Depuis l'adaptation de 300, Frank Miller a été découvert par une audience plus large, plus grand public qui apprend à découvrir ses oeuvres. Auteur émérite, dessinateur aux univers forts, Il est aussi connu pour avoir des positions politiques controversées. Alors quand une série reprenant le Mythe Arthurien adaptée d'une de ses bandes dessinées sort, il parait naturel d'aller jeter un coup d'oeil.... Non, bon, d'accord, plus que jeter un coup d'oeil, se plonger dedans.
Résumé:
Dans la Grande Bretagne médiévale et magique, Le peuple des fées, les Fae, sont massacrés par un corps de l'Eglise sans pitié, les Paladins Rouges. Uther Pendragon est un roi fragile, assis sur un trône qui s'effrite de jour en jour. De son coté, Nimue est la fille de la gardienne du temple de son village. Elle fait montre de pouvoirs étranges qui perturbent ses relations avec les autres. Jusqu'au jour où les Paladins attaquent le village...
Une apparence impeccable:
Cursed : La rebelle a pas mal de bons points pour la défendre. Avant tout, c'est un budget conséquent et toute la partie reconstitution est de très bonne qualité. Les armures sont stylisées mais assez réalistes pour être crédibles, les vêtements évitent les outrances d'une fantasy qui veut faire de l'esbrouffe. La réalisation soignée va dans ce sens et l'imagerie est vivante.
Pour entrecouper les scènes, des passages en dessins animés stylisés à la manière de la bande dessinée originelle viennent souligner l'histoire et la situation des personnages. Ces séquences sont du plus bel effet, permettant de plonger un peu plus dans les légendes Arthuriennes et leurs univers.
Pour ce qui est de l'histoire,
Miller est un auteur chevronné, il sait ce qu'il fait. Le récit garde sa logique, il abonde de références et les utilise intelligemment pour souligner son propos. Mais, arrivé à ce point de la critique, vous vous dites que tout cela fait une bonne série ? Pas vraiment...
Les petits détails:
Le problème principal de
Cursed vient de la finition, des petits détails. Pour qu'un récit soit prenant, il lui faut capter votre attention et la garder tout le long. Et malheureusement, ce n'est pas le cas.
Si techniquement la série est irréprochable, il est des éléments qui vous feront sortir de l'histoire. Le meilleur exemple de cela est Katherine Langford. C'est une actrice douée, je ne le nie pas mais elle n'a pas le physique ni la carrure du rôle. Ses silences sont trop longs, ses bras jamais au bon endroit (généralement ballant sur le coté...), rien dans sa façon de se tenir ne respire la reine d'une rebéllion. Elle a quelques sursauts, je le répète, c'est une bonne actrice mais elle ne peut pas faire grand chose quand les dialogues et la mise en scène ne sont pas au point. Voulant jouer la carte d'une certaine modernité, les deux sonnent faux dans un univers aussi médiéval. Et sortent le spectateur de son récit.
Alors le récit... Je vous ai parlé des positions politiques controversées de
Miller ? Vous retrouverez ses thèmes de prédilections partout. Ainsi, vous avez un peuple opprimé par des puissances implacables qui ne voit son salut que dans la violence et la détermination de certaines individualités. Tout se résoud par la force et baigne dans le sang. Pas de manipulations intelligentes pour éviter la confrontation, pas de stratégies roublardes pour se sortir d'une situation périlleuse. Juste le sang et la manière forte...
Les références obligatoires:
La série s'inspirant de la mythologie Arthurienne, il fallait bien faire venir les personnages célèbres de la Saga. Arthur, Morgane, Lancelot et les autres sont donc là, apprenant à devenir ce qu'ils seront par la suite. Si au départ, leur place et positionnement vous surprendront, allant parfois à l'opposé de leur symbole, ils reprendront leur sens à fur et à mesure. Le récit les utilise parfaitement, justifiant ainsi les combats, les massacres, les alliances et les trahisons.
Mais
Cursed par son imagerie fait référence à d'autres oeuvres et d'autres univers. L'ensemble baigne dans un matériel qui ressemble furieusement à celui de
Game of Throes mais pourquoi pas après tout ? Ce sont des bons costumes, juste une ressemblance qui risque de vous faire sortir de la série. Plus troublant est le moine larmoyant. Habillé d'une cape noire, maniant son épée avec des sauts de cabri au milieu d'une lumière rouge, il est difficile de ne pas voir un seigneur Sith....
Pour Qui?
Cursed : La Rebelle s'adresse à un public sensible au visuel et qui ne s'attachera pas aux détails de l'histoire. Les images sont poignantes, la technique est irréprochable, il ne faut juste pas être regardant sur la mise en scène. Les acteurs sont attachants malgré leurs défauts et vous vous surprendrez à attendre le sort de tout ce petit monde avec impatience.
Pour les autres, en particulier les amateurs des légendes Arthuriennes, il sera plus difficile d'apprécier les écarts pris par la narration et le mélange des références modernes presque déplacées.