Critique Ultimate Warriorz [2011]

Avis critique rédigé par Benoît F. le dimanche 18 décembre 2011 à 17h04

Les Dieux du stade

« Le soleil était au zénith et sa chaleur avait transformé le sol en un véritable brasier. Temps idéal pour ce bougre de Zamioculcas, dragon rouge de son état et commandeur de l’armée écarlate. Un beau pédigrée terni par un nom imprononçable… on ne peut pas tout avoir… Une touffe immense fit son apparition ! Baobab n’était pas là pour arroser les plantes, non ! Son « fighting spirit » était tout aussi légendaire que son pagne en peau de bête totalement inutile… une coquetterie d’homme-arbre sans doute. C’est alors qu’Agaric se glissa entre les jambes du géant vert. Ce petit être, mousquetaire accompli, était aussi réputé pour ses talents culinaires que pour sa maîtrise du métier des armes. Un ennemi insaisissable malgré le style quelque peu racoleur de sa tenue vestimentaire. Vinrent ensuite : Jojoba le gobelin, grand chasseur et connu pour le soin qu’il porte à l’entretien de son épiderme ; Bonzaï, fier guerrier du clan des nains jaunes, grands chevaucheurs de petits chevaux ; Cactus, l’orc gladiateur que l’on nomme également Sparcactus ; Sorgho, le minotaure matador au style haut en couleurs et tombeur de toutes les dames minotaures grâce à sa technique du pissenlit entre les dents.

Bref, ils étaient tous là, prêts à en découdre au cœur de cette arène qui verrait le champion ultime se lever. J’allais oublier : je me nomme Burdock Mac Leon du clan des Mac Leon (vous pouvez aussi m’appeler Cœur de lion, c’est comme vous le sentez…). L’honneur de mon clan et l’avenir de ce monde sont entre mes mains : il ne peut en rester qu’un ! »

"Don't give up the fight..."


 

MAD ARENA FINAL EDITION

Souvenez-vous de ce jeu de cartes édité par Les XII Singes en l’an de grâce 2008 ! Un certain Mad Arena qui avait déjà produit son petit effet à l’époque malgré une édition pas franchement attirante. Et bien le petit poucet a pris du poil de la bête car le jeu nous revient dans un format « jeu de plateau » chez un nouveau venu dans le domaine de l’édition, j’ai nommé Pulsar Games (nous en parlions déjà ici). Comme on est jamais mieux servi que par soi-même, l’auteur de Mad Arena et désormais coresponsable de Pulsar Games a décidé de faire renaître de ses cendres un jeu qui lui tenait à cœur et qui méritait une édition autrement plus convaincante que celle de 2008.

 

Et c’est chose faite ! Voici venu le temps de Ultimate Warriorz : Tribal Rumble ! Un nom à rallonge qui claque comme le fouet entre des mains expertes. Bref, avec cette nouvelle dénomination, vous savez à quoi vous aurez à faire. Ici, pas de « cucubes » en bois permettant d’indiquer votre avancement dans un jeu traitant du commerce des truffes dans le Périgord de l’Antiquité à nos jours… non, non ! Ici, çà ne badine pas, çà frappe, çà sue et çà saigne (pas pour de vrai, rassurez-vous !).

Les personnages de la version Mad Arena

 

Venons-en au matériel. Tout d’abord, soulignons la refonte graphique des personnages de Mad Arena. En effet, ces derniers nous reviennent en pleine forme et hauts en couleurs. Saluons au passage le nouveau venu en la personne de Jojoba, personnage absent de la première édition. Ce nouveau traitement graphique apporte donc une seconde jeunesse au jeu de Guillaume Blossier, un traitement avisé auquel Djib (Jean-Baptiste Reynaud), l’illustrateur, s’est dévoué corps et âme.

Les personnages de la version Ultimate Warriorz

 

Mais ce qui est le plus marquant lors de la mise en place du jeu, c’est la volonté de l’éditeur à mettre en scène les combattants et de proposer une véritable bataille en 3D. Effectivement, cette ingénieuse édition permet de construire l’arène en utilisant la boîte de jeu pour un résultat parfaitement convaincant. Ce procédé n’est certes pas neuf car fréquemment utilisé dans le monde du jeu de société pour enfants, mais il prend ici toute sa signification en magnifiant et en hissant un jeu de combat au rang de jeu épique. Certains se souviennent peut être du jeu Duell dont la réédition par Jactalea, sous le nom de En Garde, avait subi un traitement similaire en transformant un simple jeu de cartes en un magnifique jeu de combat en 3D. Et bien il en va de même pour Ultimate Warriorz et l’emploi de silhouettes en carton afin de symboliser les personnages s’inscrit encore une fois dans cette volonté de mettre en scène le jeu. De même, l’ergonomie a été totalement repensée et propose désormais des cartes Action de grande taille (format Dixit) pour une prise en main plus aisée.

 

Concernant la rédaction des règles, l’ensemble demeure didactique et simple à appréhender. Seuls les pouvoirs spéciaux demanderont un peu de pratique afin d’être assimilés durablement par les joueurs.

 

 

FIGHT !

Le but du jeu est simple : être le dernier combattant encore vivant dans l’arène ou bien celui qui, parmi les survivants, détient le plus de points de popularité à la fin de la partie.

Pour cela, les joueurs (de deux à huit) vont recevoir une carte Personnage ainsi que les huit cartes Action et la figurine cartonnée associées.

Les cartes Action présentent divers caractéristiques : capacité de mouvement, combat au corps à corps, tir, défense, taille, initiative et le cas échéant, une attaque spéciale.

Baobab, le géant vert

 

Un tour de jeu se décompose de la manière suivante :

1. Choix d’une carte Action : chaque joueur sélectionne une carte Action de sa main qu’il place face cachée devant lui.

2. Initiative : l’un des joueurs procède au compte à rebours à haute voix (de 8 à 1). Dès que l’initiative indiquée sur la carte Action sélectionnée est mentionnée, le joueur concerné retourne sa carte et en applique les effets.

3. Actions : les trois actions (mouvement, combat et tir) doivent être réalisées par le joueur dont l’initiative a été « appelée ». Il est possible de fragmenter son déplacement  et donc, d’effectuer une attaque entre deux mouvements. Concernant la résolution des combats, cela se résout de manière fort simple : le joueur actif lance un nombre de dés équivalent à sa capacité de combat ou de tir ; pour chaque résultat supérieur ou égal à la défense adverse, un point de dégât est encaissé par la cible. Les points de vie perdus se transforment en autant de points de popularité pour l’attaquant.

4. Elimination : dès qu’un combattant perd son dernier point de vie, le pauvre hère est retiré du jeu et se verra reçu par de gentilles infirmières. Sa figurine est récupérée par son bourreau en guise de trophée.

5. Fin du tour : lorsque tous les joueurs ont réalisé leur action, un nouveau tour peut alors débuter à moins qu’il ne reste qu’un seul combattant en lice ou que le huitième tour soit achevé, auquel cas le vainqueur sera désigné.

 

 

« Y’A DE LA RUMBA DANS L’AIR… »

A la manière d’un King of Tokyo et d’un Rumble in the House, on peut dire sans se tromper que le jeu de Pulsar Games tombe à point nommé. En effet, ce type de productions ludiques aux airs de « défouloir » nous offre un petit rayon de soleil au travers d’une bonne « bastonnade » entre amis, et par les temps qui courent ma bonne dame, c’est toujours çà de pris !

 

Cette réédition de Mad Arena projette ce qui était un jeu d’affrontement sympathique vers une autre dimension ludique. Le jeu de Guillaume Blossier méritait largement cette « transformation » et ce nouveau traitement fera apprécier le jeu à sa juste valeur.

La force de Ultimate Warriorz réside dans sa simplicité d’accès. L’assimilation des pouvoirs se fera au fil des parties mais ces derniers n’étant pas nombreux, leur apprentissage devrait se faire rapidement. D’autre part, les nombreuses interactions entre joueurs soutiendront une ambiance faite de coups tordus et de franches camaraderies. Le mode « Team Spirit », permettant de jouer en équipe, amène cette ambiance à son paroxysme en obligeant les combattants à opérer ensemble et dans un but commun qui est, comme bien souvent, la destruction des forces adverses (mais ici pas d’énergies fossiles en jeu…). Cependant, et à moins d’utiliser ce mode, les configurations à deux et trois joueurs seront à éviter.

Par ailleurs, les mécanismes de jeu s’avèrent être d’une simplicité enfantine et l’utilisation des dés lors des combats favorisera la dimension parfois épique de ce genre de confrontation. Certains trouveront à redire sur le côté trop « aléatoire » des combats mais c’est justement de cet aspect que naîtront des situations à la « David contre Goliath » dans lesquelles un cas désespéré se transformera en histoire à raconter à la fin de la partie.

 

Evidemment, Ultimate Warriorz ne peut échapper à la comparaison avec le très bon King of Tokyo édité par Iello, . Bien que les deux produits visent le même type de public, le premier demeure tout de même  plus tactique faisant du second un jeu un poil plus simple à appréhender. King of Tokyo est, avant tout, un jeu de dés et ensuite un jeu d’affrontement. Quant à Ultimate Warriorz, le principe de confrontation demeure la pierre angulaire du jeu faisant du rejeton de Pulsar Games un véritable jeu de combat. Ces deux jeux ont également le défaut de laisser des joueurs en route. En effet, dès lors qu’un combattant sera éliminé, il devra attendre patiemment la fin de la partie et regarder ses comparses batailler dans la joie et la bonne humeur, même si ce genre de spectacle aura de quoi réjouir les spectateurs avides. A signaler que les parties de Ultimate Warriorz n’excèderont pas la demi-heure de jeu ; raison de plus pour enchaîner les combats et faire tourner les équipes.

Enfin, les pratiquants seront en droit de s'étonner de l'existence de deux techniques de combat optionnelles accordées à Zamioculcas. En effet, seul le dragon rouge a eu droit à ce traitement de faveur au détriment des autres combattants et surtout d'Agaric et de Baobab, principales cibles de ces variantes. On espère, dans un futur proche, l'arrivée de ce genre d'options de combat pour tous les autres combattants sachant que le personnage de Burdock a déjà commencé à en bénéficier au travers de petits livrets promotionnels.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Ultimate Warriorz [2011]

Auteur Benoît F.
90

Vous avez envie d’un jeu de combat simple, fun et jouable avec un large public? Alors n’hésitez pas à relever le défi Ultimate Warriorz. Certes, les mécanismes de jeu ne sont pas novateurs car repris de Mad Arena, mais c'est surtout la transformation du jeu de cartes en véritable jeu de plateau en 3D qu'il faut saluer. Nous passerons sur la métaphore de la chrysalide se transformant en papillon... Bref, le contrat est donc rempli par Pulsar Games. Ultimate Warriorz s'inscrit dans la lignée des jeux rapides à mettre en oeuvre et tout aussi rapides à jouer permettant ainsi d'enchaîner les parties sans aucune lassitude.

On a aimé

  • Des règles simples et rapidement assimilées
  • Un jeu qui plaira à un large public
  • La mise en scène via le matériel
  • Le mode "Team Spirit"

On a moins bien aimé

  • L'attente des joueurs éliminés
  • Les options de combat accordées à Zamioculcas et pas aux autres personnages

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