Critique Viewtiful Joe 2 [2005]

Testé sur PS2

Véritable OVNI dans le bon sens du terme, Viewtiful Joe fut l'une des bonnes surprises de l'année 2003 (et 2004 pour sa version PS2) tant et si bien qu'une suite vit le jour très rapidement, dès l'année suivante. Cela explique pourquoi Viewtiful Joe 2 semble être une suite qui n'en a que le nom. Alors oui, ce deuxième épisode, développé par la talentueuse équipe de Clover Studio (créée par des anciens de Capcom), sent quand même le réchauffé. Néanmoins, il reste malgré tout un bon jeu, notamment parce qu'il reste très fidèle au premier opus (avec quand même quelques trucs en plus pour mieux faire passer la pilule). Explications.

Viewtiful Joe est une œuvre de geeks pour les geeks, dans laquelle l'amateur de cinéma de science-fiction devient un super-héros agissant dans les films (tout ce que l'on fait se passe sur une pellicule, comme en atteste les bords supérieur et inférieur du jeu). L'histoire, elle continue là où elle s'était arrêtée dans le précédent jeu (on retrouve Hideki Kamiya, réalisateur du premier opus, au scénario) : après avoir sauvé la Terre du complot fomenté à Cinéland, nos deux tourtereaux apprennent qu'un mystérieux Black Emperor venant de Cinéworld veut s'emparer des Oscars arc-en-ciel, éliminant ainsi tous les happy end du cinéma et plongeant le monde dans un certain chaos. Cette suite est une nouvelle fois très référencée, avec en première ligne les univers des super sentai japonais à la Bioman (avec le jeune adulte normal devenant un super-héros par transformation vestimentaire et se battant contre des monstres géants), mais également des renvois du scénario à la culture américaine avec, entre autres, des clins d'œil à Jurassic Park, Star Wars ou encore aux romans de Philip K. Dick.

En plus de ces références sympathiques, la force du titre se trouve dans son ambiance graphique si particulière, à savoir un cel-shading entre la 2D et la 3D. Bien que l'on joue à l'horizontal, la profondeur apporte souvent des effets intéressants, qui plus est bien mis en valeur grâce à des boss aux styles assez loufoques. Cela permet à nos deux héros (et leurs alliés) d'avoir des joutes verbales assez drôles à suivre, entre l'insouciance de Joe et la jalousie disproportionnée de Silvia. Il reste tout de même dommage que, par moments, les sous-titres peinent à suivre des dialogues en anglais plutôt bien doublés. Le véritable intérêt de cette suite est donc de replonger encore une fois dans cet univers si particulier car, au niveau du jeu en lui-même, c'est un peu décevant.

Le premier opus était clairement un hommage au cinéma, mais aussi aux jeux à l'ancienne assez difficiles, où même les hardocre gamers avaient de quoi s'arracher les cheveux. Ce second épisode reprend donc la même formule avec cette fois-ci aucun mode facile (le mode moyen saura même en dégouter plus d'un). Le jeu fonctionne clairement sur une progression par l'échec et une recherche constante du meilleur score. Il faudra en prendre dans la tronche avant de pouvoir battre un boss, connaître le plus possible ses attaques, beaucoup esquiver et attaquer quand il faut. Entre les boss, le menu-frotin sera là pour vous amuser, engranger du score mais aussi vous forcer à vous creuser les méninges face à quelques énigmes. On peut d'ailleurs regretter le manque d'explications venant du jeu lui-même, qui a tendance à nous laisser un peu dans la panade face aux premières énigmes (sauf si on se souvient bien du premier opus). Le jeu fait donc clairement dans le recyclé, que se soit dans les décors ou dans le manque d'idées fraîches (ainsi un des sept chapitres du jeu propose de rebattre les boss des chapitres précédent). Les fans un premier opus seront content d'avoir un nouveau challenge à se mettre sous la dent, les simples amateurs resteront déçus par le peu de possibilités nouvelles offertes.

La plus grosse innovation du titre est finalement la plus inutile. Il s'agit du fait que Silvia se transforme en Sexy Silvia pour épauler notre héros dans son combat. On peut désormais changer de personnage quand on veut, mais Joe reste quand même le plus facile à maîtriser et le plus puissant des deux. Silvia apporte un peu plus de tactique grâce à ces facultés de combat à distance (dans ses pouvoirs, elle propose notamment le replay qui lui permet d'attaquer trois fois en une seule action, ce qui sera bien utile lors des énigmes). Sinon on retrouve les même pouvoirs que dans le premier opus, entre les ralentis, l'accélération et le zoom permettant de varier les attaques et d'avoir un Joe plus poseur que jamais. Sortir les combos est un réel plaisir, et on s'amuse vraiment à enchaîner les ennemis (bien réussir les enchainements permet d'ailleurs de gagner des points qu'on dépense en cœurs et vies supplémentaires, en mouvement spéciaux ou autres armes).

Le jeu est encore une fois assez court, environ six-sept heures pour en faire le tour. C'est tout juste honnête pour ce genre de production, mais Viewtiful Joe 2 s'adresse clairement à ceux voulant avoir les meilleurs scores dans tous les modes de difficulté. Les dingues du score pourront d'ailleurs s'essayer en plus aux trente six chambres (et une référence en plus !) bonus permettant des time attack et autres possibilités de combats infinis...