Critique Alice au pays des merveilles [1951]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 15 janvier 2021 à 09h00

Disney au pays des merveilles

Critique de la version française.

Dans l'inconscient collectif, Alice au pays des merveilles (1951) est un classique de l'animation 2D des studios Disney et ce depuis des décennies. Mais à y regarder de plus près, c'est quand un film vraiment particulier...

Entre l’œuvre de l'écrivain britannique Lewis Caroll (Les Aventures d'Alice aux pays des merveilles et La traversée du miroir et ce qu'Alice y trouva de l'autre côté) et Walt Disney, c'est une longue histoire. Le cinéaste et producteur américain tenta d'adopter plusieurs fois les aventures d'Alice en commençant par des courts-métrages mêlant animation et prises de vue réelles dans les années 1920 pour sa série des Laught-O-Gram. Il repris plus tard l'idée d'en faire un long-métrage entre les années 1930 et 1940 avec plusieurs projets dont un scénarisé par Aldous Huxley ou un autre mélangeant encore animation et prises de vue réelles avec Gingers Rogers... C'est finalement en 1946 que Disney décida de réaliser un film uniquement en animation demandant à ses équipes de mener ce projet en même temps que Cendrillon qui sortit le premier. L'adaptation est développée par une floppée de scénaristes (13!) et confiée à trois animateurs/réalisateurs/chefs d'équipes expérimentés de la maison Disney à savoir Clyde Geronimi (Les Trois Caballeros, Cendrillon...), Hamilton Luske (Pinocchio, Fantasia...) et Wilfried Jackson (Blanche-Neige et les sept nains, Mélodie Cocktail...) qui ont souvent collaboré. Comme à leurs habitudes, les équipes d'animation de Disney travaillèrent beaucoup à partir de modèles et l'adaptation se fit avec un grand nombre de musiques et chansons pour un résultat aussi surprenant que sublime.

Le film raconte la fuite en avant d'Alice, une jeune fille britannique plus portée sur les rêveries que sur l'apprentissage de ses leçons... Lors d'une journée ensoleillée auprès de sa grande sœur, la jeune fille aperçoit un lapin aussi grand qu'un homme, habillé, en train de courir et de se plaindre de son retard. Elle décide de le suivre dans un terrier et tombe dans un trou gigantesque semblant la mener dans un monde nouveau et extraordinaire. Sur place, elle va enchaîner les rencontres les plus loufoques les unes après les autres toujours à la recherche de ce lapin poussée par une grande curiosité. Mais le voyage qu'entreprend Alice en toute insouciance va la mener de plus en plus loin au risque d'être perdue et d'affronter de grands dangers...

Comme pour les romans de Lewis Caroll, le film ne présente pas un scénario linéaire avec de réels enjeux à suivre. C'est beaucoup plus le voyage que la destination qui importe ici puisque la base de l'histoire d'Alice au pays des merveilles est les rencontres qu'elle va faire. C'est pour cela que le film peut sembler décousu de prime abord mais cette approche est voulue puisque notre héroïne va plus subir un récit que l'emmener. On suit donc la blondinette faire des rencontres assez incongrues donnant des situations drôles, cocasses, improbables voire inquiétantes... Le film propose une sacrée palette d'émotions dont la surprise est vraiment la première. Depuis sa sortie en 1951, le film a su imposer un bon nombre de ses personnages dans l'imaginaire collectif à commencer par les jumeaux Tweedle Dee et Tweedle Dum (dont leur histoire tragique), le chapelier fou et le lièvre de Mars (et leur fête de non-anniversaire), la chenille droguée, l'énigmatique Chat du Cheshire ainsi que la Reine de Coeur (et sa volonté de couper des têtes)... Une galerie de personnages incroyable auquel le casting VF (dont le regretté Roger Carel pour le chat) rend impeccablement justice quand bien même les différentes chansons ont quand même un peu vieillies.

Au final, on se retrouve avec une histoire sans queue ni tête proposant une profusion de personnages et de situations généreuse pour seulement 1h15 de film... On peut donc être assez désorienté par ce manque de liant entre les différentes rencontres (même si certains personnages apparaissent plusieurs fois) qui font passer le film pour une succession de sketches forcément inégaux... Mais cela, en comptant en plus cette fin devenue aujourd'hui un cliché détestable, repose quand même sur un certain respect de l’œuvre originale même si le spectacle est devenu bien plus familial avec Disney. Le film est assez difficile à analyser même s'il disserte un peu sur les dangers d'une trop grande curiosité ou sur la découverte d'un monde fou et complexe à travers les yeux d'une enfant... Quoiqu'il en soit, le film étonne aussi pour son aspect assez inquiétant, absurde et parfois à la limite du psychédélisme avant l'heure qui en fait une œuvre à part dans la filmographie de Walt Disney même si Dumbo et Les Trois Caballeros avaient déjà prouvé que ce grain de folie était bien présent. En tout cas, on suit avec plaisir les péripéties d'Alice tant on est aussi émerveillé et surpris qu'elle devant ces personnages qui nous subjuguent et un humour souvent efficace. Alice au pays des merveilles est bizarre mais d'un bizarre dans lequel on plonge avec délice.

Comme le film se base sur différents sketches/rencontres, le travail d'animation a été divisé en différentes séquences avec des responsables, dont les réalisateurs, supervisaient le travail. Les séquences sont donc l’œuvre de différentes équipes qui furent mises dans une saine (ou pas selon l'animateur Ward Kimball qui trouva que cela nuisit au film) rivalité. Cela permet en tout cas d'offrir des séquences géniales avec une animation dont le style est d'abord dans la lignée de Cendrillon avant d'exploser et d'offrir une variété assez incroyable que cela soit dans des dessins parfois plus épurées ou très stylisés comme dans les ambiances proposées. Mais l'ensemble est toujours fait avec une direction artistique agréable à l’œil, des personnages extrêmement bien animés avec une grande fluidité et du rythme toujours aussi bien géré. Retranscrire l'oeuvre foisonnante de Lewis Caroll était évidemment compliqué mais les artistes de chez Disney s'en sortent haut-la-main tant le film regorge de moment iconiques à nul autre pareil. Si on devait en retenir deux (ce qui n'a évidemment aucun sens mais passons...), citons la fête de non-anniversaire qui atteint des niveaux d'absurde, de rythme et de gags visuels tout simplement géniaux. L'autre séquence est celle des animaux/objets assez incroyable d'imagination et surtout d'animation montrant à quel point les studios Disney pouvaient donner vie à n'importe quoi... Du grand art, tout simplement. Une œuvre peut-être avant-gardiste pour son époque qui fut considérée comme un échec public avant devenir le film culte que tout le monde connaît...

La conclusion de à propos du Film d'animation : Alice au pays des merveilles [1951]

Auteur Bastien L.
83

Alice au pays des merveilles est un diamant de l'animation de la firme aux grandes oreilles. Un diamant finalement assez brut composé de nombreuses aspérités mais dont l'éclat nous émerveille encore aujourd'hui. Une œuvre d'une inventivité folle portée par des artistes/animateurs de génie faisant de nous des Alice complaisamment perdues au pays des merveilles.

On a aimé

  • Une direction artistique incroyable
  • Une animation sublime
  • La succession de rencontres improbables

On a moins bien aimé

  • Une inégalité entre les différentes séquences
  • Un scénario peu présent
  • C'est parfois assez spécial...
     

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