Critique L'odyssée du Phobos [2019]
Avis critique rédigé par Gaetan G. le jeudi 26 septembre 2019 à 14h00
Vers l'infini, et au-delà !
« Aujourd'hui, tu pars dans une grande expédition spatiale vers Phobos, la lune de la planète Mars, pour aller aider ton ami le robot qui t’a appelé à la rescousse. Quel personnage vas-tu prendre ? Choisis bien, car dans cette histoire pas comme les autres, chacun de tes choix va changer ton aventure ! »
Je dois avouer avoir un petit faible pour les volumes de la série « ma première aventure ». Le premier tome, En quête du Dragon, a été une découverte magnifique, et il a donné lieu à des moments de partage vraiment magiques avec ma fille. Pour l’anecdote, cette dernière connait tellement les histoires qu’elle est capable de les réciter intégralement de mémoire.
Le second tome, La découverte de l'Atlantide, m’avais un poil moins convaincu en raison d’une écriture en retrait et d’un côté die-and-retry un peu trop punitif pour un livre enfant (impossible de savoir à l’avance si un chemin est le bon).
Inutile de vous dire que j’attendais de près la sortie du troisième volume avec impatience, histoire de voir de quelle côté elle allait se situer… Après une bonne dizaine de lecture, le verdict ne fait pas de doute : c’est pour le meilleur ! Envie d’en savoir plus ? Ça tombe bien, c’est ici qu’on en parle.
Dans la lignée de ses prédécesseurs
A l’image des volumes précédents de la série, l’Odyssée du Phobos est vraiment costaud et supportera sans broncher les manipulations des enfants. Le papier est épais et plastifié, ce qui devrait suffire à éviter les déchirures intempestives et les fuites du bibi du soir, tandis que reliure spiralée ne s’endommage pas au fil du temps. Mon petit dernier, âgé de 2 ans, est tout de même parvenu à arracher une des roulettes servant à la gestion de l’inventaire. Un point de super-glu et hop, tout était rentré dans l’ordre.
Visuellement, les auteurs ont choisi un rendu très cartoon avec des couleurs hyper saturées. On aime ou on n’aime pas, mais force est de constater que l’ensemble reste toujours très lisible. Pour la petite histoire, l’illustrateur est le même que celui d’En quête du Dragon, mais en revanche cette fois-ci les auteurs lui ont laissé carte blanche. De fait, les styles des deux bouquins n’ont absolument rien à voir…
L’idée de base de la série est de proposer un livre interactif adapté aux plus jeunes (dès 4 ans si les parents lisent l’histoire et dès 7 ans en toute autonomie). Après une première aventure med-fan qui proposait de partir à la recherche d’un dragon, une seconde aventure sous-marine à la recherche des ruines de l’Atlantide, place cette fois-ci à une ambiance S.F. comme on les aime.
Dans l’Odyssée du Phobos, le troisième tome de la série, les petits explorateurs vont devoir partir à la recherche de leur ami robot. Mais ça ne va pas les occuper toute l’aventure, puisque celui-ci est récupéré dès la fin du deuxième chapitre. Hélas, il sera (très) mal en point et il faudra donc partir à la recherche de pièces de rechange pour le remettre à neuf.
Le récit proprement dit est divisé en 7 sections, dont la première page est en quelque sorte un « point de passage imposé ». Quels que soient le chemin qui a été parcouru avant, on lit toujours ce qu’il y a sur la page et 3 choix sont toujours proposés au lecteur. Les pages suivantes de la section sont divisées en 3 dans le sens de la hauteur, chaque section correspondant à un de ces choix. Ensuite, il ne reste plus qu’à faire défiler les pages de la partie voulue jusqu’à la fin du chapitre. Le livre a une iconographie simple pour indiquer à l’enfant combien de pages il doit tourner en fonction de ses décisions (« si vous faites ceci allez à la page suivante, si vous faites cela sautez deux pages ») :
Un gros travail a donc été fait pour simplifier les mécaniques du genre et les mettre à portée des plus jeunes. A l’usage, la formule fonctionne parfaitement, même avec des bouts de chou de 4 ans à peine. La première lecture sera peut-être un peu difficile, le temps qu’ils comprennent le principe, mais ils vont rapidement commencer à expérimenter et à tester toutes sortes de chemins.
D’autant qu’il y a pas mal de possibilités offertes. Par exemple, le jeu propose d’incarner 3 personnages différents : il y a Toby le scientifique, Gloub le mécanicien et Eclipse la pilote. Ce choix n’est pas que cosmétique, puisque chacun dispose de chemins qui lui sont exclusifs (ou interdits).
Plus accessible / moins punitif que l'Atlantide
J’ai une affection toute particulière pour le premier volume de la série, qui reste une des plus belles expériences de partage que j’ai pu avoir avec ma fille. Le second tome m’avais un peu moins plu, pour tout un tas de raisons, et j’étais curieux de voir où les auteurs allaient nous emmener cette fois-ci.
Fort heureusement, les auteurs ont visiblement eu à cœur d’écouter les retours de la communauté, car dans les faits ce nouvel opus de « ma première aventure » corrige les défauts de l’épisode précédent.
Premier point, les enjeux de l’aventure sont beaucoup plus clairs et explicites. Là où la découverte de l’Atlantide avait souvent un petit côté injuste – l’exploration n’était pas forcément récompensée et il n’était pas forcément possible de deviner à l’avance si un choix allait être le bon – ce nouvel épisode est bien plus logique dans sa construction. Les adultes n’auront aucune difficulté à deviner quel choix de dialogue est le bon en fonction de leur inventaire et/ou de leur personnage, à voir s’ils préfèrent aider leur petite tête blonde ou la laisser découvrir le chemin optimal à force d’essais. Cela rabaisse la difficulté globale du titre, fort logiquement, mais cela donne plus de naturel à l’histoire et renforce à mon sens l’immersion.
Le déroulé est également différent des épisodes précédent, on sent que les auteurs ont voulu apporter une expérience différente pour ce troisième tome de la série, histoire d’éviter la lassitude.
Seconde originalité, l’équipement est utilisé d’une manière plus complète. Cette fois-ci, les équipements pourront être échangés contre d’autre en cours de partie. Pas de quoi crier à la révolution (sauf si vous êtes un émule de Steve Jobs, auquel cas il vous en faut très peu), mais encore une fois c’est agréable de voir que les auteurs ont cherché comment apporter de nouvelles choses avec leur matériau d’origine.
Le titre n’est pas non plus parfait : son principal défaut, à mon sens, c’est son final en mode « école des fans » : tout le monde il est beau, tout le monde il a gagné mais certains auront juste un peu plus gagné que les autres. C’est sans doute une excellente idée pour les enfants détestant la frustration, mais cela diminue fortement l’impact du bouquin sur l’enfant. Après tout, à quoi bon le refaire encore et encore et transpirer à la recherche du meilleur chemin, puisqu’on aura gagné du premier coup ?
Mais le résultat m’a franchement convaincu, au point où l’odyssée du Phobos parvient à un résultat qui n’était pas gagné d’avance : si j’avais un volume à conseille pour faire découvrir la série à un enfant, c’est celui-ci que j’irais mettre en avant. Plus simple, plus cohérent, plus original, et joliment coloré histoire de ne rien gâcher, cette nouvelle aventure a vraiment tout pour plaire. Et le fait de commencer par celui-ci permet de se garder En quête du Dragon, de loin le meilleur tome de la série, pour un peu plus tard…
La conclusion de Gaetan G. à propos du Livre-jeu : L'odyssée du Phobos [2019]
Comme les précédents volume de la série « ma première aventure », l’Odyssée du Phobos est tout simplement un incontournable pour faire découvrir le concept de livre-jeu aux enfants de 4 à 7 ans. Le résultat est irréprochable sur la forme – c’est un bel objet, joli, coloré et surtout suffisamment costaud pour supporter les manipulations des plus jeunes – comme sur le fond – tous les jeunes lecteurs qui ont testé le bouquin ont accroché dès leur première lecture.
En revanche, une dernière question peut éventuellement se poser : avec quel tome faut-il commencer la série ? Il y a quelques semaines, je vous aurais répondu sans hésiter En quête du Dragon, mais aujourd’hui force est de constater que l’Odyssée du Phobos fait lui-aussi un excellent candidat. Gros avantage, le fait de le faire dans cet ordre permet de se garder le meilleur tome de la série pour un peu plus tard.
On a aimé
- Un livre interactif à mettre entre les mains de tous les 4 / 7 ans
- Costaud
- Moins punitif que la découverte de l’Atlantide. On peut plus facilement trouver le bon chemin
- Quelques nouveautés, notamment sur la gestion de l’inventaire
On a moins bien aimé
- Un peu cher (17.90€)
- Un final en mode "tout le monde il a gagné" qui ne pousse pas à s'investir pour trouver le meilleur chemin
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