Critique Duke Nukem 3D #3 [1996]
Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 26 juillet 2020 à 09h00
Hail to the King Baby !
Testé sur PS3.
Comparé à bien d'autres arts, le jeu vidéo est relativement jeune et on ne dispoise pas toujours des moyens de pouvoir se replonger dans les œuvres du passé. Il faut donc avoir de la volonté pour déterrer d'anciennes pépites ou avoir la chance que certaines vous soient servies avec talent comme Duke Nukem 3D.
Duke Nukem 3D fait partie de ces jeux qui ont complètement fait oublier une série qui compte bien plus de titres. Une œuvre de 1996 qui nous replonge dans l'explosion du genre FPS sur ordinateurs, à l'époque où l'on disait Doom-like. Il faut dire que Doom fut une véritable révolution de la part des équipes américaines de id Software (après les expérimentations que furent Catacombs 3-D et Wolfenstein 3D) devenant un phénomène grâce à son gameplay arcade, son ambiance SF/horreur, ses niveau tortueux et surtout la possibilité de lancer des parties multijoueurs dantesques. Dans son sillage, de nombreux clones apparurent (Doom-likes donc) dont Duke Nukem 3D fut l'un des plus connus. Créé par une petite équipe texane nommée 3D Realms (anciennement Apogee Software, le changement de nom eut lieu pendant le développement), il s'agit de la suite de deux épisodes qui étaient des jeux d'action/plates-formes assez classiques mettant en scène un soldat plus que badass bottant les fesses d'envahisseurs belliqueux. Inspirés par Doom, les développeurs, dont le producteur George Broussard et le programmeur Tom Replogle, firent passer la série en 3D pour aboutir à un des plus gros succès du genre FPS. Une œuvre plébiscitée entraînant une ribambelle de spin-offs oubliés ainsi qu'une suite au développement chaotique de 12 ans (Duke Nukem Forever). Il est aujourd'hui possible de jouer au titre grâce à des portages sur nos consoles actuelles dont la Megaton Edition distribuée sur Vita et PS3 début 2015 grâce à l'éditeur Devolver Digital et l'équipe hollandaise de Abstraction Games spécialisée dans l'industrie du portage. Il est à préciser que pour des histoires de droit, la version ici testée n'est plus disponible à la vente puisqu'une autre édition est disponible depuis 2016 sur PC, PS4, Xbox One ainsi que Switch...
Alors oui, Duke Nukem 3D dispose d'un semblant de scénario... Il tient certes sur un ticket de métro comme tout bon FPS des années 1990 qui se respecte mais il a le mérite d'exister. Au début du XXIème siècle, la Terre est envahie par des extra-terrestres à l'allure surtout porcine qui, entre autres crimes, semblent kidnapper les plus jolies gonzesses de notre planète. Le super-soldat Duke Nukem va ainsi se dresser contre cette invasion en défouraillant de l'alien par paquet de 12 sur Terre mais aussi sur la Lune et dans les vaisseaux ennemis. Le jeu de base comporte quatre épisodes (divisé en une dizaine de missions) qui se concentrent sur le postulat présenté plus haut que se soit sur Terre ou dans l'espace. L'édition Megaton dispose néanmoins de trois campagnes devenues officielles par la force des choses puisqu'elles ont été créés de manière amateurs par des moders et sont ici disponibles. La première, Duke It Out in D.C., raconte la mission de notre héros à Washington pour sauver le président Bill Clinton enlevé. La seconde, Duke : Nuclear Winter, envoie cette fois notre héros peroxydé enquêter sur la disparition du Père Noël au pôle nord. Enfin, Duke Carribean : Life's a Beach permet à Duke de se battre sur l'archipel des Antilles face aux aliens qui ont une vision très personnelle des vacances...
Vous l'aurez compris, où vous le savez déjà, Duke Nukem 3D est un titre qui ne se prend jamais au sérieux. C'est un mélange d'humour bien gras, un rien beauf, dans un univers extrêmement référencé. Duke Nukem est lui-même un personnage digne des action heroes du cinéma américain des 80's et 90's n'ayant rien à envier à Arnold Schwarzenegger pour sa carrure, Sylvester Stallone pour sa voix grave, Bruce Willis pour sa vulgarité ou Chuck Norris pour ses punchlines. Mais les références ratissent bien plus large puisqu'on peut penser aux saga Alien, Star Wars ou encore Evil Dead... Bref des références en pagailles pour un humour assez vulgaire où se mélange de la violence, des sous-entendus graveleux et des jolies filles de pixel courts vêtues. Si le jeu fit controverse à l'époque, il faut néanmoins retenir que cela reste du second degré complètement assumé dans une ambiance redneck où l'on peut accrocher ou pas. Si le jeu ne fait pas dans la finesse, il n'en reste pas moins assez amusant tant il gère bien son délire et qu'on apprécie les exclamations devenues cultes du Duke doublé par Jon St. John.
L'humour du jeu ne fait néanmoins pas tout pour qu'on puisse l'apprécier. En effet, les niveaux sont aussi bien travaillés et regorgent de détails pour qu'on prenne plaisir à les traverser avec une version légèrement post-apo de Los Angeles ou des vaisseaux terriens comme aliens. Cela rend compte d'un imaginaire nourri de pop culture où l'on se trouve à l'excellente limite entre l'hommage et la parodie. Rien que le design porcin des ennemis fonctionne à merveille comme les espèces de créatures visqueuses directement inspirées des Facehuggers de Alien. D'autres créatures créent aussi leur petit effet que l'on vous laisse découvrir. Pour ce qui est des épisodes (ou campagnes) supplémentaires, les trois valent le coup grâce à ce qu'elles apportent. Ainsi l'épisode à Washington s'avère excellent en ce qui concerne la création de monuments célèbres comme la Maison Blanche ou le Smithsonian tandis que Nuclear Winter propose des niveaux enneigés avec des ennemis inédits (dont des bonhommes de neige) et des chalets à explorer. Enfin Duke Caribbean nous offre une ambiance plus paradisiaque où tous les ennemis classiques arborent une chemise à fleur ou des lunettes de soleil tandis que les armes deviennent des pistolets à eau ou des lances-noix de coco... Tout est transformé de manière assez intelligente. Pour parfaire le tour d'ambiance de ce jeu/compilation, il faut noter les musiques cultes (quoique datées) plutôt rock ou inquiétantes de Lee Jackson et Robert Prince qui avaient déjà collaboré sur Duke Nukem II et que le second a quand même à son actif Wolfenstein 3D ainsi les deux premiers Doom.
Duke Nukem 3D est composé d'une multitude de niveaux qui sont plus ou moins courts et qui sont de vastes zones où il y a de nombreuses portes qu'il faut ouvrir avec des interrupteurs et autres pass de couleur qu'il faut trouver dans des environnements intérieures comme extérieures. A l'image de son mentor Doom, le titre de 3D Realms offre des sortes de labyrinthes riches en action où il faut trouver son chemin en allant au bon endroit dans le bon ordre pour ouvrir toutes les issues afin atteindre la fin du niveau. C'est comme ça que fonctionnaient les premiers FPS et Duke Nukem 3D en propose la quintessence. Alors certes ce n'est pas toujours logique mais les développeurs Texans ont vraiment mis toute leur science du level-design pour offrir plusieurs chemins et des labyrinthes souvent tortueux avec ce qu'il faut de scripts diaboliquement intégrés pour nous mettre des bâtons dans les roues. Sur ce point que les épisodes « non-officiels » sont quand même bien moins intéressants à ce niveau surtout Nuclear Winter et Duke Carribean. On peut donc se trouver un peu perdu car les FPS actuels ne sont plus vraiment axés sur l'exploration mais quand on creuse on peut y découvrir de grandes richesses comme des passages alternatifs (les fameuses bouches d'aération...) et des lieux secrets. Quant à l'action, elle est évidemment très arcade avec une rapidité de mouvement obligatoire car les ennemis se posent souvent en face de vous pour vous canarder et ils visent juste. Il faut donc profiter du décor et de la vitesse du Duke pour se défaire des ennemis. Outre les pétoires classiques, on retrouve des armes géniales comme l'inévitable lance-roquette ou le rétrécisseur qui permet ensuite d'écraser les ennemis avec sa bote. Un gameplay arcade, classique des Doom-like, vraiment jouissif.
Les joueurs de 2015 qui (re)découvrirent ce portage purent ainsi se replonger dans une certaine époque, souvent décrite comme bénie, du FPS sur ordinateurs quand bien même des portages sur les consoles de l'époque ont existé. Il faut donc accepter de se retrouver dans un jeu où tous les environnements sont en 3D mais le reste (dont les ennemis et objets) est fait en sprites 2D. Cela donne un charme désuet à l'ensemble et le travail d'Abstraction Games sur le portage PS3 a été de rendre ça jouable avec quelques ajustements techniques sans jamais trahir le jeu d'origine. On doit quand même avouer que ça pique les yeux par moments... On note aussi le très bon travail fait sur son accessibilité car tous les types de joueur désirant découvrir le titre sont pris en compte. Un mode très facile ou la possibilité de rembobiner ses actions permettent à tous d'en venir à bout. Mais le mode hardcore est bien toujours là pour ceux à la recherche de challenge. L'optimisation sur PS3 reste néanmoins perfectible car le viseur n'est pas toujours facile à placer correctement et l'épisode Duke Carribean provoque des freezes et blocages complets de la console... Mais le travail est de qualité permettant à tous de redécouvrir un titre majeur (offrant entre 10 et 15 heures de jeu) de notre patrimoine vidéoludique avec ses indéniables qualités mais aussi ses défauts qui apparaissent avec l'âge...
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Duke Nukem 3D #3 [1996]
Duke Nukem 3D est un monument du FPS, pour ne pas dire du jeu vidéo. Digne représentant de ce qu'on appelait les Doom-likes, il propose un gameplay arcade grisant dans des niveaux labyrinthiques savamment construits. Le tout dans une ambiance à l'humour gras décomplexé mais dont les références et le travail graphique font mouche. Le portage n'est pas forcément parfait mais il est de grande qualité en proposant une accessibilité exemplaire dans une édition vraiment complète.
On a aimé
- Un gameplay jouissif
- Une bonne humeur, légèrement grasse, communicative
- Un délicieux level-design à l'ancienne
On a moins bien aimé
- Peut-être un peu trop gras
- Les épisodes supplémentaires pas à la hauteur et techniquement perfectibles
- Un portage qui n'existe plus dans cette version
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