Critique Vampire de la nuit [2009]

Alors que les ultimes rayons du soleil s’endorment dans une léthargie nocturne, l’intrépide chasseur de vampires Gustave Crucipieu, à bord de son hélicoptère personnel, profite de cette obscurité naissante pour déverser des sacs remplis d’ails nauséabonds au dessus du manoir en ruines de Léo Longues-Quenottes. Horrifié par cet acte ignominieux, celui-ci essaie avec l’aide de sa chauve-souris domestique de préserver le sommeil précieux de ses enfants vampires qui dorment paisiblement dans la cave de la gentilhommière. Courageusement, il affronte cette phobie séculaire en déblayant ces gousses d’ail qui traversent la charpente pourrie.

MATERIEL VAMPIRISE

Immédiatement, les couleurs chatoyantes de la couverture vampent les apprentis vampires en goguette. Magistralement illustré par Rolf Vogt, le matériel de Vampire de la nuit impressionne par sa beauté et sa qualité. On découvre quatre Pans de murs qui ajoutent une dimension tridimensionnelle de bon aloi, une figurine Vampire et une baguette Chauve-souris aimantées qui se repoussent, 24 jetons luminescents Gousses d’ail (qui valent de 1 à 3 points) et une règle du jeu. Drei Magier Spiele instaure une charte éditoriale inspirée et réussie.

DES REGLES SANS ACCROC

Les joueurs déplacent chacun leur tour en approchant la baguette Chauve-souris de la tête de la figurine Vampire. Grâce à un système de répulsion (polarités contraires), celle-ci se meut sur le plateau de jeu semé d’embûches (des trous). Le but du jeu consiste à pousser les jetons Gousses d’ail hors du plateau pour marquer des points. Le joueur en ayant le plus remportera la partie.
Le tour d’un joueur se termine lorsqu’un des évènements suivants se produit :
-  le joueur réussit à pousser un jeton Gousse d’ail hors du plateau, il le gagne et le conserve pour le décompte de fin de partie. Il transmet la baguette au joueur suivant.
- un jeton Gousse d’ail tombe dans un trou.
- la figurine Vampire est tombée du plateau. On la remet au centre du plateau et le joueur suivant entame son tour.
Le jeu prend fin quand il ne reste aucun jeton sur le plateau.

UN AIMANT DE VAMPIRE...

Vampire de la nuit puise son inspiration dans un jeu édité en 2005 par le même duo créateur,  Kirsten Becker et Jens-Peter Schliemann, La Nuit des Magiciens, récompensé par le jeu de l’année enfant allemand en 2007. Comme son aîné, Vampires de la nuit peut se jouer dans l’obscurité totale. En effet, les jetons Gousse d’ail après une exposition de quelques minutes à une forte lumière arborent une luminescence suffisante pour œuvrer dans le noir. D’ailleurs, comme la créature mythique exploitée dans la thématique, ce jeu gagne à se pratiquer la nuit tombée. Un dynamisme et une ambiance conviviale s’installent naturellement autour de la table. On rompt avec un classicisme diurne conférant une originalité appréciable à ce jeu d’adresse traditionnel dans son déroulement. Sous le feu des projecteurs, Vampires de la nuit subit un ralentissement dommageable. Les joueurs s’appliquent davantage minimisant le risque d’échec, mais malheureusement prolongeant l’attente entre chacun de ses tours. La tension baisse d’un cran et dessert l’ensemble. Jouer dans le noir apporte son lot d’imprévus écourtant avantageusement une partie aux alentours de quinze minutes au lieu d’une trentaine en plein jour. Certes, une maîtrise imparfaite et aléatoire règne. Cependant, les trous du plateau se dévoilent progressivement grâce à la lumière dégagée par les pions tombés. Cette perte de contrôle participe grandement à la création d’une atmosphère enjouée ponctuée de rires amusés dans un environnement atypique. Les impatients maugréeront envers une réaction répulsive des aimants parfois fébrile, gênant la dextérité lors d’une poussée contrôlée. Sinon, Vampires de la nuit cible principalement les apprentis vampires âgés de six et plus, et amusera même les adultes lorsque nos tendres chérubins dormiront… à la nuit tombée.