Critique L'empire des hommes-lézards #31 [1988]

Avis critique rédigé par Vincent L. le samedi 7 septembre 2019 à 14h00

Alamo...

Quand j'étais gamin et que je dévorais les LDVELH par paquets de dix, j'étais persuadé que L'Empire des hommes-lézards était la suite de L'île du Roi Lézard. Ce dernier faisant partie de mes Défis Fantastiques préférés, j'avais hâte de pouvoir me lancer dans une suite digne de ce nom. Quelle ne fut pas ma déception en m'apercevant qu'en dépit de son titre, L'Empire des hommes-lézards n'entretenait absolument aucun rapport avec le livre de Ian Livingstone. Au fil des années, j'en avais conservé une certaine amertume et le souvenir d'un opus décevant et sans intérêt. Et pourtant, refait à froid quelques années plus tard, force est de constater que ce trente-et-unième tome est loin d'être honteux.

On incarne ici un jeune prince dont la cité est assiégée par le dit Empire des hommes-lézard, et qui va devoir partir à l'aventure pour sauver son peuple d'une mort certaine. Cela change de l'aventurier anonyme qui doit empêcher un sorcier maléfique de conquérir le monde... Une fois n'est pas coutume dans un Défis Fantastiques, la psychologie du personnage est un minimum travaillée, et son statut de dirigeant permet de faire la part belle aux responsabilités qui lui incombent. Certes, cela ne va pas chercher très loin, mais en termes d'ambiance, cela met tout de suite dans le bain. Voici une excellente preuve qu'un bon LDVELH, c'est aussi une bonne composante narrative.

La première partie du livre, dans laquelle on doit sortir de la cité, est clairement le meilleur morceau de cet opus. Non-linéaire, pleine d'options (il existe plusieurs façon de réussir, qui ne nécessitent pas forcément d'aller à la castagne), bien tendue, elle offre un moment de jeu assez intense qui n'a que peu d'équivalent dans les autres LDVELH. En chemin, on en apprend plus sur le peuple des hommes-lézards, l'occasion de percevoir un bestiaire foisonnant et original puisqu'aux côtés des reptiles et des traditionnels orcs et gobelins, on va trouver des mutants et même des fucking dinosaures ! Du très bon, mais malheureusement, la suite du livre est beaucoup moins convaincante. 

En effet, une fois le siège passé, on revient dans du classique. Au début, ça n'est pas fondamentalement désagréable (certaines parties, comme le passage de la jungle, sont même assez réussies en dépit de leur classicisme), mais sur la fin, on retrouve toutes les scories habituelles des LDVELH (entendez par là un labyrinthe, des artefacts à trouver, un méchant à tuer, rien de très passionnant). L'intérêt né du premier acte s'effondre petit à petit, et L'Empire des hommes lézards se termine dans une certaines indifférence. Tout cela est d'autant plus dommage que pour une fois, la difficulté est impeccablement dosée, allant crescendo au fur et à mesure de l'avancée du récit.

Pour terminer cette chronique, je vais faire un petit focus sur un aspect éditorial quelque peu étonnant. Déjà, les qualités littéraires de cet opus ont très médiocres, et quelques d'indices laissent à penser que c'est peut-être dû à la traduction (mais sans certitude, l'auteur, Mark Gascoigne, n'ayant écrit que ce livre). Mais ce n'est pas tout. Il s'avère également que le texte d'ouverture - repris sur la quatrième de couverture - spoile complètement la fin du livre. Un peu comme si ce passage avait été écrit après, et par une personne différente. Il est étonnant que l'éditeur ait laissé passer cela, car cela flingue complètement le petit twist final. Donc, si un jour vous voulez faire ce livre, petit conseil : ne lisez pas son pitch.

La conclusion de à propos du Livre-jeu : L'empire des hommes-lézards #31 [1988]

Auteur Vincent L.
75

Fort d'une excellente première partie, L'Empire des hommes-lézards s'avère être un opus plaisant et bien conçu. Bien que les promesses ne soient pas tenues jusqu'au bout, on ressort de cette aventure satisfait, avec l'envie de recommencer pour pouvoir tester toutes les options offertes par la première partie du livre. Et franchement, ça n'est pas si courant...

On a aimé

  • Une excellente première partie,
  • Le bestiaire de l'armée des hommes-lézards,
  • Une difficulté impeccablement dosée,
  • La multiplicité des choix.

On a moins bien aimé

  • L'intérêt qui s'étiole, jusqu'à un acte final trop convenu,
  • Un style d'écriture médiocre (dû à la traduction ?).

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