Critique Open Grave
Avis critique rédigé par Vincent L. le mardi 6 mai 2014 à 13h00
Artificiel...
Il est à l'heure actuelle difficile de savoir quoi penser du travail de Gonzalo López-Gallego. En effet, fort d'un premier long-métrage bancal mais pas inintéressant (Les Proies), il s'était par la suite planté en beauté en livrant un second film aussi roublard que franchement navrant (Apollo 18), ratant de fait la difficile (mais incontournable) épreuve de la deuxième oeuvre. Avec Open Grave, nous étions donc curieux de voir ce que ce réalisateur avait vraiment dans le ventre, en d'autres termes savoir s'il s'agissait d'un simple faiseur sans personnalité (ce que tend à confirmer Apollo 18 et la première partie des Proies) ou, au contraire, d'un cinéaste malin mais maladroit (ce que pourrait prouver la deuxième partie des Proies).
Autant annoncer la couleur, après la vision d'Open Grave, nous n'avons toujours pas de réponse claire et défintive à donner. En effet, si son troisième long-métrage n'est clairement pas une grande réussite, il ne peut pas non plus être considéré comme un échec. Par comparaison avec ses autres réalisations, on pourra toutefois trouver deux traits de caractères à Gonzalo López-Gallego : d'une part un côté opportuniste qui l'amène à surfer sur les grandes modes cinématographiques, d'autre part une absence quasi-totale de subtilité dans le traitement de ses sujets. Cela en fait-il un mauvais réalisateur ? Pas nécessairement, car s'il n'atteindra probablement jamais la cours des grands, il possède toutefois suffisamment de ressources pour se poser comme un habile faiseur apte à créer quelques longs-métrages efficaces.
Open Grave s'inscrit parfaitement dans cette deuxième optique, et, avec un scénario un peu mieux écrit, aurait même pu s'avérer intéressant. Ainsi, malgré un pitch éculé au possible (une groupe d'individus amnésiques tente de comprendre qui ils sont et ce qu'ils font là) et en dépit de quelques baisses de régime, Gonzalo López-Gallego parvient à livrer un long-métrage qui tient la route et réussit à accrocher le spectateur. Sa mise en scène, soignée, fait la part belle aux extérieurs (on sent le réalisateur bien plus à l'aise que dans le confinement d'Apollo 18), réserve quelques scènes formellement réussies (le prologue et l'épilogue sont franchement efficaces) et bénéficie d'une esthétique travaillée qui permet de poser une atmosphère certes très artificielle, mais tout de même bien entretenue.
Il faut dire que le scénario du film est à la fois son principal atout et son plus grand défaut. Ainsi, d'un côté, le pitch mystérieux sur lequel s'appuie Open Grave est d'une efficacité indéniable, la structure du long-métrage emportant ainsi le spectateur qui, par simple curiosité, aura envie de voir de quoi il en retourne vraiment. D'un autre côté, avouons que l'on a déjà vu une quantité conséquente de longs-métrages qui utilisent ce procédé, artificiel au possible (quelle que soit l'histoire racontée, le scénario est toujours à peu près le même) et sans aucune garantie quant au résultat final (combien a t-on déjà vu d'épilogues foireux ?). Toute l'entreprise repose donc sur les révélations finales qui, presque indépendamment des efforts développés en amont, vont faire la réussite ou l'échec du film.
La chose est ici d'autant plus compliquée que les révélations finales se situent entre les deux, c'est à dire que sans être moisies (non, ce n'est pas le purgatoire et ils ne sont pas tous morts), elles ne sont pas formidables non plus. Sans spoiler outre mesure, disons qu'Open Grave s'inscrit dans un genre usé jusqu'à la corde et s'appuie au final sur une histoire certes artificielle, mais globalement cohérente et satisfaisante. Le final, sans être transcendant, tient toutefois la route (malgré la dernière péripétie, qui n'apporte strictement rien) et permet de se dire que l'on a pas perdu quatre-vingt dix minutes de notre vie pour rien. C'est d'ailleurs cela (et presque uniquement cela) qui reste après la vision du film : ce sentiment d'un film moyen sur la durée, pas déplaisant mais jamais véritablement passionnant.
Le film aurait toutefois pu être un peu plus convaincant si l'écriture du scénario avait été plus rigoureuse. Ici, les facilités scénaristiques sont franchement grossières et tendent souvent à exaspérer le spectateur. Un exemple parmi d'autres : le seul personnage qui sait tout est muet et ne sait écrire qu'en chinois... Avouez que c'est pas de bol quand même ! Et tout le film nous sert sans arrêt ce genre de coïncidences, soit pour faire avancer l'action, soit, au contraire, pour la stopper momentanément. Les ficelles sont visibles de bout en bout car, ne nous mentons pas, Open Grave n'aurait été qu'un moyen-métrage sans ces effets de manche souvent insupportables. D'ailleurs, en y regardant de plus près, il n'y a pas que le public qui est agacé, on sent également que les comédiens non plus n'y croient pas une seule seconde, ce qui se ressent malheureusement sur leur jeu souvent très approximatif...
La conclusion de Vincent L. à propos du Film : Open Grave
Fort d'un pitch basique, d'un schéma scénaristique éculé et de révélations finales tout juste correctes, Open Grave aurait pu être un naufrage. Ce n'est pas le cas, et ce en partie grâce à la mise en scène soignée (même si sans génie) de Gonzalo López-Gallego qui permet de noyer les intentions visibles du script pour emmener, doucement mais sans ennui, le spectateur jusqu'à l'épilogue. Au final, Open Grave laisse donc le souvenir d'un film moyen, qui peine à se trouver une identité et une originalité, mais qui ne sombre jamais dans le ratage total. Dans le genre, on aura vu bien pire...
On a aimé
- Une mise en scène soignée,
- Une histoire correcte,
- Une ambiance bien entretenue.
On a moins bien aimé
- Un schéma scénaristique éculé,
- Des facilités grossières dans le scénario,
- Des comédiens peu impliqués.
Acheter le Film (non sorti en salles françaises) Open Grave en un clic
Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Open Grave sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.