Aurez-vous le courage de jouer à Sombre 8 ?
L'auteur du jeu répond à nos questions...
Sombre, le jeu de "la peur comme au cinéma", est de retour pour un huitième numéro consacré aux slahers. Si, comme moi, vous êtes fan de Jason Voorhees, Freddy Kruger ou Cropsy le moniteur fou, cette nouvelle devrait déjà remplir vos petits coeurs de joie. Et oui, on va trouver dans Sombre 8 un setting (appelé Indian Lake), un compte-rendu de partie et deux scénarios. Affutez vos machettes les gars !
Pour aller un peu plus avant dans le sommaire, le camp Indian Lake est un camp de vacances inspiré de Crystal Lake, celui de la saga Vendredi 13. Johan Scipion, le créateur du jeu (et auteur de ce numéro), le décrit comme "le biotope idéal des boogeymen à machette". Ca fait envie, non ? Ce décor prêt à jouer est livré avec un plan format A5, une description détaillée, une douzaine d'accroches de scénarios et quatre antagonistes.
Le compte-rendu de partie s'intitule The Y girl from the deep et se déroule dans le setting Indian Lake. Il s'agit d'un survival horrifique joué avec le story deck (une aide de jeu publiée dans Sombre 7). Deux scénarios viennent compléter tout cela. Le premier se nomme A man after midnight ; il s'agit d'un slasher old school inspiré de Vendredi 13 : À la fin des années soixante-dix, dans Camp Indian Lake. une soirée d'intégration entre moniteurs est perturbée par l'arrivée d'un psycho killer armé d'un kukri. Le deuxième s'appelle quant à lui Not another slasher movie. Il s'agit d'un méta-slasher, dans la veine de Scream. Ce scénario se déroule de nos jours, on y joue de jeunes rôlistes américains qui ont décidé de jouer une partie de Sombre à Camp Indian Lake. Leur scénario, A man after midnight bien sûr, s'inspire de la tragédie sanglante qui a conduit à la fermeture du camp il y a plusieurs dizaines d'années. Mais le Mal rôde encore dans les bois.
Ce programme alléchant nous a donné envie d'en savoir plus, et, du coup, nous avons été poser quelques questions à son auteur, Johan Scipion, et ce au péril de nos vies !
SFU : Il aura donc fallu attendre 8 numéros de Sombre pour enfin parler de slasher ! Pourquoi avoir attendu si longtemps pour évoquer ce genre emblématique du cinéma d’horreur ?
Johan Scipion : C'est même pire que cela car Sombre 8 est en réalité mon dixième numéro (il y a deux hors-séries également). Mais en fait non, ce n'est pas si pire parce que je parle du slasher depuis le tout premier. Dans Sombre 1, la majorité des exemples illustrant les règles, notamment la création de personnage et le combat, relèvent de ce sous-genre. Dans le numéro suivant, Sombre 2, je continue sur ma lancée, utilisant le slasher pour appuyer mes explications dans un article consacré au briefing d'avant les parties. J'y mentionne même un certain Jason.
Ce qui change avec ce nouveau numéro, c'est que je ne me contente plus de mobiliser le sous-genre à titre d'exemple. Je propose de jouer dedans. Sombre 8 est une sorte de concept album, avec un setting (un camp de vacances forestier sur le bord d'un lac) et deux scénarios dédiés (un slasher old school façon Vendredi 13, un autre franchement méta à la Scream). J'avais besoin d'un système approprié. Porter le slasher du cinéma au jeu de rôle est difficile car ce sous-genre est exigeant. Pour gérer bien la chaîne de meurtres à l'arme blanche qui en constitue la colonne vertébrale narrative, il me fallait des règles adéquates, celles de Sombre zéro. Or le livre de base de cette variante ne date que de Sombre 6. Le temps d'intercaler un peu d'horreur gothique en Classic pour varier les plaisirs (Sombre 7, what else ?), me voici avec mon numéro spécial slasher.
SFU : Je suis tout de même sceptique sur un point : ce qui est drôle dans un slasher, c’est de voir des gens se faire tuer par un boogeyman. J’ai du mal à percevoir l’intérêt dans un jeu de rôle… Comment as-tu fait pour rendre ça intéressant et/ou amusant ?
Johan Scipion : La beauté la chose est que je n'ai aucun effort particulier à faire parce que de base, le slasher en jeu de rôle *est* intéressant et amusant. C'est la magie de l'interactivité rôliste : ce qui de loin peut sembler pauvre et ennuyeux, se révèle ultra riche et super plaisant dès lors qu'on est directement impliqué. En fait, ta question renvoie à celle, plus générale, du concept fondamental de Sombre : jouer une victime dans un film d'horreur imaginaire. Qu'il s'agisse d'un slasher, d'un survival, de SF horrifique ou d'horreur gothique, le constat est le même : incarner un PJ-victime *est* fun. Et même, très fun. Ce concept est opérationnel, c'est de la grosse baballe.
SFU : Un camp de vacances, des moniteurs, un lac, une forêt, on est vraiment dans l’hommage à Vendredi 13. Est-ce que tu trouves ça compliqué de jouer (ou faire jouer) avec ces clichés qui, aujourd’hui, font plus rire que peur ?
Johan Scipion : L'hommage est totalement assumé, je le précise bien. Je ne cache pas mes sources d'inspiration, bien au contraire. Je les liste en ouverture de mes textes. Rendre à Jules ce qui appartient à César me semble la moindre des politesses. Or Vendredi 13 est incontournable dans le sous-genre. Qu'on l'aime ou pas, c'est une référence majeure. Pour ce qui est des clichés, ils sont la matière première de Sombre. Le cliché est par définition efficace, sinon il n'en serait pas devenu un. En vérité, c'est du nanan rôliste. Quant à l'humour (volontaire), il n'est pas orthogonal au slasher. Scream, l'autre référence majeure de Sombre 8, est là qui le prouve. J'ai veillé à intégrer cet aspect dans mes scénarios. Dans ce numéro, mon travail aura été, comme toujours avec Sombre, d'émuler au mieux les codes et les clichés du genre, en l'occurrence du sous-genre. Ce qui, comme je le disais tout à l'heure, implique une adaptation car on passe d'un média (le cinéma) à un autre (le jeu de rôle). Or ce qui semble usé et risible sur grand écran devient, par le simple fait du portage rôliste, ultra fun et cool. Pour peu que ledit portage soit bien foutu, il va sans dire. C'est là-dessus que j'ai travaillé.
Sombre 8 est disponible en VPC sur le site de Terres Etranges. Il est édité au format A5, noir et blanc, 72 pages, et est vendu 10€. Et si le sujet vous intéresse et que vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller jeter un coup à la longue interview que nous a donné Johan Scipion à propos de son jeu ICI.
Publié le jeudi 3 mai 2018 à 09h00
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