Critique Black Summer [2009]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 20 mars 2010 à 13h21
La guerre des Super Héros
Il fut un temps où les Armes servaient le peuple et la Nation. Quatre jeunes filles et trois garçons idéalistes qui, grâce aux miracles de la science, se sont vus dotés d’incroyables pouvoirs surhumains. Sept super-héros veillant sur la sécurité de leurs concitoyens et l’intégrité des pouvoirs publics. Le monde, où plutôt l’Amérique, pouvait dormir en paix. Puis les choses ont changé.
En fait, même si les rapports entre les Sept Armes se dégradaient lentement (essentiellement des divergences de points de vue et d’éthique, mais aussi quelques déboires amoureux), le véritable déclic s’est produit à la mort de Laura Tarrant, dite Laura Torch. Un décès accidentel qui a entrainé l’explosion du groupe et leur mise au ban par des autorités qui craignent un dérapage. En effet, psychologiquement éprouvées et désormais imprévisibles, les Armes font peur.
Crainte totalement justifiée quand, un jour, John Horus, la plus puissante des Sept Armes, assassine le président des Etats-Unis et déclare qu’il va changer le monde…
Scénarisé par Warren Ellis et dessiné par Juan Jose Ryp, deux grosses pointures du comic book, Black Summer s’inscrit dans ce que l’on pourrait désigner sous le nom de mouvance pessimiste. Il rejoint ainsi des célèbres comics sombres, provocateurs et dramatiques comme Les Gardiens et Autorithy. L’entame de Black Summer évoque d’ailleurs fortement celui de Watchmen, tout comme le profil des personnages. Mais la comparaison s’arrête là car le scénario de ce comic bascule ensuite dans la description d’un conflit chaotique et très violent entre les héros, les forces armées et une nouvelle génération d’Armes. Une sorte de guerre ouverte entre super-héros et militaires.
Portant un regard provocateur sur la politique des USA, son pays d'adoption (Warren Ellis remet en question l’engagement américain en Irak, par exemple), tout en restant prudent (John Horus est finalement un fou idéaliste), Warren Ellis nous propose ici un récit fortement orienté vers l’affrontement et l’action. Le scénario, même s’il n’évite pas les clichés (le super héros désabusé qui a plongé dans l’alcool et l’oisiveté), reste en permanence accrocheur, avec une intrigue qui donne la part belle aux femmes, les seuls personnages véritablement équilibrés du récit (et les plus complexes dans leur construction). Le scénariste a choisi de développer le passé des protagonistes via l’introduction de séquences flash back - présentées par des planches et des cadres en noir et blanc – suffisamment brèves pour éviter de casser le rythme de lecture.
Au dessin, Juan Jose Ryp fait des merveilles. Son style et sa mise en cadre, très dynamique tout en restant parfaitement lisible, colle parfaitement au récit. Son trait est fin, précis et ultra détaillé, ce qui nous permet d’admirer régulièrement de magnifiques planches. Si sa plume est incontestablement de nature « comic book » et, par conséquent, force le trait sur les expressions, Juan Jose Ryp ne perd pas de vue qu’il s’agit de présenter ici des humains normaux améliorés par des implants. Il reste donc en permanence dans les normes avec des personnages réalistes et extrêmement bien proportionnés (les héroïnes ont des magnifiques formes, un véritable défilé de Jessica Alba). A coté de cela, le dessinateur s’est lâché dans les scènes de combat, avec des cadres vraiment très gore (l’encrage a été confié à Mark Sweeney et Greg Waller). De véritables boucheries. Eventrations, démembrements, explosions de cranes, sont au programme de Black Summer, qui aurait pu s’appeler Scarlett Summer tant l’écarlate est présent, page après page.
La conclusion de Nicolas L. à propos de la Bande Dessinée : Black Summer [2009]
Une belle gifle que ce Black Summer. Quand le comic décide de faire dans la provocation bourrine et politiquement incorrecte, je signe. D’autant plus que le scénario est sacrément bien tourné et que les dessins sont vraiment superbes. Bon, bien entendu, cette plaidoirie musclée sur les dangers de la centralisation des pouvoirs peut faire un peu sourire par la simplicité de son approche, mais il n’empêche que le résultat sur papier est sacrément efficace.
On a aimé
- Un scénario efficace et ultra-violent
- Un dessin de grande qualité
- De beaux encrages
- Un excellent rythme, des personnages forts
On a moins bien aimé
- Un regard un peu étroit sur la politique américaine
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