Critique L'Homme qui vendit la lune #1 [1958]
Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 20 mai 2007 à 19h53
Histoire du futur 1
"Le président tapa du maillet pour obtenir le silence. Les cris et les huées s'apaisèrent à mesure que le service d'ordre autoproclamé obtenait des excités qu'ils se rassoient..."
Rassemblées en 1967 dans ce recueil, ces nouvelles sont les premières d'une grande série qui a pour thème l'histoire de notre futur tel qu'il pourrait apparaître à partir des données scientifiques de l'époque.
Histoire du futur (volume 1) de la collection Folio SF, est composé de nouvelles parues dès 1939: lignes de vie (1939), les routes doivent rouler (1940), il arrive que ça saute (1940), l'homme qui vendit la lune (1950) et Dalila et l'homme de l'espace (1949).
Robert Heinlein est l'un des auteurs américains de SF les plus connus, avec Isaac Asimov. Il est l'une des figures de proue de la SF de l'âge d'or, période des années 40 à la fin des années 60. Primé à de nombreuses reprises (Hugo, Locus et Nebula) pour des romans polémiques ou engagés, c'est aussi un auteur de nouvelles qui ont été rassemblées dans un grand recueil: l'Histoire du Futur. Mais, contrairement à de nombreux auteurs dont les nouvelles n'ont qu'un lointain point commun, ce recueil est parfaitement cohérent dans la mesure où toutes les nouvelles font partie d'un grand tout, d'un même thème, d'une même grande histoire. Et cette histoire est une des perspectives de ce à quoi on s'attend dans les décennies et les siècles à venir.
Or il faut une imagination et une lucidité hors du commun pour penser, avec les connaissances et moyens techniques de l'époque, un futur vraisemblable. Heinlein, même si on en parle depuis Jules Verne, a vu juste, notamment en ce qui concerne l'arrivée d'un être humain sur la lune.
Lignes de vie est une nouvelle vraiment à mettre à part, dont le thème n'a qu'un lien assez éloigné avec toute l'histoire du futur de Heinlein. Il s'agit de la connaissance du futur qu'un des scientifiques peut prévoir grâce à sa machine. Voilà une nouvelle où l'auteur semble prendre plaisir à casser du sucre sur les institutions scientifiques de l'époque. Plaisante à lire mais assez conventionnelle.
Les routes doivent rouler résume assez bien les relations entre le patronat et les classes ouvrières de l'époque, qui semblent n'avoir pas changé d'un iota en soixante ans. Au delà de cette idée, le rythme est soutenu (à l'image de ces routes mobiles, idée schématiquement utilisée chez Asimov pendant ses fameuses enquêtes robotiques), l'aventure encore une fois plaisante et la fin prévisible.
Il arrive que ça saute préfigure l'idée de la centrale nucléaire et de la pile atomique, deux ans avant que Fermi et son équipe réussissent à fabriquer une telle pile, et quatorze ans avant que la première centrale nucléaire alimente en URSS le réseau civil. Heinlein va encore une fois au-delà de cette idée en se posant la question de la santé mentale des techniciens et ingénieurs chargés de surveiller une telle bombe en puissance. Il fait une incursion dans la psychologie avec plus ou moins de bonheur.
L'homme qui vendit la lune est donc la nouvelle du recueil éponyme, donc la nouvelle centrale, ou plutôt novella. L'idée est de faire poser le pied de l'homme sur la lune. Le tout est de savoir comment. On assiste donc à la concrétisation d'une idée, à partir de son concept, grâce à des moyens colossaux mais aussi et surtout grâce à la volonté d'un seul homme. C'est l'aboutissement d'un rêve, dont le chemin a été semé d'embûches, financièrement, conceptuellement et stratégiquement. C'est la nouvelle la plus réussie du recueil, car l'idée est la plus développée et la plus aboutie. Sûrement une question de longueur. Penser posséder la lune...
Enfin, Dalila et l'homme de l'espace est la dernière nouvelle où l'on découvre avec humour les joies de l'égalité des hommes et des femmes au travail. Si l'idée est louable, la nouvelle l'est moins.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : L'Homme qui vendit la lune #1 [1958]
Le premier recueil de l'histoire du futur est, somme toute, plaisant à lire. Mais si les idées ont pu surprendre à l'époque par leur côté novateur, le format de la nouvelle ne faisant qu'effleurer le sujet et le fait que nous sommes soixante plus tard, atténue beaucoup l'effet escompté.
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