Critique Yardam #1 [2020]
Avis critique rédigé par Bénédicte C le lundi 15 juin 2020 à 14h00
Une ville où la folie est une maladie sexuellement transmissible
Dans la ville de Yardam vit Kazan. Il est le détenteur d’un secret terrible : la cause de la maladie des coquilles, ces personnes qui errent nus et méconnaissables dans les rues, ces coquilles vides de personnalités, d’âmes, de vie. Il fait partie des causes de cette vague de coquilles, lui, le vampire psychique qui aspirent les âmes. Mais il est voué à mourir dans d’atroces souffrances, dans un déluge de sang. Jusqu’à la quarantaine, jusqu’à l’arrivée de Nadja et Féliks, deux médecins qui lui redonnent un peu d’espoir.
La quarantaine et la maladie
Il est de ces romans qui résonnent particulièrement en ces temps troubles. Yardam est paru le 19 mars 2020, et s’ouvre sur la mise en quarantaine de la cité, à cause d’une maladie dont presque tous ignorent l’origine. En découle la folie, la chute progressive de cette ville enfermée, condamnée à se consumer.
L’intrigue se déploie autour de Kazan, personnage ambiguë, tiraillé entre ses voix, sa volonté de survivre, de fuir mais surtout celle de guérir. Parce que la guérison signifie la vie, uniquement. Le roman est sombre, empreint de folies (celle de Kazan, de ses voix, de la ville qui périclite, des médecins qui oublient tout pour trouver un remède…). Roman crépusculaire à bien des aspects, l’écriture sensible et incisive d’Aurélie Wellenstein se déploie dans cet ouvrage avec force et puissance. On ressent, on frissonne et surtout on ne peut que comprendre et avoir de l’empathie pour Kazan, malgré ses actes, malgré les terribles décisions qu’il prend pour survivre. Les relations entre les personnages se tissent et se détricotte à loisir, au fur et à mesure des intrigues et des rebondissements. La construction est délicate et fluide.
La présence de certaines scènes explicites est à noter, de même que des avertissements concernant la folie et la violence. Malgré tout cela, Yardam fait partie de ces titres où l’on plonge avec délice, aimant l’ambiance poisseuse et sombre, l’impression tenace de nuit perpétuelle et de noirceur qui s’en dégage.
La conclusion de Bénédicte C à propos du Roman : Yardam #1 [2020]
Yardam est un roman captivant du début à la fin, porté par des personnages torturés, une écriture fluide et sensible et surtout une mise en scène gérée avec brio. A l’instar des autres romans de l’autrice (Mers Mortes, chez Scrinéo, Prix Imaginales des bibliothécaires 2020, par exemple), Yardam parvient à capter le lecteur et à le faire plonger dans un mélange de folie et de quête de rédemption.
On a aimé
- La mise en scène de la folie
- L'écriture fluide et délicate d'Aurélie Wellenstein
- L'ambiance crépusculaire
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