Entretien avec... Delphine Bois et Nelyhann
Pour la bande originale du jeu Les Ombres d'Esteren...

Le monastère de Tuah, troisième supplément pour le jeu de rôle Les Ombres d'Esteren, est disponible depuis quelques temps dans toutes les bonnes crémeries (et dans les boutiques de jeu aussi). Cette publication a cela d'original qu'elle comprend un gros scénario et une bande-originale. Du coup, intrigué, nous avons posé à Delphine Bois (compositrice) et Nelyhann (coordinateur de la gamme), quelques questions pour savoir ce que contenait le CD "D'hommes et d'Obscurités".

 

SFU : Bonjour Delphine, pour commencer, pouvez-vous vous présenter aux internautes, et nous décrire le parcours qui vous à amener à composer pour les Ombres d'Esteren ?

Delphine Bois : Bonjour ! Je suis donc Delphine Bois, un des membres du collectif musical d'Esteren et par la même occasion, la compositrice "D'Hommes et d'Obscurités". Ce qui m'a amenée à composer pour les Ombres d'Esteren est en premier lieu le hasard. Je recherchais des musiciens sur ma région, via un forum, pour pouvoir monter un projet, et je suis tombée sur Nelyhann qui recherchait quant à lui des musiciens pour créer l'ambiance musicale des Ombres. Il avait été intéressé par mes compositions et m'a donc proposé de rejoindre le projet, ce que j'ai fait sans me faire prier car cela me semblait intéressant comme démarche. J'ai donc fait des démos et des essais qui ont plu et j'ai ainsi été pleinement engagée dans le projet !

Nelyhann : Bonjour, je suis coordinateur éditorial sur le projet des Ombres d’Esteren, auteur et illustrateur sur la gamme jeu de rôle. La rencontre avec Delphine est dans la continuité de ce qui fait l’essence des Ombres d’Esteren : un projet coopératif où chacun va apporter son savoir-faire artistique pour aboutir à une « œuvre globale ». Je mets les guillemets car nous sommes surtout ici pour nous amuser même si nous nous donnons à fond sur ce projet.

 

 

SFU : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le collectif musical des Ombres d'Esteren ?

Nelyhann : En fait, nous ne souhaitions pas que le travail de Delphine soit simplement étiqueté comme « bande originale » du jeu de rôle. Dans une certaine mesure, elle l’est, bien sûr. Mais, depuis le début, le projet des Ombres d'Esteren a été pensé dans une perspective crossmédia. De ce fait, chaque média renvoie à un autre pour l’enrichir. Mais l’une des branches du projet n’est pas le produit dérivé de l’autre ; la musique ou le jeu vidéo ne sont pas des produits dérivés de la gamme de jeu de rôle : ce sont des projets à part entière, des manières différentes de traiter cet univers. Dans cette perspective, l’album sera vendu en magasin spécialisé de jeu avec un supplément pour les Ombres d’Esteren, mais aussi à la FNAC et dans toutes les grandes enseignes vendant de la musique. Le collectif Esteren a été conçu dans cette optique. Il rassemble pour l’instant deux musiciens. Delphine a composé le premier album et travaille déjà sur d’autres compositions. Quant au second musiciens, il élabore peu à peu son projet qui aura une dimension electro et industrielle beaucoup plus marquée.

 

SFU : Comment décririez ce premier album ?

Delphine Bois : Cet album est une sorte de résumé sonore du monde d'Esteren (comme toute BO cela dit !!!). Les morceaux exploitent les différents royaumes, leurs influences et la présence de sombres menaces inexpliquées et communes à tous, qu'elles proviennent des Hommes eux-mêmes ou des féondas. Pour moi, cet album est une façon d'appuyer sur ces menaces, et sur le fait que même si l'Homme a des convictions, il n'en demeure pas moins vulnérable.

 

 

SFU : Quelle démarche avez vous suivi pour composer ces musiques ?

Delphine Bois : Je me suis tout d'abord, évidemment, imprégnée du monde d'Esteren grâce aux illustrations, aux textes descriptifs et aux nouvelles d'ambiance. J'avais donc en tête le rendu visuel ainsi que des mots à mettre sur l'atmosphère régnant en Esteren. A partir de là, j'ai suivi plusieurs façons de procéder : revenir sur un texte, un thème ou une illustration et le/la traiter musicalement (des sonorités particulières, des ambiances musicales, des thèmes viennent à l'esprit); ou des ambiances et autres viennent à l'esprit et je vois comment les arranger pour qu'ils collent au monde d'Esteren. Aussi, comme je n'écoute pas beaucoup de musique purement d'ambiance, Nelyhann m'a aiguillée tout du long, m'a donné des pistes à suivre, des morceaux et des exemples pour que je puisse m'en inspirer. Cela m'a bien aidée et par la même occasion permis de me rendre compte que faire de la musique d'ambiance, ce n'est pas une chose simple !!!

Nelyhann : Notre référence de base a été Brian Eno. Nous avons utilisé d’autres sources d’influence, comme des musiques de films et même de jeux vidéos. Je tiens à souligner que Delphine a beaucoup travaillé : entre les premières maquettes et l’album que vous pouvez écouter, il s’est passé plus de deux ans et demi.

 

SFU : Y avait-il des morceaux « de commande », par exemple quelque chose de rythmé pour les scènes de combat ?

Delphine Bois : Oui, il y en avait. Par exemple, le morceau « Extraction » en est une. Après, pour jouer sur les mots, je ne sais pas si on peut parler de commande pure, c’était surtout des directions à prendre sur certaines ambiances ou cibler les différents royaumes. Mais pour en revenir au morceau plus rythmé, il y a eu un essai de fait, mais il n’était franchement pas concluant donc !

 

 

SFU : Comment s'est fait le choix des instruments qui interprètent les morceaux ? Y avez-vous pensé dès le début, ou est-ce venu petit à petit ?

Delphine Bois : En fait, le choix des instruments s’est fait au moment de la composition : soit on se dit, « tiens !, cette sonorité colle parfaitement à cette ambiance. » ou alors on a le thème en tête, l’ambiance que l’on veut donner, et à ce moment on cherche la sonorité, l’instrument qui convient pour la retranscrire au plus proche de ce que l’on veut faire. Après, il y a l’aspect plus « pratique », j’ai utilisé les instruments avec lesquels je peux jouer un minimum. Si je pouvais jouer du violoncelle ou de la harpe, certainement que des morceaux en auraient profité.

 

SFU : Cet album as t-il été conçu par ordinateur, ou interprété par des musiciens ?

Delphine Bois : Les deux (enfin, je ne maîtrise pas trop la limite entre la musique assistée par ordinateur et le mixage pur et dur). J’ai donc interprété, enregistré les instruments un à un, exceptés certains bruitages.(on peut noter la présence tout de même d’autres musiciens comme les oiseaux du jardin, mon voisin et sa scie à métaux par exemple !!) Après, certains sons, thèmes ont été modifiés par des effets car à l’état brut ils ne correspondaient pas à ce que je voulais. Mais sinon, les morceaux n’ont pas été conçus par ordinateur, avec les partitions à l’écran, des sonorités intégrées (attention cela dit, je tiens à préciser que je ne dénigre en aucun cas la MAO !!!)

 

 

SFU : Pourquoi ce titre, D'hommes et d'Obscurités ?

Delphine Bois : Trouver un titre n’a pas été simple car il fallait quelque chose de descriptif, sans trop en dire et qui soit global. Le monde d’Esteren est un monde qui regroupe plusieurs peuples qui ont des croyances, des coutumes, des mœurs différentes. Cependant, ils font tous face à l’Ombre, la leur, et ce qui se terre dans les endroits obscurs. Ce titre est donc une façon pour moi de caractériser le monde d’Esteren : des Hommes et des « obscurités » diverses et variées.

 

SFU : le principe de la bande-originale spécialement conçue pour un jeu de rôle est quelque chose de relativement nouveau, et ce même si les meneurs de jeu utilisent depuis longtemps des BO de films. Pensez-vous que ce concept de puisse pour l'avenir devenir un add-on obligatoire, à l'image d'un écran de jeu par exemple ?

Delphine Bois : oula ! C’est une question pas évidente !!! L’écran de jeu, utile pour plusieurs raisons, est propre à un jeu, alors qu’une musique, créatrice d’ambiance peut venir en soutenir plusieurs. Or le marché du disque est vraiment bien fourni donc, mathématiquement, je ne pense pas que cela puisse devenir quelque chose d’indispensable. Après, cela donne un réel plus (du moins, je le pense) à un univers (si il y a de la musique - ou pas - dans un film, ce n’est pas pour rien, de même que le genre employé). La musique le définit « auditivement », lui donne une dimension en plus ce qui permet ainsi de s’y plonger encore plus aisément. Donc pour résumer, c’est un très bon plus, mais peut être pas obligatoire. Enfin, l’avenir nous le dira… !!!

Nelyhann : Nous avons eu la chance qu’une artiste comme Delphine se passionne pour notre projet et intègre pleinement cette dynamique où chacun donne le meilleur de soi. Mais cet album a demandé un travail considérable et je ne suis pas sûr que cela soit viable au niveau financier pour les artistes, éditeurs et producteurs. On notera cependant plusieurs initiatives de ce genre, comme la bande originale pour WarsaW (http://www.wix.com/ozkarasu/home#!music/viewstack1=warsaw). Alors, qui sait ?

 

Voulez-vous en savoir plus ?

Le portail des Ombres d'Esteren

Le Myspace des Ombres d'Esteren
(avec en écoute le premier chapitre de l'album)

La fiche SFU des Ombres d'Esteren

L'interview de Nelyhann et Valentin à propos du jeu

Auteur : Vincent L.
Publié le mercredi 29 juin 2011 à 11h15

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