Critique Alien #1 [1979]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 30 août 2005 à 09h37
Un très grand moment de cinéma
A la fin des années 70, le film de SF à la mode est bien entendu Star Wars, de l’ami George Lucas, qui rencontre de part le monde un succès public (mais pas du tout critique) phénoménal. Nageant sur la vague du succès, une floppée de produits inspirés par cette épopée spatiale voient le jour, comme les Mercenaires de l'espace , Galactica ou Star Crash. Rien de bien folichon me direz-vous, mais la vague de ce type de cinéma de SF de divertissement met finalement fin à la période ou la conquête spatiale était considérée comme quelques chose de très sérieux. Rappelez-vous La Conquête de l’Espace, 2001 ou Silent Running.
Parallèlement, durant la même période, on assiste dans les salles au renouveau des films d’horreur depuis le carton au box-office de La Nuit des Masques, de John Carpenter. Dans ce genre de films (héritiers finalement des giallos italiens des années 60), les protagonistes se retrouvent opposés à un psychopathe de nature indéterminée, mais de toute manière d’origine surhumaine, dans un environnement inquiétant, et en général de nuit.
C’est les deux ingrédients, aventure spatiale et terreur, que le scénariste Dan O’Bannon (qui s’était déjà essayé à la SF avec Dark Star) réunit dans le script de Alien, le premier film d’horreur fiction. Le scénario ne raconte ni plus ni moins que l’histoire de 7 personnes, victimes désignées (on l’apprend au milieu du métrage), isolées dans un environnement inquiétant (le cargo Nostromo), plongés dans la nuit stellaire permanente, et confrontés à un serial killer surpuissant (l’Alien).
La première chose qui frappe à la vision d’Alien, c’est le réalisme des décors et des situations. Le Nostromo est un astronef géant de transport de minéraux, donc un cargo. Le réalisateur, Ridley Scott, et son chef-op Derek Vanlint décident donc que le vaisseau doit être semblable à un navire de transport ; obscur, humide, crade et fonctionnel. Et on peut dire que l’effet est réussi, le cargo Nostromo est inquiétant et créé un climat d’angoisse à lui tout seul, à la manière d’une maison hantée. On sursaute presque à chaque giclée de vapeur sortant des soupapes. Le choix des tenues des membres de l’équipage a été effectués dans le même sens, pour qu’ils nous rappellent facilement des routiers, voir des soutiers de cargos au long cours ; débardeur trempé de sueur, bandana, jeans. C’est à l’intérieur de cette matrice, chaude et humide, donc féconde, que va naître puis croître un démon annihilateur.
L’arrivée sur la planète des Aliens est également placée sous le signe du manque d’information, de la non-vue, et de l’inquiétant hors champ. La transmission entre le Nostromo et l’équipage débarqué est mauvaise, mettant en péril ce cordon ombilical vocal, et rajoutant à l’inquiétude. Les lieux sont emplis d’une épaisse fumée à raz du sol qui masquent partiellement les œufs et qui nous fait penser à la caverne d’un dragon légendaire. On fronce les sourcils, on essaye de mieux voir, jusqu’à cette ‘’éjaculation’’ violente qui va féconder le pauvre Kane (John Hurt ). Lors de la scène du retour sur le Nostromo, où malgré l’avis de Ripley, la créature est hissée à bord, le personnage principal, celui qui va vraiment mettre l’Alien en échec, est alors mis en exposition. Ripley sera également la seule à remettre en cause l’omnipotence de l’ordinateur Mother sur la destinée du Nostromo. Curieuse mère qui est prête à sacrifier ses enfants en épousant la cause de la Compagnie, mystérieuse organisation manipulatrice dont on se doute qu’elle a une activité plus large que le simple routage de marchandise, et qui finalement, plus que la créature, est le véritable Mal. Elle est d’ailleurs incarnée par un de ses anges démoniaques, l’androïde, envoyé pour servir et ‘’materner’’ la créature (les dialogues admiratifs de l’androïde envers la créature sont évocateurs).
Puis vient la séquence de l’accouchement, naissance violente, dans une explosion de chair et d’os, d’une créature pas si grosse que ça mais dotée d’une virulence étonnante, comme une sorte de virus, de parasite qui entrerait à l’intérieur du corps du Nostromo. L’embryon file dans une ‘’artère’’ du cargo. Le vaisseau est contaminé, le premier acte est tourné, la chasse va commencer.
La progression du film va faire basculer les chasseurs dans un rôle de proies, comme ça, brutalement, au détour d’un couloir, dans une soute obscure et souillée par des infiltrations d’eau noirâtre. La créature, tapie dans l’ombre, n’est jamais visible et tombe sur ses proies lorsqu’elles sont isolées, véritable Entropie se nourrissant de l’essence de vie de ses victimes. Le premier chevalier, mais on se doute qu’il n’est pas l’élu, incarné par le commandant, paiera de sa vie son outrecuidance lors qu’il pénétrera dans l’antre de la bête.
Lorsque l’équipage décide d’évacuer et de détruire le Nostromo, la créature va sortir de l’obscurité, comme si elle avait compris, d’instinct, que sa survie est mise en danger. Sorte de gigantesque phallus à la mâchoire castratrice, créé par le génie du peintre sculpteur H.R. Giger, la créature va dévorer tous les membres d’équipage jusqu’à l’affrontement final avec Ripley, qui fut la seul à sentir le danger dés le début. Lorsque Ripley se met en sous-vêtements blancs puis enfile sa combinaison spatiale, le tout éclairé par une lumière blanche et douce, elle apparaît comme un ange, une sorte de chevalier féminin (donneur de vie) qui endosse son armure pour aller combattre le Mal masculin à l’état primal, lové de manière obscène sur le tableau de bord de la navette de secours.
Le film s’achève sur une séquence ou Ripley, ayant détruit la créature, retourne dans son caisson d’hibernation pour un long sommeil. Sa mission divine est terminée
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Alien #1 [1979]
Alien, le huitième passager, est une véritable leçon de cinéma, assurément le chef d’œuvre d’un Ridley Scott au sommet de son art, et son climax angoissant et déstabilisant n’a jamais été égalé. Servi par une photographie somptueuse et des décors réalistes, le métrage est un véritable film d’horreur interprété par des acteurs crédibles et une des plus grandes comédiennes de l’époque, Sigourney Weaver. Une œuvre magistrale à voir et à revoir
On a aimé
- Réalisation d'une terrible efficacité
- De la pure horreur fiction
- Sigourney Weaver, une star révélée
- Une photographie réaliste effrayante
- L'Alien, création monstrueuse et fascinante
Acheter le Film Alien en un clic
Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Alien sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.
Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux
Critiques liées
-
Alien : La sortie des profondeurs [2017]
par Frédéric M. | Lecture : 5 mn 37
Dans l'espace, personne ne vous entendra bailler : Cette histoire de série B s'adresse avant tout aux passionnés indulgents de la franchise. Sa pirouette scénaristique conclusive n'…
-
Alien : Covenant [#2 - 2017]
par Vincent L. | Lecture : 9 mn 32
La grande vadrouille... : Ce nouvel opus d'Alien est un ratage presque navrant, qui ne tire ses quelques qualités que d'un budget confortable qui lui p…
-
Alien - Le Huitième Passager
par Nicolas L. | Lecture : 3 mn 54
Alien Reborn : S’il est indéniablement plus un objet de collection qu’autre chose, Alien, le huitième passager est apte à intéresser toutes les c…
-
Prometheus
par Vincent L. | Lecture : 8 mn 9
Un spectacle bancal... : Trente ans après Blade Runner, Ridley Scott revient au registre qui a lui a offert reconnaissance et renommée pour nous offrir une…
-
Prometheus
par Richard B. | Lecture : 9 mn 36
Ridley Scott face à ses promesses. : De toute évidence, il est très dur de porter un avis définitif sur Prometheus, le film est bien trop riche scénaristiquement et vi…
-
Aliens Salvation - La rédemption
par Richard B. | Lecture : 2 mn 48
Le créateur de Hellboy rencontre les Aliens ! : Aliens Salvation est un comics réalisé par deux des plus grands du genre. Forcément celui-ci est d’une efficacité redoutable. Entr…
-
Alien, Ost
par Manu B. | Lecture : 1 mn 37
Alien : Cette bande originale reste une grande réussite de Jerry Goldsmith, à ne pas écouter seul le soir dans une maison isolée au bord d…
-
Alien la Résurrection
par Manu B. | Lecture : 3 mn 44
Et de 4 ! : Un bon film qui finit la saga Alien de façon mitigée.
-
Alien 3
par Manu B. | Lecture : 2 mn 52
Le premier succès de David Fincher : C'est clairement mon préféré de la série des aliens, une atmosphère déjà présente dans le premier volet, avec un zest de mystique.
-
Aliens, le retour
par Manu B. | Lecture : 1 mn 46
Le retour : Ce volet des Aliens est celui que j'aime le moins, malgré une Weaver survoltée, des aliens plus dangereux que jamais, mais trop no…
-
Alien : la version inédite
par Manu B. | Lecture : 3 mn 7
Le huitième passager : Un bon film à l'origine qui n'a pas été trop dénaturé par son relooking.
-
Alien 3
par Nicolas L. | Lecture : 3 mn 25
Un grand film sous-estimé : Alien3 est un film magnifiquement sombre mais rempli d’espoir. Largement sous-estimé à sa sortie, car le public s’attendait à un f…
-
Aliens, le retour
par Nicolas L. | Lecture : 8 mn 10
Une certaine évolution de la mythologie : Evolution spectaculaire du précédent opus, Aliens, le retour, est un excellent film d’aventure doté de bonnes séquences de suspens…
-
Alien 3
par Christophe B. | Lecture : 3 mn 17
Une ambiance trouble : "Alien 3 est un film sur la rédemption, le sacrifice de soi pour la sauvegarde de l'humanité" David Fincher "Alien 3" est un fi…
-
Aliens, le retour
par Christophe B. | Lecture : 4 mn 2
Un vrai film de guerre : Finalement, avec son budget de 18M de $, CAMERON nous propose un film de guerre avec beaucoup d'action, de rapports humains et d'e…
-
Alien
par Christophe B. | Lecture : 1 mn 38
Un film d'épouvante dans l'espace : Admirablement inspiré, Ridley SCOTT nous offre une des œuvres les plus parfaite dont puisse se targuer le cinéma de science fictio…
-
Alien : la version inédite
par David Q. | Lecture : 41 s
La version inédite, seulement au cinéma : La version Inédite d'Alien vont permettre à ceux qui ne l'ont pas vu au cinéma de profiter du grand écran. Cette version n'apporte…
-
Alien : la version inédite
par Richard B. | Lecture : 3 mn 4
Alien le retour du premier. : ...Alien est donc une œuvre à part, qui même avec plus de 20 ans d'existence ne vieillit pas, ce film restera à tous jamais un cla…
-
Alien
par Richard B. | Lecture : 25 s
Dans la salle tous le monde vous enttendra crier ! : La petite bête deviendra grande dans le film et dans la réalité aussi... En effet Scott réalise déjà bien avant Blade Runner …
-
Alien
par David Q. | Lecture : 59 s
Dans l’espace, personne ne vous entend crier : Effectivement, cette phrase résume bien Alien. Après une longue introduction qui amène les gens du Nostromo à ramener des Aliens …
-
Aliens, le retour
par David Q. | Lecture : 1 mn 22
Aliens by Wedge3d : Après l’appel de détresse d’une base ayant peut être été attaquée par des Alien, on envoi des Space Marines nettoyer tout ça. Plus…
-
Alien 3
par David Q. | Lecture : 1 mn 3
Alien3 by Wedge3D : Un peu moins fort que les deux premiers, ce troisième volet déçoit un peu en baissant d’un cran dans la qualité de la saga. Certes…
-
Alien la Résurrection
par David Q. | Lecture : 51 s
Alien 4 by Wedge3D : Les gouvernements, toujours à la recherche de nouvelles armes, étudient quelques Aliens en captivité. Dès que le spectateur voit ç…
-
Alien
par Gil P. | Lecture : 13 s
Dans l'espace, personne ne vous entend crier : ...Par contre dans le ciné ou devant votre télé, le voisin lui... Summum du film de monstre de l'espace en 1979, Alien reste un…
-
Aliens, le retour
par Gil P. | Lecture : 11 s
Here we come again : En dépit de sa coiffure au début de cet épisode, Sigourney nous fait rêver une deuxième fois... Dans un scénario certe facile mais…
-
Alien 3
par Gil P. | Lecture : 15 s
l'avènement : Après Ridley Scott et James Cameron, c'est au newcomer David Fincher de nous livrer sa vision du mythe : rouge-jaune comme le méta…
-
Alien la Résurrection
par Gil P. | Lecture : 10 s
French horror show : Jeunet au meilleur de sa forme, cela donne un bijou à peine entaché par le rôle trop présent de Sigourney (productrice envahissant…