Critique Bodies #1

L'ambition est une bonne chose quand elle vous permet d'avancer et vous force à vous dépasser. Elle vous montre vos limites et vous partez à leur assaut mais il peut arriver que l'objectif soit trop élevé. Simplement. La question peut se poser légitimement quand on voit le thème de la série "Bodies" produite par Netflix aux origines largement anglaises. Et vous allez voir que même avec des ambitions très élevées, elle arrive presque à son but...

Résumé:

Alors que des manifestations nationalistes éclatent à Londres, une inspectrice trouve le corps d'un homme nu dans le quartier de Whitechapel. De la même façon, un corps ressemblant est retrouvé par un autre policier en 1890 mais aussi en 1941. Les corps sont strictement identiques et ils plongent les 3 enquêteurs dans des ennuis bien différents. Mais un autre corps apparaît, cette fois en 2053...

De la différence des histoires:

Bodies est l'adaptation d'un comics écrit par Sy Spencer et Elle a été porté à l'écran par Paul Tomalin. Si ces noms ne vous disent rien, c'est parce qu'ils passent inaperçu dans les auteurs de séries de télé anglaises mais ne vous y trompez pas, ce sont des vétérans. Il fallait l'être pour nous raconter cette histoire policière qui voyage dans le temps et lui donner la crédibilité qu'elle a. La première claque que vous prendrez devant cette série, c'est son coté.. crédible.

Les policiers sont tous très différents, ils illustrent les combat de chaque époque et de situations très différents. De la corruption des années 40 à la moralité des années 1890, vous serez plongé dans des destins gouvernés par des circonstances bien différentes, des méthodes et des moyens qui troublent. La série joue parfaitement sur ce dépaysement et vous emporte dans chacun de ses méandres pour mieux couvrir l'enquête.

Des thèmes et une ressemblance:

L'une des difficultés de ce pari est de faire cohabiter 4 histoires dans une série. Sans trop spoiler, cette partie est réussie. Vous vous attacherez à chacune des branches, à chacun des inspecteurs même s'il ne sont pas tous des enfants de choeur. Ils ont des motivations bien établis, des relations efficaces et si leur mise en place demande 2 épisodes, vous serez dans le bain assez vite. Ainsi la série peut déployer ses thèmes et en comparer les effets en fonctions des périodes. C'est assez bien pensé et plutôt bien écrit.

Un petit point va peut être gêner les plus habitués des sérivores parmi nous, c'est les liens de la série avec Dark( Netflix aussi, d'origine allemande de 2017). Il est assez clair que Netflix a des recettes, des éléments pré-établis que la maison de production veut voir ressortir. Il est difficile de ne pas faire le lien entre les deux, tant la conspiration qui est leur thème central est similaire. Malheureusement pour Bodies, elle n'a pas la virtuosité de sa prédécesseur mais elle arrive à garder une simplicité, une façon claire d'aborder le problème qui sauve son propos. Cela lui permet de ne pas être seulement un pâle ersatz mais plus que cela...

De la technique et un crescendo:

Ce qui sauve Bodies, c'est déjà une réalisation simple, sans fioritures et une mise en scène efficace. Les acteurs se donnent et cela se voit à l'écran qu'ils crèvent par une prestation plus qu'honorable. L'incongruité des évènements pourraient tourner au comique mais ce n'est jamais le cas et c'est dû à la faculté de rester dans l'émotion, de créer de l'humanité. Il faut aussi noter la performance d'avoir 4 types de décors différents de qualité et la reconstitution est impeccable.

Enfin, le rythme de la série est aussi très prenant. Ce qui est à la fois un avantage et un défaut car le premier épisode paraît un peu mou et confus. Alors que ce n'est pas le cas de la série qui n'a pas peur d'avancer à un bon rythme tout le long, sautant des mésaventures d'une époque à une autre, de la dureté de l'une à la poésie de l'autre. Le silence de l'époque futuriste devient assourdissant après les bombes de 1941 et le contraste est saisissant. Et surtout, les révélations vont bon train, entraînant le spectateur vers une fin qui semble inéluctable...