam, un peu fade dans son interprétation du docteur Peter Mann. Cependant, il est évident que la force principale vient du duo inédit Chuy / Manny dont l’esprit original est emprunté à l’univers de Carlo Collodi. Jeune autiste, Manny a appris à imiter le bruit des blattes au moyen de deux cuillères. Après avoir échappé à la vigilance de son tuteur, un cireur de chaussures opérant dans une station de métro, il se promène alors au milieu des insectes géants, inconscient du danger, se construisant inconsciemment un camouflage en claquant les deux cuillères, et admire les « chaussures » des monstres alors que le spectateur, lui, serre les fesses, appréhendant le moindre faux pas. A noter aussi la présence sympathique, mais plus caricaturale, d’un flic bougon mais au grand cœur.
Si le film n’est pas gore, Guillermo del Toro n’hésite cependant pas à nous offrir quelques moments chocs. Pour cela, il utilise le design très réussi des Judas, qui, les ailes repliées, ressemblent à des hommes habillés d’un manteau, et qui sont très impressionnants lorsqu’ils dévoilent leur vraie nature. Il ose aussi, parfois, aller assez loin dans le domaine du film de genre. Ainsi, dans Mimic, un enfant est carrément happé et massacré par un insecte, alors que la séquence de la rame abandonnée est particulièrement riche en détails très crades. Quelques passages sanglants, filmés avec une caméra très nerveuse, viennent ajouter un peu de piment dans le domaine du démonstratif.
Par contre, dans la dernière demi-heure, le film faiblit. A partir du moment où les héros entrent ouvertement en conflit avec les créatures, on se rapproche un peu trop d’une redite d’Alien, mais sans en atteindre le dixième de sa qualité. Un peu trop de démesure (la chambre à œufs) entrave la crédibilité de certaines séquences et des incohérences narratives plombent un peu le film du récit, par ailleurs bien prévisible. Difficile de dire si ces choix assez discutables viennent des responsables de la production ou du jeune Guillermo, mais le fait est que le film perd nettement en intérêt à ce moment là. Et finalement, même si les effets spéciaux sont assez réussis, ils ne m’ont pas empêché de trouver le happy end bien difficile à avaler.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Mimic [1997]
Petite perle de série B des années 90, Mimic est un film à la plasticité extrêmement bien maitrisée et riche d’une interprétation solide. On prend donc beaucoup de plaisir à mater ce monster movie malgré un scénario peu original présentant d’ailleurs un final assez mauvais. Un film charnière dans la carrière de Guillermo del Toro qui démontre ici que même sous le joug des studios, le cinéaste mexicain parvient tout de même à imposer sa griffe.
On a aimé
- Réalisation impeccable, photographie bien maitrisée
- Interprétation de qualité, personnages intéressants
- Le design des Judas
- Manny au milieu des blattes
On a moins bien aimé
- Le scénario, peu original et improbable
- Une dernière demi-heure est demi-teinte
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