Critique Black-Out #1 [2012]
Avis critique rédigé par Vincent L. le mardi 20 novembre 2012 à 14h05
Une longue mise en place
« Pourtant, dans les systèmes chaotiques, tout impactait tout de façon complexe et imprévisible. Si le battement d'ailes d'un papillon dans le Montana pouvait provoquer une mousson en Chine, alors sauver un soldat à Dunkerque pouvait modifier la météo du sud-est de l’Angleterre. »
Premier tome du dyptique Blitz, Black-Out est un nouvel essai dans la thématique du "Voyage dans le temps" de la romancière Connie Willis. Après Le Grand Livre et Sans parler du chien, cette dernière est donc repartie dans ce sujet qui, semble t-il, lui est cher, mais en abandonnant cette fois sensiblement le côté purement science-fiction. En effet, au delà du pitch de départ (des historiens du futur envoyés dans le passé) et de la finalité du récit (comment revenir dans la futur ?), Black-Out est un roman où l'aspect historique est très largement prédominant.
Et, au final, on ne s'en plaindra pas, car la partie purement historique du roman est impeccablement traitée et, très visiblement, parfaitement documentée. Grâce à son point de départ SF, Connie Willis traite de grands évènements historiques de la Seconde Guerre Mondiale (le blitz de Londres en 1940, l'évacuation de Dunkerque, ...) d'un point de vue humain, écartant la vision générale et globale de l'Histoire au profit d'un traitement réaliste de l'horreur du quotidien. Le lecteur néophyte apprendra énormément de choses quant à cette période (pas forcément bien connue en France qui plus est), et se plongera bien volontiers dans cette masse d'informations distillées avec beaucoup de didactisme.
Malheureusement, la part purement fictionnelle de Black-Out est loin d'être aussi réussie. Certes, il ne s'agit là avant tout que d'une mise en place (et cela se voit), mais amenée à une échelle quelque peu disproportionnée (on parle là d'une mise en place de plusieurs centaine de pages). Certes, cela peut se justifier par le fait que le roman suit le destin de trois personnages distincts, et que le nombre d'éléments historiques amenés par le récit s'avère particulièrement conséquent, mais, au final, on ne peut s'empêcher de penser que tout cela traine en longueur, sentiment renforcé par le découpage formel de l'oeuvre.
Chaque chapitre de Black-Out se consacre en effet à l'un des personnages principaux, ce qui à l'avantage de correctement entretenir le rythme du roman, ainsi que de les mettre tour à tour au centre des évènements pour mieux les développer. La contre-partie se situe dans le fait que les chapitres consacrés à un même personnage ne se suivent pas ; Connie Willis aimant les cliffhangers et autres rebondissements, cela a souvent un côté frustrant, à tel point que l'on peut finir par ne plus suivre la structure du récit alors même que l'alternance des points de vue s'avère finalement très importante.
L'impression générale est d'ailleurs renforcée par le fait que la plume de Connie Willis manque clairement de panache et de souffle épique. Loin de la savoureuse ironie de Sans parler du chien (même si l'on retrouve, par ci par là, quelques éléments humoristiques typiques de la romancière), on sent de prime abord Willis nettement moins à l'aise dans la gestion du drame pur et dur. Cela s'avère d'autant plus dommage que nombre de thématiques sont porteuses d'un grand potentiel, apte à directement interroger le lecteur, et que les évènements sont intrinsèquement suffisamment horribles pour que la monstruosité des situations soit parfaitement tangible.
Heureusement, dans sa dernière partie, Black-Out passe à la vitesse supérieure et se permet une belle montée en tension qui va crescendo. On sent ici le poids du découpage du dyptique, et nul doute que ce sentiment général aurait été différent si l'histoire avait été lue dans son intégralité. En effet, il s'avère au final que l'impression mitigée laissée par la lecture de Black-Out tient avant tout au fait que l'histoire ne commence que très tard, et s'interrompt alors même qu'elle devenait passionnante. Tout cela reste à confirmer avec la lecture du second tome, qui s'annonce quant à lui sous les meilleurs auspices.
La conclusion de Vincent L. à propos du Roman : Black-Out #1 [2012]
Si Black-Out bénéficie clairement de qualités remarquables, notamment quant à sa partie historique, il souffre cependant d'une mise en place démesurément longue, qui rend cette première partie pas toujours passionnante à lire. A la précision des données historiques, à la pertinence des diverses thématiques évoquées et au développement convaicant des personnages s'oppose ainsi un style littéraire plat, manquant clairement de panache et de souffle épique, ainsi qu'un récit qui peine à réellement démarrer. On notera toutefois une belle montée en puissance sur la fin du tome, qui laisse espérer un deuxième volume plus trépidant dans la résolution des destins des protagonistes présentés ici.
On a aimé
- L'aspect historique, très documenté
- L'Histoire racontée d'un point de vue humain,
- Des thématiques bien traitées,
- Des personnages intéressants,
- Une belle montée en tension sur la fin.
On a moins bien aimé
- Une écriture qui manque de souffle,
- Une construction formelle parfois frustrante,
- Une intrigue qui met (très) longtemps à s'installer.
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