Critique Les trois mousquetaires [2011]

Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 17 octobre 2011 à 22h17

un nanar friqué...

Au fil d'une filmographie hautement improbable, Paul W. S. Anderson a réussi l'incroyable pari de ruiner l'image et la réputation de monstres sacrés du cinéma (Aliens Versus Predator), de films cultes (La course à la mort) et de franchises à succès (Resident Evil) tout en devenant l'un des réalisateurs les plus bankables de ces dernières années. Parce que force est de constater que si sa filmographie est d'une médiocrité affligeante (seul le poussif Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà arrivant légèrement à surnager), il ne s'est que très rarement heurté à des échecs au box-office. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui détestent les films de Paul W. S. Anderson, mais étonnament, le public continue à aller les voir dans les salles obscures, faisant ainsi fonctionner au delà de toute espérance - et de tout désespoir - des produits franchement nullos (la franchise Resident evil, qu'il pilote depuis le premier film, s'apparente à une sorte de leçon de non-cinéma sur "comment faire moins peur que dans un jeu vidéo").

Sa technique de vente est finalement très simple : réaliser des films basé sur des franchises à succès, tout en leur retirant tout ce qui peut faire leur force/originalité/efficacité (rayer la mention inutile), et en les transformant en produit à destination de kids prépubères. Parce que Paul W. S. Anderson est un ado-attardé, cela transpire de chacun de ses plans ; dans ses films, tout est sacrifié sur l'autel du cool et du clinquant, qu'il s'agisse de dignité (les pauvres Predators), de frissons (les pauvres zombis) ou de discours trop contestataires (les pauvres voitures). Alors évidemment, quand on a appris qu'il s'attaquait aux trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, on savait bien que l'oeuvre d'origine n'avait que peu de chance de survivre au passage à moulinette d'Anderson, sorte d'Attila du cinéma. Sur SFU, on pensait être tranquille, et on se disait que l'on pourrait souffler en attendant sa prochaine catastrophe artistique. Pas de bol, il a introduit du fantastique dans son film...

Le plus objectivement du monde, ce long-métrage est un ratage affligeant, amenant Les trois mousquetaires à partager la même cellule de soutien psychologique que les aliens, les prédators, les zombies et les voitures. Sauvagement violés pendant près de deux heures, les fiers bretteurs d'Alexandre Dumas ont aujourd'hui perdu toute forme de dignité, s'apparentant désormais à des erzatz de Le Crampe, prêts à être enchaînés dans le garage de Z. Sous la caméra d'Anderson, Athos, Porthos et Aramis perdent leur superbe, à peine mieux traités que de vagues figurants au service d'un d'Artagnan de pacotille, contrecarrant les plans diaboliques des ennemis de la France et du Roi, dont un cardinal fourbe et énigmatique (Richelieu) et d'un duc anglais échappé d'un porno des années soixante-dix (Bukingham), lesquels se disputent une arme de guerre surpuissante du génial - et très prolixe - Léonard de Vinci (en réalité le dessin pourri d'un bateau qui vole).

Malgré cela, le film, pris dans sa globalité, s'avère être distrayant. Il faut en effet reconnaître que si, avec les années, Paul W. S. Anderson est resté un ado attardé, il a cependant appris à tenir une caméra (ce qui était loin d'être gagné quand on voyait ses premiers films). Au final, Les trois mousquetaires est mis en image de manière correcte, et surtout s'avère être impeccablement rythmé ; ainsi, bien que son histoire ne soit pas intéressante du tout, que la fin soit courrue d'avance, et que le film souffre d'une absence de climax, on ne s'ennuie pas une seconde pendant deux petites heures. D'ailleurs, le combat final n'est pas si mal fichu que ça ; finalement, quand il ne fait pas trop dans l'esbrouffe gratuite et le mauvais goût - ce qui lui est visiblement très difficile - Paul W. S. Anderson s'avère etre un réalisateur de moins en moins catastrophique, s'apparentant de plus en plus à un yes-man formellement correct.

Il faut de plus reconnaître qu'Anderson ne ment pas sur la marchandise, le trailer annonçant avec une certaine franchise la teneur de cette nouvelle adaptation, et le film s'ouvrant sur une scène mettant en scène un ninja (en fait Athos, mais bien cagoulé), il ne fait que confirmer l'adage selon lequel tout film avec un ou plusieurs ninja dedans ne peut être qu'un nanar. Il est intéressant de noter que Les trois mousquetaires est finalement plus proche d'un remake du film de Stephen Herek (avec Kiefer Sutherland, Charlie Sheen et le génial Tim Curry) que d'une véritable adaptation de l'oeuvre de Dumas : les deux films partagent un déroulé relativement similaire, et tranchent aux mêmes endroits par rapport au roman (il ne serait pas étonnant que le scénariste n'ait vu que cette adaptation). Pourtant, Anderson échoue là où Herek avait livré quelque chose d'assez sympathique, à savoir réussir à transformer un livre français en un produit hollywoodien qui s'assume de bout en bout.

En lieu et place, Les trois mousquetaires ne dépasse jamais son statut de vrai nanar, et, finalement, c'est ce qui fait son charme et le transforme en produit regardable. En effet, si le film est très nul, il s'avère finalement être tellement débile qu'il en devient involontairement drôle. Il faut dire qu'Anderson a complètement craqué dans la conception de son film : des effets de styles grotesques (les bullet-time de Milady), du plagiat de jeu vidéo (Aramis, sorti d'Assassin's Creed ?), de l'humour pipi-caca (le pauvre Planchet s'en prend plein la gueule !), un scénario ultra-débile (les mousquetaires, ces espions du roi, qui vont dans divers pays faire de l'espionnage industriel), des répliques chocs assaisonnées de relents de réparties collégienne (la première rencontre de D'Artagnan avec Rochefort, digne d'un "celui qui dit, c'est celui qui est..."), ... Au final, on est à la fois abassourdit, ébahit et demandeur de toute cette bétise qui nous est jetée en plein visage comme un seau de merde (merci la 3D ?).

Et puis ce scénario, ce monument de crétinerie bourré d'incohérences, de scènes gratuites et d'éléments confinant à la débilité congénitale. Pourquoi les bateaux volant ont un armement destiné à détruire la coque de leurs adversaires volants ? Pourquoi les ferets de la reine sont-ils protégés par un système de pièges à faire palir de jalousie le Cube ? Pourquoi les trois mousquetaires sont-ils habillés en cuir, alors que l'uniforme de leurs collègues est d'un bleu traditionnel ? Pourquoi les méchants ont-ils recours aux services Milady de Winter, connue dans tous les pays pour trahir ses employeurs à la dernière minute ? Pourquoi Athos s'habille t-il comme un ninja lorsqu'il part en mission ? Réponse générale : parce que c'est cool quand on a treize ans... et que c'est finalement drôle quand on est un peu plus vieux. Evidemment, il faut adhérer à ce délire, accepter ce postulat de nanar friqué, et surtout, surtout, ne rien attendre du tout d'un film objectivement misérable.

Enfin, comment ne pas évoquer ce casting aussi luxueux que catastrophique. On peut y diviser les acteurs en quatre grandes catégories : les insipides, les perdus, les déchainés et les corrects. Les premiers sont complètement transparents, et menés par une Milla Jovovich égale à elle-même, c'est à dire nulle (mais mise en valeur par les scènes les plus ridicules du film). Les seconds rament comme des galériens, coincés dans un film dont ils n'avaient visiblement pas compris la finalité (le pauvre Christoph Waltz fait de la peine dans le rôle de Richelieu). Les troisièmes, les plus drôles, sont emmenés par un Orlando Bloom que l'on croirait échappé d'un film de Mel Brooks : lui, il est méchant, et il le porte sur lui ! Il est habillé en noir, ses yeux sont maquillés, sa moustache est noire, et, surtout, il en fait des caisses dans un registre théâtral. Dans le lot, finalement, seuls Ray Stevenson et Mads Mikkelsen livrent des prestation correctes, pas très originales, mais suffisamment solides pour les sauver de ce naufrage.

La conclusion de à propos du Film : Les trois mousquetaires [2011]

Auteur Vincent L.
40

Les trois mousquetaires version Paul W. S. Anderson est un nanar, un pur, un dur, un vrai, un friqué. Nul de bout en bout, il s'avère cependant être tellement improbable, entre son scénario ultra-débile et ses acteurs en roue libre, qu'il en devient particulièrement amusant. Pas sur que cela ait été la volonté du réalisateur, déjà bien habitué aux daubes, mais le résultat final s'avère malgré tout distrayant et, étonnament, meilleur que la grande majorité des films qu'il a commis dans le passé. Certes, cela donne un côté "Diner de con" à son film, mais si son Trois Mousquetaires est très probablement LE nanar de 2011, il n'est pas pour autant le pire long-métrage sorti cette année. C'est déjà ça...

Pour rigoler : 5/10
Sinon... : 3/10

On a aimé

  • Vraiment drôle au second (voire troisième) degré,
  • Anderson a appris à tenir une caméra.

On a moins bien aimé

  • Un vrai film d'adolescent prépubère,
  • Bourré d'effets de style ringards,
  • Scénario complètement débile,
  • Un casting catastrophique.

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