Critique Godzilla Minus One #1

Godzilla est devenu en 70 ans un mythe qui a du mal à toucher notre continent. Nous avons l'image des années 50 où il est ce costume qui se déplace dans un décor en carton pâte ou celui de 2014 ultra-CGIsé développé par les studios de la Warner Bros mais nous n'avons pas l'attachement que les Japonais ont à ce personnage hors norme. Depuis novembre 2023 est sorti au Japon un nouveau film du monstre intitulé Godzilla : Minus One et il faut peut être que vous alliez jeter un œil sur lui car c'est probablement le meilleur monstre de ces 30 dernières années. Et préparez vous, car c'est un choc...

Résumé :

En 1945, alors qu'il revient à sa base de départ à cause d'un problème technique, le Pilote kamikaze Koichi ShiKishima est démasqué par le chef technicien Tachibana. L'avion n'a aucun souci mais le jeune homme a eu peur et n'a pas pu accomplir son devoir. Confronté, Koichi cherche à s'expliquer mais une alerte l'interromps : la base est attaquée par un monstre ! Pétrifié, il se cache et est le seul survivant.

La défaite est prononcée, Koichi est démobilisé et il retourne chez lui mais le quartier a été dévasté par les bombardements. Ses parents sont morts, il est seul face à ses cauchemars, face à sa culpabilité. Parmi les survivants des maisons alentour, il découvre Noriko et une petite fille Akiko que Koichi décide de protéger. Il devient Démineur naval pour aider à protéger les navires de pêche mais le monstre se rapproche des côtes niponnes...

Ceux qui restent :

Godzilla : Minus One est un film qui mélange les genres avec beaucoup d'intelligence. C'est un film de monstre mais c'est aussi un film culturel, historique et un film de guerre. L'idée est de présenter avec subtilité la situation du Japon au sortir de la Seconde guerre mondiale, sans concession, sans fard et avec une précision qui fait froid dans le dos. Et le film est une réussite car il arrivé à capturer la douleur des personnages, la difficulté de vivre après la guerre.

L'un des points forts du film est de trouver un équilibre entre tous les protagonistes, que ce soit Godzilla dont on explore les motivations dans le recherches humaines à son sujet ou des hommes et des femmes qui vont subir ses attaques. Nous ne sommes plus avec le gentil monstre que les américains essayent de nous vendre. C'est bien la force de la nature venue détruire Tokyo qui nous intéresse, dans toute la terreur qu'elle peut inspirer. Comme les héros vont croiser le fer avec lui plusieurs fois, le spectateur gère aussi l'aspect post traumatique de la rencontre avec le monstre, laissant une cicatrice béante dans l'esprit commun...

Un choc de culture :

Sur le plan technique, l 'équipe du film a essayé de faire en sorte que le visuel ressemble aux films d'origine, des années 50. Néanmoins, les différentes scènes sont travaillées et si le grain est visible, palpable, l'image est propre, nous embarquant sans problème dans le Japon d'après guerre. Les décors sont parfaits et si vous n'êtes pas habitués aux jeux d'acteurs asiatiques, il faudra vous préparer à du surjeu et de l'emphase dans les dialogues.

Très vite immergé dans l'ambiance, le spectateur l'est aussi car plusieurs des combats entre les humains et Godzilla se font en mer. Ces oppositions sont rythmées, sauvages par moment et très surprenantes. Les ombres de Godzilla sous l'eau font passer des frissons et le déploiement de ses ailerons, leurs craquements, donnent la chair de poule. La destruction n'est pas gratuite et l'animalité de Godzilla est bien rendue, donnant un côté implacable au monstre.

D'ailleurs écrit pendant le Covid, il est possible de se demander si par hasard un parallèle ne peut pas être fait entre ce Godzilla, comme la vengeance d'une nature défigurée, et le Covid qui serait une punition de la nature. Vous verrez que la réponse du film est assez surprenante...