Critique 1, 2, truie [2010]

C'est le souk dans la mare de boue, Hector le porc affreux n'arrête pas d'embêter ses camarades féminines en leur balançant avec sa fourche du fumier sur le coin du groin. Et Roger le fermier n'ose sévir, qui va se rebeller contre ce despote porcin ?

Le premier qui grogne, j' lui pique le groin avec ma fourche !

Ça en bouche un groin !

Pas de souci avec cette petite boîte carrée, le matériel livré est adapté et les soixante douze cartes présentes n'occasionnent pas de remontrances particulières. On découvre cinquante six cartes Cochon numérotées de 1 à 10 et seize spéciales (le fermier, Hector le porc, les tas de fumiers et le cochon porte-bonheur). Les illustrations rigolotes parachèvent une séduisante proposition ludique.

Un matos assez Groin Groin !

1, 2, 3 les règles sont comprises...

Le but du jeu est de parvenir à se débarrasser de toutes ses cartes en premier. Le jeu dure quatre manches, le joueur avec le moins de points remporte cette compétition porcine.

On commence avec sept cartes en main. Pour réduire ce nombre, à son tour, trois possibilités se présentent :

- Poser une carte identique que la dernière jouée sur la défausse.

- Former une opération en tenant compte de la carte supérieure de la défausse. Par exemple, un joueur possède en main les cartes Cochon 1 et 10. Sur la pile de défausse apparaît un 9. Le joueur annonce « 9 plus 1 égal 10 ».

- Jouer une carte spéciale (obliger à jouer une carte identique, piocher des cartes, donner un tas de fumier à un adversaire, utiliser un joker)

Si un joueur ne peut ou ne veut pas jouer, il pioche une carte de la pile.

La manche se termine quand un joueur se débarrasse de toutes ses cartes. Les autres calculent leurs points de pénalité (valeur faciale des cartes cochons, dix points par carte spéciale, quinze par tas de fumier devant soi). Si un joueur possède les trois tas de fumiers, il reçoit un bonus de trente points.

Un plan de Groin avec quelques cartes...

Le Uno des cochons

1, 2, Truie est un jeu d'origine allemande édité en 2008 sous le nom suggestif de Schweinebammel. Malgré sa ressemblance avec le Uno et son austérité mécanique, on s'étonne de la facilité avec laquelle il parvient à amuser des joueurs de tout poils, néophytes comme expérimentés. Avec ses règles facilement assimilées, on s'immerge les premières parties toutefois avec scepticisme sur le plaisir que l'on éprouvera à pratiquer ce jeu de défausse, où l'originalité reste mesurée. Pourtant, la recette proposée par l'auteur Inon Köhn surprend agréablement et on apprécie l'intégration de cartes spéciales pertinentes qui s'emploient comme un bonbon malicieusement salé dans le but hautement jouissif de pourrir, toujours dans un esprit bon enfant, les adversaires proche de la victoire.

1, 2, Truie convient parfaitement pour réunir autour d'une même table des joueurs disparates en terme de maturité ludique sans qu'aucun n'éprouve un ressenti négatif. On ne s'ennuie pas, les manches restent un modèle de dynamisme (il est rare de dépasser les cinq minutes) et l'ensemble se boucle entre vingt et trente minutes maximum.

Évidemment, le hasard s'invite dans ce foutoir initié par une bande de gorets encanaillés et il demeure difficile d'instaurer un semblant de stratégie. On se laisse guider par les circonstances, ce qui déplaira aux puristes intransigeants. Pour tous les autres, l'essayer, c'est l'adopter !

Salut, mes amis les joueurs !