Critique L'auberge sanglante [2015]
Avis critique rédigé par Amaury L. le mardi 23 août 2016 à 17h08
Une tuerie raffinée...
France 1831, une auberge tranquille dort gentiment dans un coin perdu de l'Ardèche. Ce calme ne convient pas franchement aux tenanciers qui aimeraient s'enrichir davantage. Comment faire ? Pourquoi ne pas dépouiller complètement les clients imprudents qui oseraient s'aventurer pour une nuit dans l'auberge ? Toutefois, il ne faudra pas éveiller les soupçons des forces de l'ordre...
Une boîte en rouge et noire...
L'éditeur Pearl Games offre en format plutôt compact (pas de sensation de vide dans la boîte) un jeu atypique de part ses illustrations angoissantes de Weberson Santiago et sa thématique, des « serial killers » ardéchois, l'ensemble inspiré d'une histoire vraie. L'auberge sanglante contient un matériel agréable avec 78 cartes Clients, un plateau de jeu minimaliste (une légère déception visuellement), des tuiles Chèque et divers jetons. Reconnaissons le travail graphique qui donne tout son « charme » à L'auberge sanglante.
Quelques conseils pour désosser un client...
Le jeu se déroule en deux saisons (deux épuisements de la pioche) qui comportent un nombre de tours variables. Chaque tour s'articule autour de trois phases. On commence par l'accueil des passagers qui consiste à piocher des cartes Client et les poser sur des emplacements vides Chambres (maximum 8). On poursuit avec les actions des joueurs (deux actions par tour) parmi cinq possibilités, corrompre un client, construire une dépendance, tuer un client, enterrer un cadavre, passer son tour et blanchir de l'argent. Chaque action possède un coût de 0 à 3 (dépend du niveau de la carte choisie) qui sera payé par la défausse d'une ou plusieurs cartes de votre main. Des rabais peuvent être octroyés selon les capacités de vos dépendances, des cartes jouées. Ensuite, une dernière phase clôture le tour avec l'enquête des forces de l'ordre (surtout ne pas laisser de cadavres non enterrés ou attention à l'amende !), le départ des voyageurs encore vivants (oui, on ne tue pas tout le monde) et le paiement des salaires de vos comparses (1 franc par carte encore tenue en main à la fin du tour). Lorsque la pioche des cartes Client s'épuise pour la seconde fois, alors la fin de partie survient. Le plus riche l'emporte.
Une auberge finement mécanique...
L'auberge sanglante s'inspire d'une histoire macabre où un couple d’aubergiste aurait assassiné et dépouillé une cinquantaine de personnes (sur un laps de temps de 23 ans) dans un hameau ardéchois dénommé Peyrebeille à quelques kilomètres du village de Lanarce. Pour compléter la petite histoire, cette auberge serait toujours en activité...
Ce fait divers mettant en scène des tueurs en série connut plusieurs adaptations au cinéma dont le film L'auberge rouge du cinéaste français Claude Autant-Lara en 1951 avec en victime potentielle Fernandel.
Concernant l'adaptation en jeu de plateau, L'auberge sanglante s'appuie davantage sur ces mécanismes que réellement sur sa thématique. On découvre des engrenages subtils, proche de la construction de deck, avec un accent porté sur les effets des cartes Client qui possèdent plusieurs fonctions (devenir comparse, se transformer en bâtiment ou devenir une victime et ultérieurement un cadavre « bien juteux »). Toute la partie, on se sent à l'étroit, en manque de temps. On a l'impression de ne pas vraiment faire ce que l'on souhaite mais plutôt de tenter de maximiser l'intérêt de ces actions. Le jeu souffre d'un manque flagrant d'accélération, on joue toujours à l'économie, à petite échelle, pas de tuerie de masse à prévoir mais de l'assassinat mesuré et bien pensé. Une certaine inertie se dégage avec l'obligation de prévoir sur plusieurs tours une action déterminée avant de récupérer le fruit de sa stratégie, d'abord corrompre des clients qui eux-mêmes permettront d'accomplir la sale besogne et aussi d'enterrer le macchabée. L'auberge sanglante reste fluide mais demeure mesurément épique, presque linéaire. On remarque souvent qu'une carte détenue (ou une combinaison) par un joueur lui permet de s'enrichir plus facilement mais qu'il ne s'agit pas de la même d'une partie à l'autre. Il faut sentir le vent « nauséabond », la tournure de la partie et avoir l'opportunité (et un zeste de chance) afin de s'emparer de la solution, si elle se présente et si on la trouve (loin d'être toujours évident) ce qui facilitera votre petite entreprise macabre de détournement de pauvres malheureux. Intelligent mais pas sanglant !
La conclusion de Amaury L. à propos du Jeu de société : L'auberge sanglante [2015]
L'auberge sanglante s'inspire d'un fait divers morbide, un couple d'aubergiste tueurs en série dans un hameau isolé en Ardèche. Malgré une thématique forte, des illustrations adaptées (enfin certains n'aiment pas du tout le travail de Weberson Santiago), L'auberge sanglante s'articule surtout auprès de mécanismes fins et ouvragés, proche des « deck-building ». Toutefois, certains effets de cartes prêtent à discussion mais rien de bien méchant. Même si l'éditeur prône un jeu tout public, force est de constater que la thématique (assassiner des gens), pourtant moyennement marquée, ne plaît pas à tous et s'adresse uniquement à un public mâture et responsable (ou légèrement amoral). Une (sympathique) auberge ludique.
On a aimé
- Les illustrations qui collent à la thématique.
- Un jeu subtil.
- On réfléchit.
- Une variante en solitaire.
- Tourne bien de 1 à 4 joueurs.
On a moins bien aimé
- La thématique moyennement marquée.
- Tours de jeu parfois linéaires.
- Toujours sur le même rythme.
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