Critique La Martienne diabolique [1955]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 29 juillet 2010 à 19h08

Martienne en manque

Réunis dans l’auberge du couple Jamieson, un gentil scientifique, un élégant journaliste, un jeune model fuyant un amour malheureux,  un prisonnier évadé, un petit garçon et une serveuse émotive sont surpris par le tout proche atterrissage d’un astronef. Du vaisseau spatial émerge alors une étrange créature humanoïde, qui adopte un comportement menaçant…

Réalisé par David MacDonald, Devil Girl from Mars s’inscrit dans la mouvance de ces séries B des années 50 américaines exploitant sans finesse la métaphore de l’invasion martienne, surfant ainsi sur la psychose créée par le maccarthisme et son mythe de la Menace Rouge. Pourtant, Devil Girl from Mars n’est pas un film américain. Son récit ne se déroule même pas sur le Nouveau Continent. Non, cette histoire d’horror-fiction, écrite par le très prolixe James Eastwood d’après une pièce de John C. Matter, est un pur produit britannique, une production Edward J. Danziger, qui dirigea de 1949 au début des années 60 un petit studio indépendant utilisant les plateaux de New Elstree.

La recette est cependant très proche des productions National Pictures, AIP et Universal International Pictures qui faisaient à l’époque le bonheur des amateurs de drive-in. On se retrouve en présence d’un alien mal intentionné (qui met cependant vingt bonnes minutes à montrer le bout de son nez, ou plutôt de sa cape), assisté d’un robot raide comme un passe-lacet, qui, dans un anglais parfait, énerve son monde en vantant la supériorité de son espèce (des amazones de l’espace un peu coincées) dans les domaines scientifique, intellectuel et physique. Son ton est totalement méprisant comme lors de sa première rencontre avec le vieux professeur:
You’re a scientist ? Demande l’alien au vieux professeur.
- Yes, i am, répond-il.
- You’re a very poor physical specimen, ajoute-t-elle Vexant, n’est-ce pas? Personnellement, je lui aurai parlé de son look, histoire d’équilibrer le débat.
De temps en temps, pour appuyer ses dires par des actes, l’alien utilise son élégant sèche-cheveu laser pour désintégrer des biens et des bossus. Ce bon vieux laser qui a fait ses preuves depuis La Guerre des mondes. Bref, si l’ensemble est vraiment perfectible et que le métrage se perd en digressions romantiques, l’esprit pulp des années 50 est bien présent et perdure encore aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après la sortie du film sur les écrans.

Les entrées en scène du martien comptent parmi les meilleurs moments du film. A la manière théâtrale dont Patricia Laffan ouvre la porte fenêtre de l’auberge pour pénétrer dans les lieux, on en vient à penser que la comédienne est une fan de Bela Lugosi et d’Elsa Lanchester.  Et comme l’actrice (dont le  rôle le plus prestigieux restera celui de Poppée dans le Quo Vadis de Mervyn LeRoy) n’est pas vraiment aidée par sa panoplie kitchissime et ce casque qui lui donne un air ahuri, chaque pose qu’elle adopte, chaque tirade qu’elle débite avec aplomb, est un pur moment de bonheur nanardesque.

Mais tout cela n’est rien comparé à l’introduction dans le récit du robot serviteur. Imaginez sortir du vaisseau, devant des terriens prenant des allures horrifiées, une gigantesque boîte de corn-flakes affublées de jambes en carton et de bras en tuyau d’aspirateur et vous aurez là une assez bonne idée de cette réplique absolument fauchée de Robbie le robot. Mais attention, car il a beau mettre une demi-heure pour parcourir dix mètres et avoir une tête en forme d’ampoule, ce robot n’est pas un rigolo car son rayon-laser, ultra-puissant et capable de désintégrer une grange avec une grande précision. Bref, ce robot, on ne le voit pas beaucoup, mais à chacune de ses apparitions, on est pris d’un irrésistible fou rire.

Du coté de l’intrigue, on assiste au spectacle de pauvres gens effrayés qui, entre deux scènes de mélo, tentent de trouver une solution pour se débarrasser de cette créature nommée Nyah venue sur Terre récupérer un spécimen de mâle humain.  Ainsi, après s’être rendus compte qu’elle la martienne est invulnérable aux balles (ou alors c’est le héros qui vise très mal, on peut vérifier car la cible est hors-champ), ils se rappellent de la manière dont les scientifiques se sont débarrassés de la La Chose d'un autre monde et piègent de la même manière la porte-fenêtre qu’utilise systématiquement l’alien pour entrer dans l’auberge. Mais bon, la femme martienne étant plus balaise que l’homme-carotte, nos amis font choux blanc. Et la martienne de se moquer de ces misérables êtres inférieurs que sont les humains : «  No doubt you were having a council of war. It amuses me to watch your puny efforts ». Gniak, gniak, gniak…

Finalement un peu troublée par l’insistance des terriens à lui faire du mal, la créature de l’espace décide d’emmener avec elle un spécimen de ces agaçants et maladroits humains. Comme elle n’est pas sans-cœur, elle leur laisse le choix de désigner celui qui devra l’accompagner sur la planète rouge. Mais bon, c’est embêtant, car Doris aime Robert, Ellen vient d’avoir un coup de foudre (mais alors, un gros) pour Michael, les Jamieson sont trop vieux, Tommy est trop jeune et le professeur se paie des murs invisibles (oui, je sais, vous ne comprenez pas, mais faut voir le film). Et si personne ne se décide, c’est bien simple, Nyah zappe tout le monde avec son Babyliss.

Finalement, c’est Robert, le prisonnier évadé, qui va prendre les airs avec Nyah. Mais il a un plan en tête. Une fois arrivée à une altitude respectable, le vaisseau s’autodétruit dans une explosion en mousse… dans le sens littéral du terme.

Techniquement, la réalisation, très conventionnelle, faute essentiellement par des effets spéciaux un peu fauchés.  L’atterrissage de la soucoupe volante, par contre, qui se veut solennelle et impressionnante est assez sympa et évoque l’arrivée du vaisseau de Klaatu (Le jour où la terre s'arrêta). Les désintégrations au laser sont également assez réussies, même si elles sont totalement improbables (comme lorsqu’il ne reste du bossu que ses lunettes… et pourquoi pas ses chaussures, alors ?).

Par contre, le film présente un casting intéressant, et notamment par ses interprètes féminins. Oui, car Devil Girl From Mars se paie le luxe d’avoir dans sa distribution la magnifique Hazel Court et la célèbre Adrienne Corri.  La première incarne Helen, un jeune model qui tente d’oublier par un séjour à la campagne, un amour déçu, et la deuxième est Doris, une barmaid œuvrant dans le registre screamqueen. Elles sont ici à l’orée de leurs brillantes carrières et sont bien employées par David MacDonald qui leur confie la charge de donner le ton dramatique du film à travers moult passages mélos.  Enfin, pour ce qui est du reste de la distribution, on peut noter la présence de Hugh MacDermott, un bon comédien habitué aux séries B, qui interprète le héros viril et valeureux, et Joseph Tomelty, connu pour son rôle de Peter Coffin dans le Moby Dick de John Huston.

La conclusion de à propos du Film : La Martienne diabolique [1955]

Auteur Nicolas L.
48

Malgré ses passages mélos vraiment barbants et ses premières vingt minutes où il ne se passe rien, Devil Girl From Mars est apte à captiver l’amateur de nanars. Il faut dire que Patricia Laffan emballée dans des sacs plastiques et ce robot géant absolument ridicule composent des spectacles vraiment désopilants. Le cinéphile sera lui intéressé par le fait que le film de David MacDonald marque le début des filmographies de deux grandes actrices britanniques, Hazel Court et Adrienne Corri.

On a aimé

  • Du vrai nanar, souvent désopilant
  • Un charme kitch, un aspect pulp intact
  • Le robot, l’un des plus ridicules de l’histoire du cinéma
  • Les débuts d’Hazel Court et Adrienne Corri

On a moins bien aimé

  • Un scénario très classique
  • Des FX souvent ratés
  • Des passages mélos très barbants
  • Vingt premières minutes vides d’intérêt
  • Une martienne à la panoplie…. Hum…

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