Critique Le Livre de Boba Fett [2021]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 13 février 2025 à 09h00

The Mandalorian 2.5

Univers officiel

Dans le monde des séries, un spin-off est en théorie une série dérivée d'une autre devant évidemment garder ses liens avec l’œuvre mère tout en étant capable d'en être indépendante. Mais comme on va le voir avec Le Livre de Boba Fett, il y a souvent un mond(alorian) entre la théorie et la pratique...

Dire que Boba Fett est pour la première fois apparu dans un court-métrage d'animation intégré au tristement célèbre Au temps de la guerre des étoiles en 1978... Il s'est néanmoins rapidement fait aimer des fans grâce à ses courtes apparitions dans L'Empire Contre-Attaque et dans Le Retour du Jedi où il connu une fin tragique (et un peu ridicule) projeté dans le gosier d'une créature géante. Une mort peu digne d'un personnage devenu culte qui ressuscita dans l'ancien univers étendu tout en apparaissant enfant dans L'Attaque des Clones (2002) et dont des murmures de films dédiés se firent entendre notamment du côté de Joe Johnston, un de ses créateurs. Il faut néanmoins attendre le rachat de la licence Star Wars par Disney en 2012 pour voir se concrétiser un premier projet : un film dédié sur le chasseur de primes le plus célèbre de la galaxie. Confié au réalisateur Josh Trank, le projet fut finalement annulé à cause de mauvaise réputation du cinéaste mais aussi suite au semi-échec de Solo comme de la volonté de Lucasfilms de se concentrer sur le service de streaming Disney+. Sortit ainsi fin 2019 la première saison de The Mandalorian chapeautée par Jon Favreau qui permit le retour dans l'univers officiel de Boba Fett lors de la seconde saison qui se termina pas l'annonce du spin-off Le Livre de Boba Fett alors que sa production avait déjà débutée. Une mini-série créée et entièrement scénarisée par Jon Favreau qui garde ainsi le contrôle de ce nouvel univers de séries connectées faisant venir des créatifs de la série mère tels que Dave Filoni ou Bryce Dallas Howard tout en faisant appel à quelques nouveaux venus dont Robert Rodriguez. Un choix apparemment logique puisque le réalisateur américain de Desperados va plonger dans un space-western se déroulant surtout sur la planète désertique Tatooine. La mini-série de 7 épisodes sortit début 2022 dans le monde entier recevant un accueil plutôt favorable avec des réserves que l'on va tenter d'expliquer.

La mini-série se déroule après Le Retour du Jedi et les deux première saisons de The Mandalorian. On suit les aventures de Boba Fett (Temuera Morrison) alors qu'il est devenu le nouveau maître de l'empire du crime de Jabba le Hutt sur Tatooine aux côté d'une autre chasseuse de primes Fennec Shand (Ming-Na Wen). Malgré cela, il n'est pas au mieux de sa forme car sa situation est précaire tant il n'est pas respecté par les différentes instances officielles et officieuses du pouvoir de Tatooine et que son poste est contesté. Il aura fort à faire entre les différentes organisations de la pègre, la mairie locale, les héritiers proclamés de Jabba ou encore le syndicat des Pikes qui commence à inonder la planète de leur drogue. D'autant plus qu'il compte revoir les méthodes de ses prédécesseurs et instaurer une sorte de règne bien plus apaisé et pacifique. Il reste néanmoins convalescent après sa survie et des années passées dans le désert l'obligeant à de longues cessions dans une cuve à bacta censée le guérir. C'est dans ces moments qu'il va se remémorer sa survie et son temps au sein d'une tribu de Tuskens. Pour garder leur position, Fennec Shand et Boba Fett vont devoir se faire des alliés tout en collectionnant les ennemis. Anciens comme nouveaux...

En termes d'écriture, la série est divisée en deux parties distinctes. Les quatre premiers épisodes se concentrent principalement sur deux temporalités : les débuts de Boba Fett comme sorte de parrain de la pègre et des flash-backs racontant sa survie commençant dans le ventre du Sarlacc jusqu'à son apparition dans la seconde saison du Mandalorian. Une structure assez efficace permettant de bien se concentrer sur ce personnage iconique de la galaxie Star Wars et de donner des réponses satisfaisantes quant à sa survie. Les péripéties s'enchaînent bien car on reste dans du divertissement comme avec la série mère. Mon plus gros soucis est finalement de proposer une mini-série sur un personnage étant plutôt du côté des méchants de la licence mais dont le traitement va à l'encontre de cette idée. On reste dans le cliché hollywoodien de prendre un personnage vendu comme un méchant mais dont le scénario va s'évertuer à en faire un gentil. Et ce à bien trop gros traits ici avec un Boba Fett devenant parrain de la pègre sans jamais se comporter comme tel, il est clément et patient face à ceux qui ne cessent de s'en prendre à lui avec un flegme qui frôle la naïveté. Et puis... C'est un chasseur de primes à la base mais n'espérez pas le voir effectuer ce métier...

Comme pour la saison 2 de The Mandalorian, je trouve le traitement de Boba Fett peu convaincant faisant qu'on a du mal à reconnaître ce personnage mystérieux et efficace... Certes, Jon Favreau veut nous raconter l'histoire d'une rédemption, d'un homme créé pour se battre et qui aura passé sa vie dans la violence côtoyant souvent ce qu'il se fait de pire dans la galaxie. Un homme qui s'ouvre aux autres et qui décide de faire le bien autour de lui. Pourquoi pas dans l'idée mais le traitement reste un peu maladroit. The Mandalorian nous a aussi appris que Jon Favreau n'a pas l'écriture la plus ciselée qui soit et aime prendre son temps tout en offrant des pauses dans son récit. C'est pourquoi les trois derniers épisodes de la saison sont assez surprenants dans le sens où ils mettent surtout en avant Din Djarin (Pedro Pascal), le héros de la série mère. Mais à tel point que Le Livre de Boba Fett pourrait s'apparenter à la saison 2,5 de The Mandalorian... Boba Fett disparaît même de l'écran pendant un épisode et demi (épisodes 5 et 6) où Din Djarin poursuit sa quête aux côtés de personnages issus de ses aventures. Un choix surprenant qui contredit un peu l'idée d'un spin-off mais qui saura contenter les fans de la série mère. On a donc le sentiment que Favreau a voulu faire rentrer deux séries en une seule avec un réel manque de liant entraînant un manque de rythme assez curieux.

Malgré ces reproches, la série reste agréable grâce notamment à la grande solidité de sa production. L'ambiance space-western propre à Tatooine fonctionne très bien et on se plonge avec plaisir dans toute sa mythologie : la pègre, le palais de Jabba, les cités de Mos Espa et de Mos Esley avec leurs cantinas remplies de créatures bigarrées, les étendues désertiques, les créatures belliqueuses ou encore les Tuskens avec leur étrange mode de vie. Evidemment que la fan service est à plein régime mais on reste très agréablement surpris par la qualité du travail effectué par les équipes artistiques que cela soit au niveau du design comme des effets spéciaux. Il y a un réel mélange de techniques à l'ancienne avec les effets numériques à la pointe de la technologie. Il y a notamment quelques combats de créatures semblant tout droit sortir d'un film de Ray Harryhausen. De nombreuses scènes s'apparentent à ce que les récits pulp de space-opera font de mieux avec des créatures géantes, des gangs d'aliens et autres robots menaçants se battant joyeusement dans un dernier épisode assez captivant. Mention spéciale à la musique de qualité de Joseph Shirley accompagnant le magnifique thème de Ludwig Göransson. Le Livre de Boba Fett sait se montrer très divertissante devenant une sorte de série du dimanche soir qu'on peut partager en famille et contenter tous les spectateurs. Ce n'est peut-être pas forcément ce que vous attendez de Star Wars ou d'une série TV mais c'est déjà bien de réussir cela.

En ce qui concerne les réalisateurs, évidemment que Robert Rodriguez était attendu se voyant confier trois épisodes (ép. 1, 3 et 7). L'Américain est clairement talentueux étant capable de gérer une telle production mais on sent clairement qu'il a perdu de sa maestria en ce qui concerne les scènes d'actions. La course-poursuite de l'épisode 3 est assez mollassonne à l'image du début de la bataille finale de l'épisode 7 même s'il se rattrape bien par la suite. Il est loin le temps du compère de Quentin Tarantino qui semble être devenu un yes-man assez talentueux au service de James Cameron et de Star Wars... Les autres réalisateurs sont dans le ton avec des mises en scènes toujours efficaces offrant la grandeur qu'il se doit à ce divertissement de qualité. Je retiendrait plus Bryce Dallas Howard se montrant à l'aise dans tous les genres avec un épisode 5 où l'action se fait moins stylisée et plus viscérale. Au casting, on retrouve Temuera Morrison qui aura donc incarné Jango Fett (père de Boba) dans L'Attaque des Clones avant d'être son fils dans The Mandalorian. L'acteur Néo-Zelandais livre une prestation assez charismatique d'homme bourru s'ouvant aux autres et dont les silences valent beaucoup de mots. Son visage abîmé donne une réelle profondeur au personnage. A ses côtés, Ming-Na Wen (Marvel : Les Agents du SHIELD, The Mandalorian...) reste toujours aussi charismatique en chasseuse de primes intraitable avec un certain détachement et un humour pince sans-rire efficaces. Au rayon des seconds rôles on retrouve des noms tels que Jennifer Beals ou Danny Trejo ainsi que d'autres surprises rendant le casting assez attachant. Pour ce qui est des noms moins connus, citons celui de Sophie Thatcher (Prospect, l'ambre de la lune verte, When the Streetlights goes on...) en meneuse d'un gang de jeunes cyborgs.

On vous la conseille si vous aimez Le Retour du Jedi, L'Attaque des Clones, The Mandalorian...

La conclusion de à propos de la Série Télé : Le Livre de Boba Fett [2021]

Auteur Bastien L.
72

Oscillant entre le spin-off et la saison intermédiaire de The Mandalorian, Le Livre de Boba Fett est un objet étrange souffrant de réels défauts. Son positionnement déjà mais aussi un personnage principal tantôt transfiguré de manière peu convaincante, tantôt laissé de côté... La réalisation peut apparaître inégal mais s'avère très efficace dans l'ensemble pour nous offrir un divertissement plaisant. La mini-série est ainsi sauvée par son ambiance Star Wars prenante, son casting attachant, ses scènes d'actions variées comme sa direction artistique très solide.

On a aimé

  • L'épisode final
  • La qualité de la production dans une ambiance space-western
  • Un divertissement très plaisant

On a moins bien aimé

  • Quelques errements de réalisation et de direction artistique
  • Un personnage principal pas toujours crédible
  • Une série se reposant trop sur le Mandalorien

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