Découvrez l'univers magique et enchanteur d'Utopia
L'auteur du jeu répond à nos questions...
Le mois d'octobre est, comment dire, chargé en terme de financements participatifs. Entre Aventures, Necromundo, Les Cycles d'Aïag, Tschaï ou Tales from the loop, les sollicitations sont nombreuses. Parmi elles, une a retenu notre attention de part son thème et son design : Utopia.
Bienvenue à Utopia, fleuron technologique moderne, verte patrie de l’espoir. Ici le chômage n’existe pas. Ici la criminalité s’apparente davantage à un concept abstrait qu’à une réalité. Tous les Citoyens naissent libres et égaux en droit. Tous ont la possibilité de vivre harmonieusement auprès de leurs semblables en vénérant les stars du tout puissant Médiastère, le ministère des Médias. Dans cet univers ô combien parfait, les joueurs incarnent des Agents du Sécu-Réseau, prêts à pourchasser ces rebelles impies qui se surnomment les Éveillés ! Voire ils incarnent ces mêmes Eveillés à leurs risques et périls !
Utopia est donc un jeu de rôle de science-fiction, mais il s'agissait à la base d'un roman écrit par Sullivan Lord : Utopia, penser nuit gravement à la santé. Cette dystopie, qui n'est pas sans rappeler quelques références prestigieuses du genre (de 1984 à Fahrenheit 451). Ici, les Citoyens n’ont plus de noms et portent tous des matricules ; ils travaillent et produisent docilement pour le bien de la communauté, se délassant devant des programmes de TV réalité. Bref, un postulat intrigant qui a titillé nos âmes de sales bobos gauchistes !
Pour en savoir plus, nous avons arrêté le créateur du jeu (et auteur du roman), Sullivan Lord, pour le soumettre à un interrogatoire mené de main de fer par nos meilleurs agents. Il ne lui a pas fallu longtemps pour craquer et tout avouer...
SFU : Merci de décliner votre identité et nous dire de quoi vous êtes coupable...
Sullivan Lord : Sullivan Lord, rôliste, romancier mais également ludothécaire diplômé. Pourquoi cet ordre étrange ? Le premier texte que j'ai livré à un magazine, c'était un scénario de jeu de rôle de L'Appel de Cthulhu pour Chroniques d'Outre monde. J'ai donc débuté en tant que joueur de jeu de rôle. Après l'expérience Cobra pour IDE/AK Vidéo et avoir aidé à la reconnaissance du jeu de rôle sur MCM, je suis devenu romancier (Elégie pour un vampire, Les Saigneurs Cardinaux ou Le Règne des immortels). Passionné par le jeu et les jeux en général, je suis récemment devenu ludothécaire. J'ai donc appliqué la rigueur de ma formation à mon loisir favori pour en disséquer les rouages et tenter de recréer quelque chose de simple et d'instinctif. Enfin, je me suis attelé à mettre en place des choses novatrices (pas forcément dans les mécanismes de jeu car un dé reste un dé mais sur toute la partie scénario, background et environnement). J'avais déjà eu d'excellentes critiques sur le background de Cobra, donc j'espère réitérer l'exploit. Pleinement coupable de vouloir réveiller un peu la sphère ludique avec un jeu français au thème irrévérencieux et novateur.
SFU : A la base, Utopia est un roman. Pourquoi avoir voulu en faire un jeu ?
Sullivan Lord : En fait, c'est plutôt l'inverse. Utopia devait être un jeu avant d'être un roman. On s'est retrouvé un jour avec deux potes et on s'est dit « Tiens et si on créait un jeu de SF avec un cadre à la Orwell ? ». A l'époque, on jouait beaucoup à Cyberpunk et Shadowrun. Cependant, on voulait taper dans la SF dystopique et proposer un cadre qui fasse réfléchir sur les problèmes actuels de notre société. Pour ma part, j'ai ramené avec moi mes influences Dickiennes parce que c'est tout simplement mon auteur de SF préféré. Pour m'amuser, j'ai commencé à écrire une nouvelle pour servir de cadre au jeu. Cette nouvelle, c'était le premier chapitre d'Utopia. Et je me suis pris au jeu. J'ai finalisé le livre et l'ai publié quelques temps plus tard. Il y a également eu une version anglaise de ce bouquin, publiée outre atlantique. Le jeu de rôle étant devenu un livre, l'aventure Utopia semblait close. Mais bon, l'idée est restée dans un coin de ma tête. Et avec la récente vague de films dystopiques et le retour de Blade Runner au ciné, les étoiles redevenaient peut-être propices. J'ai donc repris mes notes de l'époque et entamé de mener ce projet à bien dans le plus grand secret.
SFU : J’ai l’impression que cet univers est très référencé...
Sullivan Lord : L'univers est effectivement très référencé car Utopia se rattache à toute la SF que j'adore, de Blade Runner (du même K Dick) à Ghost in the shell en passant par Bienvenue à Gattaca ou même Matrix. On ne rejette rien de ces influences et on les revendique pleinement, y compris dans les graphismes. Les scénarios du jeu seront à l'avenant car Utopia sera un jeu de type Blockbuster où tout peut arriver, y compris la destruction totale de la ville ! Fini les aventures plan plan où il ne se passe jamais rien. Chaque nouvel épisode proposera un thème, un lieu ou des antagonistes différents. On ne s'interdit rien de ce côté. On veut également un jeu où les personnages comptent vraiment et ne sont pas juste des éléments de décors avec une ville ou un monde qui ne change jamais. Certains lecteurs qui ont eu la possibilité de lire le roman avant de tester le jeu disent que le roman est le trailer du jeu. Et c'est vrai. Utopia présente le cadre. Le Guide de survie vous jette dans l'action !
SFU : En plus, le jeu semble très politisé. Est-ce qu'Utopia a pour vocation de susciter une réflexion/prise de conscience des joueurs ?
Sullivan Lord : Oui et non. Oui car on va clairement parler de sujets graves ou de thèmes qui fâchent, comme les manipulations génétiques ou les dérives sectaires. Cependant, on va les traiter sur le ton de l'humour. Et puis, il y aura aussi des thèmes un peu plus classiques ou plus légers, mais toujours avec beaucoup d'action spectaculaire façon I, Robot. Certains se marront et d'autres y verront, sans doute, le second degré adulte des thèmes. Je pense que chaque joueur va avoir sa propre expérience en débarquant dans les rues d'Utopia. C'est ça aussi qui m'intéresse. Si on fait de la SF et que ce n'est qu'un cadre pour faire joli, c'est clairement inintéressant. J'espère qu'aujourd'hui, les joueurs sont prêts pour découvrir de nouvelles formes de narration et de nouvelles formes d'histoire. Pour les vétérans, on a parfois inséré du métagame avec du jeu dans le jeu où les joueurs jouent un premier scénario avec des Agents. Cependant, certains de ces mêmes joueurs ont un second rôle, détaché du premier, avec la mission de pourrir la vie des autres à tour de rôle. L'objectif, vous l'avez compris, c'est de se marrer. Mais jamais au détriment des joueurs, juste en rendant l'histoire cocasse ou bizarre.
SFU : La description de l’univers semble également intégrer une bonne dose d’humour. Comment fait-on cohabiter humour et noirceur ?
Sullivan Lord : Quand j'ai écris Elégie pour un vampire, qui était un roman foncièrement noir, je me suis aperçu que les gens qui le lisaient me parlaient beaucoup des passages drôles qui les avait fait marrer. Je me souviens d'un lecteur qui m'a raconté une anecdote alors qu'il était dans un bar. Il lisait son roman le plus droit possible lorsqu'il s'est mis à se bidonner, jusqu'à ce que les autres clients lui demandent ce qui lui arrivait. La raison ? Il venait d'arriver au passage où je décrivais les déboires de Tom le Balafré et de ses chats. Après, je n'ai eu aucune difficulté à Utopia, penser nuit gravement à la santé. C'était vraiment facile d'associer l'action trépidante et l'humour car c'est un peu une seconde nature chez moi que de jouer avec ces deux aspects. Et comme je supervise et écrit la majorité des scénarios, les joueurs peuvent s'attendre à deux choses. La première, rire à gorge déployée. La seconde, transpirer de stress.
SFU : Les premières illustrations présentées sont super classes. Quelle part a pris le travail esthétique dans la conception du jeu ?
Sullivan Lord : Merci beaucoup. Je pense que cela leur fera plaisir. J'ai fais en sorte de recruter quelques uns des meilleurs dessinateurs que je connaisse sur ce projet. On a des dessinateurs de toute la france, dont un qui vit actuellement au Brésil. On a énormément travaillé sur chacune de ces illustrations. Et je n'ai pas peur de dire qu'on rivalise pleinement avec les productions US. J'espère sincèrement que les joueurs frenchy vont s'en apercevoir à temps et nous soutenir en ce sens car pour le moment, les réactions sont plutôt tièdes. Pour la gestion des dessinateurs, je dirais que j'ai placé chacun ou chacune au poste qui lui convenait le mieux. David Ivaha, et ses inspis comics, s'occupe des looks des personnages. Dydy gère les robots, Audrey s'occupe des couleurs et des illustrations supplémentaires. Marion gère la PAO. Maxime Delcambre est clairement l'illustrateur phare du projet et nous avons mis ses toiles en vente car il est sacrément doué. De même, certains lecteurs peuvent s'immortaliser dans le jeu grâce à David en regagnant les ouvrages de manière dessinée ! C'est, je crois, une première dans un jeu de rôle français !
SFU : Les règles sont présentées comme "simples et instinctives permettent une prise en main rapide". Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
Sullivan Lord : Utopia est un jeu qui se situe à mi-chemin entre la simulation des jeux d'hier et les règles narratives d'aujourd'hui. Un personnage d'Utopia est défini par une statistique allant de 1 à 5, appelée Stat. On note Combat, Force, Agilité, intellect, Volonté et Charisme (oui rien que du classique !). Le système de jeu utilise ensuite majoritairement des D10. Pour entreprendre une action simple, un joueur lance autant de dés que la stat de son personnage (auxquels s'additionne, arme, compétence, spécialité ou avantages de l'environnement... jusqu'à un maximum de 8 dés). Une fois les dés lancés, on oppose les résultats de chacun des dés face à un seuil de difficulté allant de 2 (enfantin) à 10 (surhumain). Chaque dé supérieur ou égal à ce seuil permet de remporter un succès. Plus on obtient de succès, plus la réussite est flagrante. Lorsqu'un personnage est fatigué voire blessé, ses stats baissent d'un ou plusieurs paliers (ses D10 deviennent des D8, des D6 ou pire, des D4 !). Pourquoi ? Vous avez beau être le meilleur d'un domaine, quand vous êtes fatigué, blessé ou diminué, et même bardé de matériel technologique, ça devient sacrément dur de sauver sa peau ! A l'inverse, lorsqu'un personnage en pleine forme physique active une drogue de combat, un boost d'adrénaline ou un implant cyber, ses D10 peuvent devenir des D12, le rendant ainsi proprement surhumain. Le D20, quant à lui, est réservé à quelques rares abbérations génétiques ou à des robots de combat particulièrement puissants. Pour équilibrer la mortalité du système où un seul et unique jet permet de déterminer si on touche et combien on inflige de dégâts, des points d'Utopie sont décernés par le Maître de jeu (appelé ici Haut Dignitaire). Ces points permettent d'acheter des dés supplémentaires (toujours dans la limite de 8) ou des succès. Les points d'Utopie peuvent également être utilisés par les joueurs pour participer à la narration en changeant, par exemple, des éléments de décors à leur avantage (ressort bien connu des jeux du système Cortex). Précisons qu'on obtient ces points d'Utopie en interprétant correctement les citations, faiblesses ou autres habitudes de son personnage, donc grâce au Roleplay. A l'inverse, le Haut Dignitaire récolte lui des points de dystopie qu'il peut utiliser à loisir contre les Citoyens récalcitrants. Bien sûr, le système possède davantage de règles spécifiques, notamment en ce qui concerne les combats. On y trouve aussi des règles optionnelles pour les vétérans afin de réduire les lancers de dés pour se concentrer sur la narration. Une règle optionnelle permet également de se servir du D20, comme chez Chaosium, pour les tables de localisation (personnages ou véhicules...).
Et voilà qui permet d'avoir un panorama rapide du jeu proposé. Si ça vous fait envie, la page Ulule du jeu en dit beaucoup plus, notamment quant à l'univers ou au système de règles. S'agissant de la souscription, le projet est ambitieux car la jauge de base (pour garantir le financement du projet) est établie à 20 000€.
« Lors de ce financement participatif, nous espérons parvenir à éditer l’intégralité de la gamme. Le Guide de survie du Citoyen se destine aux joueurs, aux joueuses et aux Maîtres de jeu (celui qui organise la partie et fait vivre les aventures). Le Manuel d’oppression du Haut Dignitaire se destine principalement aux Maîtres de jeu (ici, nous l'appelons Haut Dignitaire, d'où le titre de ce livre). L’écran de jeu servira à tout votre groupe. C'est un mémo facilement utilisable qui résume les règles phares d'un côté et vous propose une superbe illustration de l'autre. Il vous faudra également un set de dés pour vous lancer dans cette nouvelle aventure. De nombreuses contreparties seront bien évidemment proposées dont le roman Utopia, aujourd'hui épuisé dans le commerce. Le franchissement des paliers sociaux et financiers serviront également à déverrouiller des goodies que nous offrirons à tous les Ululers qui auront opté pour des contreparties physiques ».
Il reste un peu moins de trente jours pour participer à cet ambitieux projet et permettre à Utopia de voir le jour. Toutes les informations complémentaire se trouvent A CETTE ADRESSE.
Publié le mercredi 18 octobre 2017 à 09h00
Fiches de l'encyclopédie de l'imaginaire en rapport avec l'article
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