Critique Human Revolution #3 [2011]
Avis critique rédigé par Vincent L. le jeudi 23 mai 2013 à 14h04
Tout simplement incontournable...
Paru en 2000 sous l'égide du studio Eidos Interactive, Deus Ex avait, au moment de sa sortie, fait son petit effet dans le monde du jeu vidéo. FPS reprenant astucieusement nombre d'éléments quasiment réservés aux seuls RPG (à l'époque), il proposait ainsi un jeu d'action rythmé se déroulant dans un univers très ouvert, laissant aux joueurs une énorme liberté et s'appuyant sur un scénario extrêmement bien conçu (tant en terme d'histoire que de construction). Grâce à sa prise en main impeccablement pensée (le jeu avait été initialement développé pour une seule exploitation PC), Deus Ex s'était rapidement imposé comme une grande réussite auprès des joueurs du monde entier. Aujourd'hui, il revet toujours cette aura de jeu "culte" dont sont parés les plus grands titres, et laisse encore à celles et ceux qui s'y sont essayé des souvenirs de jeu imperissables.
Sorti en 2004, le deuxième épisode, Invisible War, avait quant à lui fortement déçu. Non pas qu'Eidos Interactive ait accouché d'un mauvais jeu, loin de là, il s'était simplement contenté d'un produit bien en deça des attentes créées par le premier opus. Pensé pour un public plus large (donc en multisupport consoles/PC), il avait largement restreint la liberté d'action pour proposer un FPS plus classique, nettement moins poussé dans son côté RPG, s'appuyant sur un scénario bien moins ambitieux que celui de son ainé. Malgré son un univers futuriste toujours aussi intéressant, Invisible War s'imposait dans l'esprit collectif comme un simple produit "vite joué, vite oublié" ne soutenant pas deux minutes la comparaison avec son prédécesseur. Les ventes de ce deuxième jeu ayant toutefois été très correctes, une nouvelle suite fut mise en développement au sein du studio Eidos Montréal.
Ce troisième opus, Human Revolution, se présente comme une préquelle aux deux autres jeux, plaçant son action vingt-cinq ans avant les évènements racontées dans Deus Ex. A priori, ce parti-pris tendait à faire craindre le pire pour la qualité du jeu et, par la même occasion, pour l'avenir de la saga. En effet, si l'on s'en réfère à ce qui se fait pour le cinéma, on se rend compte que nombre de franchises nées d'un premier film culte se sont malheureusement achevées sur une préquelle de bien piètre qualité (citons comme exemple Cube Zero, Ring 0 ou Une nuit en enfer 3). De fait, si l'on attendait à l'époque avec impatience Invisible War, on en était venu à craindre que Human Revolution ne soit qu'un dernier opus bassement commercial, une sorte de chant du cygne pour la série. Mais au final, loin d'être un ratage, ce troisième épisode marque un véritable renouveau et se place sous le signe de l'incontestable réussite.
Mettons immédiatement les pieds dans le plat : Human Revolution n'atteint à aucun moment les sommets de Deus Ex. A l'instar d'Invisible War, la ligne directrice de ce nouveau jeu a clairement été son accessibilité au plus grand nombre. Développé à la fois pour consoles et PC, il réduit considérablement la liberté d'action des joueurs et l'aspect ouvert de l'univers (il n'y a qu'une dizaine de quêtes secondaires à débloquer), ne proposant au final qu'une aventure très dirigiste. A ce niveau, force est de constater que l'argument RPG sur lequel est vendu le jeu est quelque peu survendu. Ainsi, les choix fait par les joueurs n'influeront que très peu sur le reste de l'histoire (uniquement sur des quêtes secondaires et sur quelques relations avec d'autres personnages), et, au delà d'une progression d'expérience permettant de personnaliser son héros, Human Revolution est au final bien plus proche du simple jeu d'action.
Ceci étant dit, Human Revolution n'est en aucun cas un mauvais produit, et, dans le genre, il tire largement plus son épingle du jeu que le très moyen Invisible War. En effet, au delà de cette perte en terme de liberté d'action, tous les autres aspects du jeu sont impeccablement travaillés, à commencer par le scénario. Parfaitement écrit, basé sur une histoire conséquente, il accroche le joueur dès son introduction pour ne plus jamais le laisser partir par le suite. Construit comme une intrigue à tiroir digne des meilleures saisons de 24h Chrono, il propose de remonter petit à petit la piste d'une conspiration de taille mondiale qui va faire voyager aux quatre coins du monde. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'histoire proposée ne fait pas figure de pétard mouillé, tenant ses promesses jusqu'au bout. Certes, les plus aguerris ne seront pas forcément surpris, mais au final, le tout s'avère très solide.
Mais l'histoire en elle-même ne serait rien si elle ne s'inscrivait pas dans l'univers au combien passionnant de Deus Ex. En jouant la carte de la préquelle, les développeurs permettent aux fans de la première heure de jouer les évènements qui vont amener à la mise en place du monde de 2050, tout en s'adressant aux néophytes en leur proposant un background nettement plus simple d'accès que ne pouvaient l'être ceux des deux premiers opus. Le tout ne se réduit heureusement pas à une simplification de mauvais goût, mais s'inscrit dans une guerre entre plusieurs multinationales qui tentent chacune à leur manière de façonner ce que sera le futur. Construit, profond, résolument adulte dans ses thématiques, l'univers mis en place par Human Revolution s'avère tout aussi passionnant que ne pouvait l'être celui du premier Deus Ex, et ce d'autant plus qu'il est mis en valeur par un personnage principal très charismatique.
Sur le fond, Human Revolution est donc une belle réussite. La forme n'est cependant pas en reste, et propose un bel écrin pour illustrer l'histoire proposée. Certes, l'aspect purement technique n'est pas exceptionnel, mais on ne dénote aucune véritable fausse note. Ainsi, si les graphismes ne sont pas à proprement parler merveilleux, ils s'inscrivent cependant dans une norme correcte et ne nuisent pas au plaisir de jeu ; de même, si les doublages français peinent souvent à coller aux mouvements des lèvres, ils sont toutefois dotés de voix tout à fait convaincantes. Mais si ces quelques petits bémols existent, ils sont largement compensés par une réalisation impeccable qui parvient à doter le jeu d'une ambiance absolument géniale (largement aidée par un travail sonore en tout point réussi). Ainsi, au delà de ses grandes qualités d'écriture, Human Revolution s'avère doté d'une atmosphère qui facilite l'immersion.
Human Revolution propose de plus plusieurs façon d'être abordé, qui correspondent chacune à des styles de jeu différents. Ainsi, outre se la jouer grosse brute et tirer dans tout ce qui bouge (probablement l'optique la plus simple), il est possible de faire évoluer son personnage afin de l'orienter vers d'autres manières d'agir : façon "Splinter Cell", avec des équipements de dissimulation et de camouflage qui vont permettre de contourner les dangers, ou façon "Pirate informatique", où l'on pourra dévérouiller les portes, prendre les accès les plus simples et pirater les ordinateurs pour récupérer le bon mail au bon moment. Cela est d'autant plus appréciable que le level design de Human Revolution est parfaitement construit, proposant chaque fois plusieurs chemins et plusieurs manières d'arriver à l'objectif final (parfois facilités par une I.A. un peu à la ramasse, les adversaires souffrant visiblement d'un Alzheimer précoce).
Globalement, chacune des optiques est viable, permettant de boucler les missions et de progresser de façon identique (on gagne de l'expérience et de l'équipement de la même manière en tuant, en assomant ou en piratant). Le seul reproche à faire finalement (et, globalement, le plus gros défaut du jeu) concerne le fait que les développeurs nous aient pondus quatre boss qui ne peuvent être vaincus que par le combat. Autant dire que ceux qui n'ont pas amélioré leurs augmentations physiques risquent de se mordre les doigts devant certains d'entre eux ; certes, chacun possède sa faiblesse, mais la découvrir suppose un nombre de game over conséquent (ou un petit tour sur les site qui donnent la soluce du jeu...). Dommage, donc, de prévoir diverses optiques de jeu fonctionnant à armes égales endant 90% de l'aventure, pour au final n'en favoriser qu'une seule lors des combats finaux.
La conclusion de Vincent L. à propos du Jeu Vidéo : Human Revolution #3 [2011]
Bien loin de la déception qu'avait suscité Invisible War au moment de sa sortie, ce troisième opus de la franchise Deus Ex s'impose haut la main comme une grande réussite. Si le jeu ne retrouve jamais la profondeur de gameplay et la liberté d'action qu'offrait le premier épisode, il compense cependant grâce à son univers extrêmement bien développé, son histoire pleine de surprises et son ambiance impeccablement travaillée. Cela, ajouté à un excellent level-design et à la possibilité d'aborder le jeu de différente manière, rend au final Human Revolution tout simplement incontournable.
On a aimé
- Univers excellent,
- Histoire solide,
- Ambiance impeccable,
- Le personnage principal,
- Level design bien travaillé,
- Durée de vie très correcte,
- Plusieurs manières d'aborder le jeu.
On a moins bien aimé
- Aspect RPG totalement survendu,
- Une I.A. pas géniale,
- Les boss.
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