Interview de Sylvain Depré, auteur de Off The Dead
Au nord, c'étaient les zonzons, la Terre c'était le boxon...

 

La fin du mois spécial Zombie approche, tout comme la critique de Off the Dead. Ce jeu issu de l'imagination des nordistes de chez Ludimaniac aborde le thème de la lutte contre nos amis les morts d'un point de vue coopératif, voire même communiste comme ils se plaisent à le dire. Voici donc une petite présentation de cette équipe de farfelus au travers de l'interview de l'un des auteurs de Off the Dead.

 

Benoît F: Bonjour Sylvain, aurais-tu l’insigne honneur de te présenter à nos internautes ?

Sylvain Depré: Et bien,  je m’appelle Sylvain et je suis l’heureux papa de 3 enfants reconnus. J’aime bien soulever des trucs… comme des bouteilles de lave-vitre, des haricots verts ou encore des labradors. Je n'aime pas le bouton de la télécommande qui sert à indiquer les chaines à 2 chiffres et je m’occupe d’une nouvelle boîte d’édition de jeux de société, Ludimaniac,  fondée avec cinq amis.

Nous avons tous un métier « normal » et nous passons notre temps libre à nous occuper de Ludimaniac. Nous sommes plutôt simples pour ne pas dire basiques, nous aimons les blagues pourries, les millisecondes culturelles, les pornos et les gros américains… qui se mangent.

 

Benoît F: Quel est ton parcours ludique ?

Sylvain Depré: Mes nombreuses pérégrinations m’ont permis d’acquérir une culture très hétéroclite. J’ai joué à l’awalé avec les nomades Baggaras du Soudan, au Ki-o-Rahi avec les Pakehas de Nouvelles Zélande. Dernièrement j’ai joué au 421 au PMU de Mouchin…
A part ça, rien de très original. Moi et mes collègues avons fait les grands classiques : Jeux vidéo, JDR, wargames, twirling bâton.

Une fois « adultes », on a ralenti notre consommation de jeux pour créer les nôtres dans le domaine du jeu vidéo. C’est là que nous nous sommes tous connus.

 

Benoît F: Peux-tu nous éclairer sur l’aventure Ludimaniac ?

Sylvain Depré: Ludimaniac est né sans même nous en rendre compte. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que nous sommes un groupe d’amis (en fait j’ai essayé de réunir les gars les plus compétents que j’avais rencontré jusque là… mais ils n’étaient pas disponibles, alors je me suis retrouvé avec mes 5 rescapés du  Valenciennois et du Hainaut Cambrésis pour le réaliser). Et je pense que, sans même le savoir, nous portions ce projet en nous depuis bien plus longtemps qu’on ne le croit. Nous avions l’habitude de nous réunir un soir par semaine pour jouer ensemble à toutes sortes de jeux. Et à chaque fois, nous ne pouvions nous empêcher d’adapter les règles, de réécrire les histoires… Mêler la création et le jeu nous semblait être une évidence.

Dans l’équipe, nous sommes 6. Il y a David, un de ces artistes qui ont du hasard dans leur talent et du talent dans leur hasard; Cédric, game designer dans l’âme , un seigneur à World of Warcraft et notre point fort pour l’international dû à son enfance passée aux US; Christophe dit le « maçon », il a une recette de morue a se damner, mais surtout des réflexes de game designer hors du commun; Ludo, l’artiste empirique et enfin Paul l’illustrateur qui ne doit rien à personne et tout aux autres.

 

 

Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du bas :

Paul MAFAYON
Sylvain DEPRE
David GOUJARD
Christophe DA SILVA
Ludovic LEGRAND
Cédric LECHIFFLART

 

 

Benoît F: Quel a été le parcours créatif de Off the Dead ?

Sylvain Depré: Off The Dead est parti sur l’idée que nous voulions un jeu coopératif.  On ne voulait pas faire un jeu où l’on se pourrit les uns les autres. On cherchait à créer une ambiance de boyscouts face à un ennemi commun : le reste du monde. L’univers des zombies s’est imposé.

Pour faire simple, j’ai écrit une première version du game design et réalisé un prototype. Nous y avons joué et ainsi identifié les axes d’améliorations ensemble. Ce qui m’a permis de modifier le game design pour la semaine suivante. Et nous avons répété cette opération au moins une trentaine de fois. Pendant ce temps, Ludovic, David et Paul œuvraient dans l’ombre pour nous produire leurs images répugnantes.

 

Benoît F: Avec ce jeu, vous accrochez un public ciblé. Qu’en sera-t-il de vos futures productions ?

Sylvain Depré: On a fait le jeu pour nous à la base donc on ne peut pas trop parler de public ciblé. Je dirais même que c’est justement ce que nous évitons de faire. De cibler une quelconque espèce de joueurs. C’est en fonctionnant de cette manière que l’on peut passer à coté son but initiale. Essayer de se mettre à la place de quelqu’un d’autre, pour visualiser ces attentes, ces aspirations de joueurs…. On laisse ça aux équipes marketing. Les plus grands jeux, quelque soit le support, n’ont jamais était le fruit de ce genre de réflexion. N’en déplaise aux marketeux tant inspirés par l’imitation de ce qui a déjà fonctionné. Il se trouve que les zombies ont toujours la cote, tant mieux. Mais si ce n’avait pas été le cas, on aurait fait Off The Dead de la même manière.

Le prochain jeu, Tous à l’eau, sera un jeu apéro délirant, qui fleurera  bon la crème bronzante au monoï. Les jeux d’après… probablement un jeu de niche comme OTD… Ce dont nous sommes sûrs, c’est que nos futurs jeux nous plairont et que nous aurons pris beaucoup de plaisir à les faire et à y jouer.

 

Benoît F: Pour en revenir à Off the Dead, quelles ont été vos influences ?

Sylvain Depré: Les classiques de Romero, Return of the Living Dead, le Zombi de Fulci mais pour les graphismes, des films plus récents comme l’Armée des Morts (pas le meilleur script mais il est très beau, graphiquement parlant), [REC] ou des BD comme Walking Dead.

Le mieux placé de l’équipe ludimaniac pour répondre à cette question serait Cédric. Vous savez, l’homme au 30 persos lvl 80 à Wow. C’est notre maitre Capello du film d’horreur. C’est d’ailleurs à lui que nous devons toutes les citations dans Off the Dead.
Sinon, dans l’univers du jeu : Les chevaliers de la table ronde pour le côté coopératif, Left4Dead, le génialissime module Wintermaul de Warcraft 3 et enfin Chris Tucker pour l’envie de tuer…

 

 

 

 

Benoît F: Quels sont vos jeux de zombies préférés, à part Off the Dead bien entendu ?

Sylvain Depré: Nous nous sommes bien amusés avec  Les morts aux trousses et aussi avec Zombie la blonde la brute et le truand (Les illus du jeu Zombie étaient stylées). Mais même si le plaisir était là, le fait de ne jamais pouvoir jouer de manière coopérative à un jeu de zombie, nous laissait toujours un arrière goût de frustration.

Par contre, nous avons pris notre pied niveau jeu vidéo sur les Resident evil, House of the Dead, Left4Dead et Plants Versus Zombies.

 

Benoît F: Peux-tu nous en dire plus sur les illustrateurs ?

Sylvain Depré: Parler d’eux sans mettre a mal leur modestie est un objectif qu’il m’est difficile d’atteindre. Ils ont déjà un peu le melon, certains diront que c’est justifié. Mais peu importe, je préférerais éviter que cela n’empire.

Enfin je vais quand même les citer. Ils recevront certainement d’innombrables sollicitations à cause de vous, mais je sais qu’ils resteront loyaux à notre cause...
Ils sont tous les trois freelances et travaillent dans des domaines très diverses comme  le jeu video, le web design, la communication, l’animation ou l’illustration. Globalement, chaque zone du jeu a été illustrée par un graphiste différent :

- David, grand défenseur des châtiments corporels à l’école, a dû quitter son poste  suite à une divergence de point de vue avec l’Education Nationale. Pour canaliser son énergie, nous lui avons donné les armes à dessiner.

- Paul  est l’illustrateur vedette de notre staff. Il a daigné accorder un peu de son temps pour illustrer World of Warcraft CCG et Lea Passion d’Ubisoft.  Depuis, il compense sa richesse intérieure par une grande richesse financière.  Qui de mieux pouvait dessiner les héros du jeu.

- Ludovic a pu s’illustrer sur de nombreux appels d’offre qu’il n’a jamais remportés. Un peu par pitié nous l’avons accueilli au sein de notre équipe. La beauté n’étant pas son point fort, nous lui confions les repoussants zombies à illustrer.

Et si jacques Brel avait raison quand il disait « Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose. » et bien je peux vous dire que ces trois là, ils ont une envie folle furieuse de faire des images qui claquent.

Dans l’équipe, il ne faut pas oublier les deux autres Game designer : Christophe et Cédric. Car nous sommes une équipe soudée : Chacun d’entre nous est prêt à donner la vie de l’autre pour sauver la sienne…

 

Benoît F: Quels sont vos projets ? Off the Dead connaîtra-t-il une suite ?

Sylvain Depré: En premier lieu nous souhaiterions racheter la friterie dans laquelle nous allons nous approvisionner tout les vendredi soir avant nos réunions Ludimaniac. Nous y avons tellement dépensé que cela serait un retour sur investissement en quelque sorte.

Nous avons encore deux jeux en chantier, dont le plus avancé est Tous à l’eau. Un jeu qui s’annonce pêchu, rapide et ou les réactions en chaine provoquent souvent de sadiques éclats de rire.

Pour Off the Dead, nous avons des projets d’extensions comme Grey’s Anatomy Off The Dead, ou Off The Dead of The Ring, Uno off the Dead, ou encore Off The Dead Versus Alien Versus Predator. Nous débordons d’idées pour le second opus…

 

Benoît F: Pour finir, la question qui tue : tronçonneuse ou rouleaux printemps ?

Sylvain Depré: Il y a eu une étude en Norvège où l’on proposait à des singes un rouleau de printemps ou une tronçonneuse. 95% des sujets choisissaient le rouleau, 5% la tronçonneuse. Au terme de l’expérience, les 5% à la tronçonneuse avaient récupéré tous les rouleaux de printemps. Donc moi, je dis « tronçonneuse ».

 

 

La fine équipe, en vrai...

 

Auteur : Benoît F.
Publié le samedi 26 février 2011 à 09h00

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Commentaires sur l'article

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    M---e pour la suite !!
    hector, le 26 février 2011 18h56

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