Critique Daybreakers [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 3 mars 2010 à 15h05
Welcome to the Vampire World
Imaginez un monde où l’évolution a amené l’espèce humaine à se transformer en une race vampire. Une terre dominée par des créatures de la nuit qui ont remplacé les humains, relégués au statut de simple bétail – car l’on a beau être immortel, il faut bien se nourrir - dans toutes les strates de la société. Mais ne va pas pour le mieux dans cet univers d’ouvriers et de cadres aux canines acérées, car le sang humain commence à se faire rare. Le peuple a faim, gronde… et se transforme.
L’idée de base, sur laquelle repose le script de Daybreakers, est vraiment accrocheuse. A une époque où le mythe vampirique version aseptisée a remplacé le délire zombie dans les petits papiers des responsables des grands studios, le film des frères Spierig (le très amusant zombie movie Undead) nous proposent ici une vision nettement plus originale que toutes ces ennuyeuses œuvres construites sur la mode bitlit. Le monde des créatures de la nuit n’est désormais plus un univers parallèle et interlope, non, il est devenu LE monde civilisé. On assiste désormais, dés la nuit tombée, au déroulement d’une vie quotidienne classique, avec ses jobs, ses amours et ses loisirs. Cette société désormais bien installée a même pensé à réaménager et développer le système de métro pour permettre aux citoyens de se déplacer sans danger lorsque le jour domine à la surface.
Certains vampires, cependant, vivent mal leur nouvelle condition. Ils ont du mal à consommer du sang humain et surtout, ils supportent difficilement de savoir que les humains sont parqués, tel du bétail, dans de grandes fermes high-tech où on leur pompe le sang comme l’on trait le lait des vaches. Edward Dalton fait partie de cette catégorie d’individus nostalgiques de leur ancienne vie de mortel. Scientifique, il utilise son dégout à boire du sang humain comme un instrument de motivation pour mener ses recherches visant à obtenir un substitut synthétique de sang humain, ce nectar qui devient de plus en plus difficile à trouver. Hélas, pour le moment, les recherches ont amené des résultats catastrophiques. Dans la rue, pendant ce temps, les vampires trop longtemps sevrés de sang humain commencent à se transformer en d’horribles gargouilles agressives, semant la panique dans les rues…
« Prenez Matrix et 28 Jours plus tard et vous aurez Daybreakers » dit l’accroche de l’affiche du film de Michael et Peter Spierig. Euh, si vous voulez mon avis, dernièrement, ils n’ont pas bu que du lait chez Variety. Car, franchement, Daybreakers n’a strictement rien en commun (à part le fait d’être un film de SF) avec ces deux films précités. Très loin d’un conte philosophique cyber baba-cool ou d’un survival post-apo, Daybreaker est un film de science-fiction spéculative mettant en scène la lutte morale d’un homme refusant d’épouser une politique visant à le faire entrer dans un moule qu’il considère comme un état « monstrueux ». Mais c’est aussi, et surtout, un film d’action avec comme principaux éléments une minorité humaine affrontant à mains armées les représentants d’une invasion. Des adversaires vampires puissants mais aussi très fragiles car pouvant facilement basculer, quand ils sont sujets à la fringale, dans la plus aveugle des barbaries. Et c’est cette faiblesse que l’humain, infiniment plus futé, va exploiter pour renverser la tendance.
Annoncé comme cela, le visionnage de Daybreakers parait être une aventure passionnante. Hors, il n’en est rien. Pourquoi ? En fait, je ne pense pas que le principal problème de ce film se situe dans son scénario. En effet, malgré bon nombre d’incohérences, un récit finalement peu surprenant (l’histoire du vampire qui refuse son état, on a déjà vu cela, le frangin qui a rejoint l’autre camp ; aussi), au-delà de quelques raccourcis faciles (défier les rayons du soleil à travers quelques minutes de souffrance suffit à faire rebattre le cœur d’un vampire, c’est beau ! Non ?) et d’un dénouement assez convenu, Daybreakers propose une histoire propice au divertissement fait de séquences d’horreur et de scènes d’action.
Et c’est bien à ce niveau, dans sa réalisation, que le film déçoit.
Mélangez Underworld et Bienvenue à Gattaca pour son atmosphère dans les séquences mettant en scène l’univers des vampires, V (si, si), pour les séquences extérieures faisant intervenir la résistance humaine, et les films de zombies de George A. Romero, pour le dernier quart d’heure bien gore, et vous aurez idée assez précise de ce qu’est Daybreakers. Visuellement et structurellement, en effet, le film ne possède aucune personnalité. Cela manque de souffle et de rythme, surtout, d’ailleurs, dans sa deuxième partie, qui se veut être la plus mouvementée. Chaque plan, chaque réplique en rappelle une autre et si l’on peut concevoir que les Spierig ont par ce moyen tenté de rassurer leurs producteurs, force est d’admettre que le résultat est très moyen et totalement fade. Le film ne dégage aucune émotion, pas même lors de la confrontation entre un père vampire encore aimant et sa fille humaine qui le considère comme une abomination. Rien, nada, le néant.
Il faut dire aussi que la nature de la distribution n’a pas aidé les réalisateurs. Toujours aussi apathique, Ethan Hawke, dans le rôle principal, traine sa mollesse de séquence en séquence, en gardant toujours la même expression qu’il a probablement empruntée à Droopy. Pire encore, la prestation de Sam Neill. On sait le comédien capable du meilleur comme du pire, qui se produit souvent quand il est mal encadré. Ici, il surjoue parfois tellement dans le rôle du vampire millionnaire mégalo que l’on a l’impression fugace de visionner un passage d’Event Horizon ou un clone exubérant d’Udo Kier. A la limite du ridicule. Enfin, dernière star masculine du casting : un Willem Dafoe totalement sous exploité à travers un personnage prophétique, gourou de pacotille aux propos philosophiques de bas étage, qui évoque tout autant le Whistler de Blade que le Mephistopheles de Ghost Rider. Quand aux rôles féminins, ils sont relégués au second plan et quasiment transparents. Que s’achève le générique de fin et les performances (correctes) de Claudia Karvan et Isabel Lucas sont aussitôt oubliées.
A coté de ces défauts, techniquement, au regard du modeste budget alloué à sa production (20 millions de dollars), Daybreakers se défend plutôt bien. Le film bénéficie d’une réalisation très propre, à la limite de la sophistication. Les effets spéciaux (que cela soit les créatures conçues par Steven Boyle, ancien maquilleur de chez Weta, ou les effets visuels supervisés par le deux frangins) sont de bonne facture et n’ont pas grand-chose à envier à bon nombre de productions plus friquées. D’autant plus que les créatures sont assez souvent exposés à notre vue et en détails. Enfin, le choix de ne pas avoir voulu nous en mettre plein la vue dans les décors (et dépasser par là-même leur possibilités) en faisant évoluer les protagonistes dans un environnement reconnu et habituel est également une idée prudente et judicieuse.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Daybreakers [2010]
Daybreakers apparaît comme un sympathique ratage laissant parfois un goût amer dans la bouche du fantasticophile. L’idée de base est en effet excellente, propice au développement d’un univers riche et original, et au lieu de cela, les frères Spierig nous proposent ici un spectacle brouillon, fourmillant d’incohérence, mal rythmé, brûlant dans le vide les multiples cartouches dont le thème les avait pourvues. De plus, entrainés dans ce maelstrom de médiocrité, les comédiens sont pour la plupart du temps à la dérive, avec un jeu qui reflète le manque de maitrise des réalisateurs. Le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, mais le potentiel à exploiter était si fort qu’il ne peut générer que des regrets.
On a aimé
- Une idée de base interressante
- Un univers au fort potentiel de développement
- Une réalisation consciencieuse
On a moins bien aimé
- Un film brouillon et mal rythmé
- Beaucoup d'incohérences, d'approximations
- Des pistes empruntées et aussitôt abandonnées
- Une interprétation fade ou à la dérive
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