Critique Vers l'infini mais pas au delà [2023]

Quittons pour un moment le monde des gros jeux experts qui piquent pour celui, plus léger, des jeux d'ambiances....

Vers l'infini mais pas au delà, le titre dont nous allons parler aujourd'hui, est une petite boîte à 20 €uros éditée par Gigamic, un éditeur bien connu pour son catalogue de titres funs et familiaux (même s'il est loin de se cantonner à ce genre de titres). Qui nous démontre encore une fois son savoir-faire puisque le titre, simple et accessible, remplit très largement son contrat et se révèle tout-à-fait recommandable ! Mais assez spoilé, et place à la revue détaillée de la bête.

1 minute montre en main pour expliquer les règles

Le principe de base est simplissime: on pose une question farfelue aux joueurs, et ces derniers vont devoir s'approcher le plus possible de la bonne réponse mais sans jamais la dépasser.

En pratique, tout se joue avec un paquet de carte standard, ces dernières étant disposées dans un porte-carte qui permet, tout à la fois, de garder les cartes bien en place et de laisser la question bien visible tout en masquant la réponse. De fait, celui qui pose la question n'est pas obligé de rester à l'écart, il peut participer comme les autres. C'est tout con mais c'est important.

Voici un exemple de question, tiré du manuel et du verso de la boîte : « quel est le record du monde du mangeage de hot-dog en 10 minutes ? »

A tour de rôle, chaque joueur va pouvoir monter sur la proposition du joueur précédent, ou se coucher. On s'arrête quand plus personne ne peut ou ne veut monter. Si on est parfaitement sûr de sa réponse, on peut également annoncer un tout pile ; ça  rapportera plus de points en cas de réussite, en revanche on a pas droit à l'erreur.

Au final, les joueurs vont se retrouver dans 3 camps:

• Il y a tout d'abord le capitaine, celui qui a proposé la réponse la plus haute ;
• Il y a ensuite les membre d’équipage, ceux qui ont confiance dans le capitaine mais qui ne souhaitent pas prendre sa place en proposant plus haut ;
• Il y a enfin les prudents, qui ont quitté le vaisseau car ils pensent que le capitaine s'est vautré en dépassant.

Une fois que tout le monde a choisi, on regarde la solution. Si la proposition du capitaine est inférieure ou égale à la réponse, tout baigne ! Le capitaine marque 4 points, contre deux pour les membres d’équipage. Si la réponse est supérieure, en revanche, c’est le drame… Le capitaine perd 1 point, et ceux qui sont descendus du radeau de la méduse en marquent 2.

La partie prend fin après 8 questions, en tout cas d'après les règles, et celui qui a marqué le plus de points a gagné...

En pratique, cependant, il est fréquent de moduler la durée de partie en fonction de l'ambiance - le jeu fonctionne bien avec une durée de 20 à 30 minutes maximum. Par définition, un jeu d’ambiance est un jeu court où on va préférer l’intensité à la durée.

Et voilà, on a globalement fait le tour des règles.

Une excellente rejouabilité, surtout pour un titre à 20€

Le titre est fourni avec 110 cartes double-face, soit 220 questions à la con et 27 parties si l’on respecte la durée standard de 8 cartes. C’est excellent, d’autant que c’est étonnamment assez fun de retrouver des questions auxquelles on a déjà répondu il y a un moment… De quoi donner un (faux) sentiment de sécurité et tenter un tout pile… Avant de (re)découvrir qu’on a une bien belle mémoire de daube.

Rien à (mé)dire sur le reste du matos... Le petit porte-carte, encore une fois, est bien fichu. Seul petit regret, l’éditeur aurait pu en mettre deux, dans la mesure où celui-ci ne peut accueillir que la moitié des cartes du jeu… Le jeu est livré en prime avec 8 Meeples en bois de bonne taille, 8 cartes d'identification du joueur et un pitit vaisseau tout mignon en carton plume à monter soi-même. Il est doté de moultes emplacements pour y accueillir le capitaine et les membres d’équipage. Franchement impressionnant pour un titre à 20 bouliches...

Niveau rangement, l'ensemble tient plus ou moins dans la boîte. Il faut démonter quelques bouts du vaisseau et ruser pour tout rentrer dans le bon ordre, mais l’objectif est atteignable avec un peu de méthode. On a vu connu pire, disons, même si on a aussi largement connu mieux.

Les jeux d'ambiance sont souvent abstrait, mais ici l'éditeur a choisi de coller par-dessus un petit thème SF - sans doute lié à la référence à Buzz l'éclair dans le titre. Pourquoi pas... En revanche, la direction artistique risque de diviser : l’ensemble est très tranché, utilisant exclusivement des lignes claires et des a-plats de couleurs vives. Personnellement, je trouve que ça pique les yeux tout en donnant paradoxalement une vraie identité au jeu. A vous de voir si vous accrochez, même si en même temps c’est loin d’être un facteur important pour un jeu d’ambiance...

Plus on est de fous, plus on rit

Question important, combien faut-il être pour profiter du titre ? Le titre est donné pour 2 à 8 participants. En-dessous de 4, passez votre chemin... Vers l’infini mais pas au-delà est un jeu d’ambiance, il faut qu’il y ait du monde autour de la table.

De 5 à 8, en revanche, le titre roule tout seul. La durée des tours s’allonge nécessairement un peu à 8, mais ça se fait dans la bonne humeur et tout le monde se chambre gentiment. Ne pas hésiter d’ailleurs à aller vite et à pousser les gens à répondre ou à passer un tour. Ca fluidifie grandement le rythme tout en favorisant les foirages, bref c’est que du bonheur.

Etonnamment, ça passe également très bien quand on est plus de 8, au prix d’une légère adaptation du concept. Moment tranche de vie : on était une dizaine en minibus lors du retour d'Essen. On a l'habitude de faire tout un tas de petits jeux (plus ou moins improvisés) pour occuper le trajet, et on en teste régulièrement de nouveaux. On a sorti un dexk de carte, on a commencé une partie "out of the air" et c'est passé tout seul. Finalement, le matos est assez anecdotique à Vers l’infini mais pas au-delà et le principe se suffit à lui même.

De fait, je trouve que le titre est hyper adapté aux clubs de jeux, aux animateurs et plus généralement à tout ceux qui doivent mettre l’ambiance rapidement et avec peu de moyens. On le ressort d’ailleurs depuis à chaque déplacement, signe qu’il a trouvé tout naturellement sa place. Que demander de plus pour un jeu à tout petit budget ?