Critique Détour Mortel 4 [2012]
Avis critique rédigé par Jonathan C. le vendredi 12 octobre 2012 à 09h30
Des tours mortels
Survival conventionnel qui surprenait à l’époque pour sa brutalité et sa tension viscérale, Détour Mortel fut en 2003 un modeste succès et s’est tranquillement imposé comme un petit classique du genre, bien qu’il soit déjà dépassé (mais il a quand même presque 10 ans déjà). Étrangement, le réalisateur Rob Schmidt n’aura pas fait grand-chose par la suite, si ce n’est un épisode des Masters of Horror. S’il sortait de nos jours, Détour Mortel serait probablement distribué en DTV, comme le furent ses trois suites, franchement pas mauvaises mais très éloignées du film de Rob Schmidt. Le seul dénominateur commun entre les Détour mortel, outre le fait que des personnages empruntent le mauvais chemin ("Wrong Turn", quoi), ce sont nos trois freaks dégénérés, Three Finger, One Eye et Saw Tooth, dont on suit les frasques avec amusement.
Dans le rigolo et très fun Détour Mortel 2, qui était quand même complètement hors sujet, les trois Stooges du slasher trucidaient les candidats d'un jeu de téléréalité stupide à la Koh-Lantah mais avaient quand même du mal à achever le gros bourrin de service, un militaire se prenant pour John Rambo. Dans le généreux et grotesque Détour Mortel 3, ils menaient la vie dure à un groupe de taulards en fuite paumés en pleine forêt avec quelques flics (dont le héros) pris en otage, le souci étant que le leader des évadés leur faisait un peu trop d’ombre, façon Jon Voight dans Anaconda. Grâce à ce bien nommé Détour Mortel : Origines sanglantes (Wrong Turn : Bloody Beginnings), nous pourrons peut-être enfin découvrir comment ces joyeux rednecks en sont arrivés à vivre dans la forêt, d’où ils viennent et pourquoi ils sont devenus ainsi. Détour mortel se met ainsi à la mode des préquelles/origins, comme pour Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse : Au commencement ou Michael Myers dans le Halloween de Rob Zombie, sans oublier Cold Prey 3, auquel ressemble pas mal Détour Mortel 4.
En effet, l’introduction de Détour Mortel 4 révèle d’emblée nos trois freaks, alors tout jeunes et encore novices (bien qu’ils aient déjà bouffé leurs parents : faut bien commencer par quelque part…), enfermés dans la cellule d'un sanatorium aux méthodes douteuses, tandis que le directeur de l’hôpital explique brièvement leur passif (par exemple pourquoi il manque des doigts à Three Finger ou un œil à One Eye) à une psychiatre qui voudrait les étudier. Cette fois, les vrais héros, c’est eux, ou presque. Du moins on est sûr à 100% qu’ils ne mourront pas dans ce film, puisque de nombreuses aventures les attendent par la suite. Par chance pour eux et pour le spectateur assoiffé de tueries, nos compères cannibales s’évadent, font sortir leurs codétenus (pas très rassurants non plus) et sèment le chaos dans l’hôpital, trucidant notamment avec sadisme le directeur et la psychiatre, ce qui nous vaut d'entrée de jeu deux mises à mort particulièrement gratinées. Cette folle prise d’assaut, le réalisateur Declan O'Brien la filme en steadycam sur Le Beau Danube Bleu, référence directe à Orange mécanique : fallait oser !
Après cette intro choc pleine de promesses, le récit abandonne nos mutants congénitaux pour s’attarder, après un bond en avant de quelques années, sur une bande de jeunes qu’on suppose être les héros, présentés ici par une double-scène de sexe (dont une lesbienne) complètement gratuite mais sacrément sexy. Au bout de 10 minutes le réalisateur nous aura donc offert une bonne dose de gore, de folie et d’érotisme racoleur, de quoi réjouir amplement l’amateur de bis. Il faudra cependant attendre un bon moment avant de revoir la couleur du sang, car il faut bien amener nos futurs victimes dans ce qui sera leur tombeau : le sanatorium déserté ! L’équipe de djeun’s s’y réfugie après d’être paumé pendant leur virée en motoneiges. Ils découvrent un lieu sinistre probablement chargé d’un passif sordide. Parce que la tempête de neige les empêche de repartir, ils s’y installent temporairement, font les cons (et on rit même de bon cœur avec eux), ils forniquent comme des lapins (l’occasion de caser encore quelques nanas à poils, car nos deux lesbiennes sont peu farouches), s’amusent à se faire peur (ce qui nous vaut les fausses frayeurs habituelles) et découvrent des dossiers de patients peu réconfortants et un film bien glauque.
Mais voilà que leurs affaires disparaissent et que les motoneiges ne démarrent plus. Pas bon signe. Quand ils découvrent le cadavre de leur compagnon qui était censé venir les chercher, ils comprennent qu’ils sont dans la merde, enfermés dans un bâtiment lugubre avec des malades sanguinaires qui ne leur veulent clairement pas du bien. Et c’est parti pour un savoureux jeu du chat et de la souris entre les jeunes héros et nos fidèles dégénérés qui vivent ici (et ils ont déjà les petites habitudes qu’on sait).
Dés lors, le réalisateur Declan O'Brien, déjà réalisateur du précédent opus mais aussi aux commandes du suivant, maintient son suspense (en dépit du fait que, cette fois, on connait d’avance les gagnants) et concocte un carnage relativement jouissif, en dépit de la bêtise des personnages (il y a de quoi enrager lorsqu’ils discutent 3 plombes pour savoir s’ils doivent aller sauver leur ami qui est en train de hurler de douleur), qui auront bien mérité leur triste sort. Ce sont tous des stéréotypes : le gros boulet baiseur et déconneur, l’intellectuel (oui parce qu’il sait projeter un film), le beau gosse, l’emmerdeuse, la bimbo, etc. Mais Declan O'Brien déjoue les pronostiques dans le décompte des victimes (comme le faisait Joe Lynch avec Détour Mortel 2) : ce sont les hommes qui y passent en premier. Sans vouloir faire dans la misogynie (c’était peut-être les intentions du réalisateur), on constate que les personnages masculins sont plus réfléchis et font toujours les bons choix, ce qui ne les empêchera pourtant pas de crever en premier ; lorsqu’il ne reste plus que les personnages féminins, elles font vite n’importe quoi et facilitent grandement la tâche de leurs poursuivants, au point d’assassiner involontairement un de leurs amis (fallait pourtant pas être finaud pour voir venir le piège) dans une séquence d’une stupéfiante brutalité. Si tous les personnages y passent, c’est finalement parce qu’une des leurs, la conne humaniste de service, n’a pas voulu exécuter les trois tarés capturés (qui venaient pourtant de trucider leurs amis dans d’atroces souffrances) alors qu’ils en avaient l’occasion et même l'obligation. Voilà ou mènent la pitié et l'indulgence.
Le scénario est très conventionnel et n’a plus grand intérêt une fois passées les origines (vite expédiées), mais on se prend tranquillement au jeu et le récit réserve quelques surprises, comme dans les précédents opus (on se souvient du twist de Détour Mortel 3). Le point fort de Détour Mortel 4, c’est son humour noir décapant et ses meurtres particulièrement corsés. Influencé par le torture-porn et par les Saw, le réalisateur fait tuer chacun des protagonistes avec autant de sadisme que ses trois freaks, l'agonie et l'inventivité tordue des mises à mort amenant souvent des rires jaunes et des réactions de dégoût. Le démembrement progressif, le grillage de cervelle, la lente décapitation par strangulation suspendue au fil barbelé avec sang qui gicle sur la caméra, le personnage roué de coups de couteaux, la mutilation avec la motoneige, la foreuse…Le point culminant de ces meurtres improbables, hautement jubilatoires et joyeusement dégueulasses est ce pauvre type avec lequel les freaks font une fondue bourguignonne, se servant directement sur le corps à vif avec un couteau avant de faire griller leurs morceaux et de les manger devant les yeux de la victime encore vivante : une séquence écœurante (et en même temps assez comique) qui restera dans les anales. Declan O'Brien n'épargne pas ses personnages, au point de les achever à coups de gags gorasses tordants (à ce titre, la fin est très drôle), évoquant le délirant Destination Finale 2 de David R. Ellis. Boucherie en huis-clos ou à ciel ouvert, Détour Mortel 4 est ainsi d’assez loin l’opus le plus gore et généreux de la saga. Le sang coule à flots et on en ressort des meurtres plein la tête.
Puis on les aime bien, nos trois gonzos ! Le leader balèze Saw Tooth (le musicien Scott Johnson), l'hystérique Three Finger (le cascadeur Sean Skene) et le tireur d'élite One Eye (Dan Skene, frère de Sean et lui aussi cascadeur) ont beau être toujours aussi affreux, ils sont devenus presque attachants au fil de leurs parties de chasse à l’homme, débarrassant un peu notre monde de pas mal d'abrutis (c’était aussi le job de Jason Voorhees). On les aime d’autant plus qu’ils font preuve d’une admirable inventivité morbide pour ne pas se répéter dans leur massacre (pas un meurtre ne ressemble à l’autre), dégotant même quelques nouveaux jouets (la foreuse fait des ravages !) complémentaires à leurs spécificités physiques. Malgré l’idée de base du pitch, qui tient sur à peine 10 minutes, le scénario en révèle trop peu sur eux, et on ne sait finalement toujours d’où ils viennent et pourquoi ils sont ainsi (hormis le fait que Saw-Tooth s'est aiguisé les dents sur un mur). En les replaçant dans le cadre d’un asile, Détour Mortel 4 rappelle que ce sont avant tout des psychopathes cannibales et non des monstres (ils ont même l’air plus pitoyables que dangereux lorsqu’ils sont piégés dans la cellule telles des bêtes apeurées), bien qu'ils soient un brin mutants sur les bords. Les maquillages (malgré le coté latex très marqué) et les effets gores (boostés par des ajouts numériques, notamment pour les gerbes de sang) sont d’excellente facture pour une petite production artisanale.
A vrai dire, Détour Mortel 4 est plutôt bien foutu et Declan O'Brien est un bon technicien non dénué d’idées de mise en scène et d'un vrai sens graphique, que ce soit dans les meurtres (spectaculaires), les scènes de sexe (étonnement sensuelles car joliment filmées) ou l'imagerie autour des trois monstrueux lascars (beaucoup de plans iconographiques sur eux). Il se dégage même une certaine beauté des plans en extérieur, par exemple la virée en motoneiges au coucher du soleil, ou la fin au petit matin. Il parvient également à ne pas tomber dans la routine plan-plan du film de couloirs, filmant ces intérieurs avec un certain sens esthétique, peut-être même un peu trop (la photo est très « clean »). Troquant les bois répétitifs (vers lesquels il revient quand même vers la fin) pour des couloirs sombres et délabrés, le réalisateur donne un petit coup de neuf hivernal/intérieur à la saga et instaure une atmosphère froide et sinistre à la Cold Prey. La forêt est certes un décor plein de ressources, mais le troisième opus en montrait déjà les limites et ce quatrième Wrong Turn a la bonne idée de s'en éloigner.
Declan O'Brien est un routinier du film de monstres à tendance Z, en témoigne sa filmographie, dont les titres parlent d'eux-mêmes : Rock Monster avec Chad Michael Collins, Monster Ark avec je ne sais qui, Cyclops et Sharktopus avec Eric Roberts, et il a aussi écrit les inénarrables Snakeman et Harpies, tout deux avec Stephen Baldwin. Son Hijacked avec Vinnie Jones, Dominic Purcell et Randy Couture sort en cette année 2012. Bref, l'O'Brien atteint clairement un niveau supérieur avec ses Détour Mortel, et ce ne serait pas prendre grands risques que d'affirmer que Détour Mortel 4 est son meilleur film. Son expérience dans le nanar lui aura permis, en plus des expérimentations techniques, d’acquérir un savoureux second degré, qu'il exploite pleinement ici jusqu’à cette fin délirante sans échappatoire ; d’autant plus qu'il est son propre scénariste, ce qui, dans la série B horrifique, est plutôt rare. Détour mortel 3 tapait déjà dans l’humour noir et le détournement des codes mais manquait de mordant et était trop bavard. Ce quatrième Détour mortel va bien plus loin que les précédents opus, tout en se prenant moins au sérieux. Devenu accroc à ses freaks, Declan O'Brien réalisera également Détour Mortel 5, avec notamment le Pinehead Doug Bradley et qui se déroulera pendant un festival d'Halloween dans une petite ville dans l'Ouest de la Virginie, grande fête costumée à laquelle s'inviteront nos trois cannibales dégénérés.
En attendant, dans Détour Mortel 4, les petits coquins pourront mater sous toutes les coutures des bombes diverses comme l'asiatique Kaitlyn Wong (l’une des actrices principales du Love Me de Rick Bota), la black Tenika Davis (une top model canadienne vue dans Saw VI), la brune Jennifer Pudavick (vue dans Wishmaster 3 et Wishmaster 4), la rousse Terra Vnesa (une des 5ive Girls) ou les blonde Ali Tataryn et Samantha Kendrick (vues dans…heu…). Du coté des couilles, Dean Armstrong (Blake dans Queer As Folk, vu aussi dans Repo! The Genetic Opera et Saw 3D) la joue sobre dans le rôle du leader pas con (c’est toujours lui qui prend les bonnes décisions), tandis que Victor Zinck Jr (Zombie Punch) est à tarter dans le rôle du bouffon de service. Jeunes et beaux, les acteurs jouent ce qu'ils ont à jouer avec une certaine conviction (surtout quand il s’agit de copuler), en sachant qu'ils sont pourtant destinés à se faire trucider par des freaks qui leur volent la vedette. Mais tous s'amusent autant que le spectateur dans ce film d’horreur sardonique et méchant qui s’impose comme la meilleure suite du culte Détour mortel. Enjoy !
La conclusion de Jonathan C. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Détour Mortel 4 [2012]
Les Détour mortel se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la téléréalité de Détour Mortel 2 et les taulards de Détour Mortel 3, retour dans le passé avec ce Détour Mortel 4, qui n'est autre qu'une préquelle et revient aux origines des trois freaks cultes. Suffisamment généreux pour faire oublier un scénario rudimentaire dont les « origines » ne sont qu'un prétexte (qui tient sur les 10 premières minutes) pour torcher un énième survival barbare peuplé de jeunes victimes aux réactions stupides, ce quatrième opus des aventures sanglantes de One Eye, Three Finger et Saw Tooth comblera les amateurs de bis en leur offrant des bimbos peu farouches (scènes lesbiennes en prime) et surtout une bonne dose de gore à travers des mises à mort particulièrement sadiques et gratinées (vous ne savourerez plus les fondues comme avant). Véritable festival de chair et de sang, Détour Mortel 4 est le plus gore et le plus violent de la saga. Bien foutu (mise en scène, photo, effets spéciaux), efficace (tension, impact des meurtres), brutal (ça fait parfois bien mal) et carburant à l’humour très noir (de son ouverture-choc à sa fin jouissive), ce Détour mortel-là s’impose comme la meilleure suite du film de Rob Schmidt et comme un vrai plaisir coupable, débile et bourrin.
On a aimé
- Des meurtres trash, gores et délirants
- De superbes nanas toutes nues
- Une réalisation appliquée et inventive
- Des effets spéciaux généreux
- Bonne tension et humour noir
On a moins bien aimé
- Un scénario sans surprises
- Les origines des freaks est une idée peu exploitée
- On sait d'avance comment ça va finir...
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