Critique Kingdomino Origins [2021]

Avis critique rédigé par Gaetan G. le vendredi 21 janvier 2022 à 09h00

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Bruno Cathala est un auteur de jeu de société très prolifique. A ce niveau-là, on peut même parler de stakhanoviste : Son blog recense 156 créations en un tout petit peu moins de 20 piges, soit une moyenne de 8 titres par an ! Forcément, là-dedans il y a un peu de tout. Mais son truc à lui, c’est la mise au point de mécaniques très épurées, simples à apprendre mais pas si faciles à maîtriser.

Prenons l’exemple de Kingdomino… Vu d’avion, on a l’impression d’avoir affaire à un titre qui ne casse pas trois pattes à un canard. Il s’agit d’un jeu de tuiles très classique, dans lequel on vient piocher des dominos que l’on assemble pour former son petit pré carré. Une fois sur table, en revanche, on découvre un système de choix des dominos aussi fourbe que bien trouvé. Plus la tuile que l’on prend est rentable, moins on aura de choix au tour suivant. Les parties sont donc remplies de dilemmes cornéliens : faut-il craquer maintenant pour cette tuile « bien mais pas top », ou se placer dans les premiers au cas où il y ait mieux juste après ?

Vous allez sans doute trouver que j’exagère, mais pour moi Kingdomino est un incontournable de toute armoire à jeu qui se respecte… Le titre est bon marché et il se sort facilement, une partie durant moins de 30 minutes explication des règles comprise. Surtout, il est capable de parler à tous les publics, du débutant attiré par la simplicité au vieux routard qui va y trouver assez de matière pour s’y fumer (gentiment) les neurones.

Je ne dois pas être le seul à penser ça, puisque le succès, tant public que critique, a été au rendez-vous. Ce qui signifie au passage que Kingdomino a connu pas mal d’extensions et/ou de variantes depuis sa sortie en 2016 :

  • Queendomino (gestion de ressources, achat de tuiles de scoring) ;
  • Age of Giants (augmentation de l’interaction entre les joueurs) ;
  • Kingdomino Duel (variante à deux en roll and write) ;
  • Dragomino (version simplifiée pour les enfants).

Personnellement, j’ai toujours préféré la mouture de base, considérant qu’il n’y avait pas besoin de complexifier un principe qui tire justement sa force de sa simplicité. Dans ces conditions, inutile de dire que je n’attendais pas Kingdomino Origins, le petit dernier de la série, avec spécialement d’impatience.

Ce fût clairement une erreur ! En deux mots, Kingdomino Origins est une synthèse parfaite de toutes les éditions précédentes : la base reste quasiment inchangée, et le titre comprend plusieurs variantes optionnelles qui peuvent complexifier progressivement les choses. Cerise sur le gâteau, le prix de cette nouvelle édition est quasiment le même que le Kingdomino de base, malgré un matos plus conséquent. Bref, vous n’avez plus aucune excuse pour passer à côté si vous n’aviez pas encore d’exemplaire à la maison !  Mais assez spoilé, et place au test détaillé de la bête…

Pimp my Kingdomino

La boîte abandonne le format miniature du Kingdomino originel pour un format plus conventionnel, afin de pouvoir accueillir confortablement le matériel suivant :

  • 48 tuiles en carton épais ;
  • 4 tuiles de bases (représentant des huttes et non des châteaux histoire de coller au thème) ;
  • 8 Meeples colorés (2 par joueurs) permettant de choisir ses tuiles ;
  • 1 carnet de score.
  • Du matériel pour la variante « totem » (49 ressources en bois, 4 tuiles de majorité de ressource) ;
  • Du matériel pour la variante « tribu » (22 tuiles de personnages).

Il y a une petite inflation dans le prix – le Kingdomino de base coûte aux alentours de 20€ tandis que le petit nouveau émarge plutôt à 25€ – mais rien que de très normal au vu de ce matos supplémentaire.

La direction artistique est dans la droite lignée des titres précédents de la série. Les différentes tuiles du mode « tribu » bénéficient certes d’un look cartoon (un peu) plus travaillé, mais pour le reste les illustrations privilégient la simplicité et l’efficacité. La lisibilité des différentes tuiles n’est jamais prise en défaut, c’est ce que l’on demande avant tout à un jeu de ce genre.

Les différents composants du jeu sont qualitatifs, notamment les tuiles qui sont en carton bien épais.  C’est de l’inusable, si j’en crois ma boîte de Kingdomino qui a supporté plusieurs centaines de parties sans broncher.

Tout le matériel est rangé dans un thermoformage fort bien fait. Il y a de quoi tout ranger, même si vous êtes comme moi un maniaque du petit sachet en plastique (ne niez pas, je ne suis pas le seul).

En revanche, les ressources sont vraiment toutes petites. Elles ont tendance à tomber facilement de la table, il faut donc faire attention si on a des jeunes enfants qui pourraient passer à côté et les avaler.

Le manuel, pour finir, tient sur six pages petit format bien tassées. Il n’y a rien de spécial à en dire : c’est bien écrit, il y a des exemples un peu partout et personne ne devrait avoir de mal à piger le principe du jeu. Comme d’habitude chez l’éditeur, le fichier PDF est disponible en ligne.

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Niveau mécanique, pas de surprise : on reste sur la même base que Kingdomino.

Petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas encore : on commence par déterminer l'ordre des joueurs pour le premier tour, puis on tire 4 tuiles au hasard. Attardons-nous un instant sur celles-ci. Face visible, elles comportent deux terrains parmi 6 variantes possibles (plaine, désert, forêt, glace, montagne et volcan). Face cachée, les tuiles comportent un numéro entre 1 et 48 qui va permettre de les trier par ordre croissant avant de les poser sur la table. Comme vous l'imaginez, les tuiles les plus intéressantes portent un numéro élevé et se retrouveront plus bas.

Chaque joueur choisit une tuile à tour de rôle, sur laquelle il pose un de ses deux pions. Une fois que tout le monde a choisi, on tire au sort 4 nouvelles tuiles que l'on trie également par ordre avant de les placer au milieu. Cette fois-ci, chacun joue dans l'ordre descendant : celui qui avait choisi la tuile la moins intéressante au tour précédent est donc le premier joueur, et celui qui avait choisi la meilleure tuile prendra celle qui reste (en général une des deux du milieu). Et on continue comme ça pendant 12 tours.

A chaque fois qu'un joueur doit récupérer un pion sur une tuile afin d'en prendre une nouvelle, il utilise le domino ainsi libéré pour agrandir sa tribu. Là encore, les règles de pose sont simplissimes. Le joueur peut poser n'importe quelle tuile si elle est en contact avec sa tuile de départ. Et sinon, il faut connecter au minimum un terrain de la nouvelle tuile avec un terrain identique déjà posé. Dernière subtilité : les tuiles doivent rester dans un carré de 5x5, de préférence centré autour de sa tuile de départ (ça fait des points bonus en fin de partie). Si vous ne pouvez pas poser la tuile, elle est tout simplement défaussée.

La manière de gagner des points diffère du Kingdomino de base. Ici, point de couronne car tout se joue avec des flammes. On sépare tout d'abord sa tribu en domaines, chaque domaine étant composé des cases d'un même terrain, connectées horizontalement ou verticalement (les diagonales ne comptent pas). Pour chaque domaine, on multiplie le nombre de cases par le nombre de flammes qu'il y a dessus. Une zone de 4 forêts avec 3 flammes vaudra donc 12 points, tandis qu'une zone de 15 déserts sans flamme vaudra 0 (oups, désolé pas de bol).

Sauf qu’ici tout n’est pas figé ! Certaines flammes sont dessinées sur les tuiles, mais il y a également moyen d’en rajouter d’autres en cours de partie au travers des volcans. En effet, ces derniers ne rapportent pas de points directement : lorsqu’on pose une tuile de ce type, on vient plutôt placer des flammes sur des tuiles adjacentes. Il y a trois types de volcans : les petits permettent de placer 1 flamme à 3 cases de distance, les gros permettent de placer 3 flammes à 1 case, et les moyens sont… Entre les deux (2 flammes à 2 cases).

C’est un ajout tout simple mais bienvenu. Les volcans remplacent les mines dans le jeu de base : ce sont des tuiles très rémunératrices mais difficiles à placer. Dans Kingdomino Origins, elles viennent combotter avec tout le reste et ça rajoute l’air de rien pas mal de profondeur au gameplay !

Il y a des variantes en plus !

Ça, c’est pour le mode de base, appelé « découverte » dans le manuel. En plus de cela, le titre est livré avec du matériel pour 2 variantes qui changent considérablement l’expérience de jeu.

Dans la première, le mode « totem », chaque case de domino comportent une ressource (sauf les déserts et les tuiles qui comportent des flammes). Il y a par exemple un petit poisson sur chaque tuile de glace, et un mammouth sur chaque tuile de plaine. Chaque ressource rapporte un point en fin de partie, plus éventuellement un bonus de majorité plus ou moins important suivant la ressource en question (3 points pour les mammouths et 4 pour les poissons, par exemple). Les volcans sont potentiellement moins intéressants, pour le coup, puisque les flammes que l’on va venir poser vont détruire la ressource qu’il y avait précédemment sur la case. Il faut donc trouver le meilleur compromis entre les points de flamme, et les points de ressource. Bref, cela rajoute encore une couche de complexité supplémentaire.

La seconde variante s’intitule le mode « tribu ». Elle permet de dépenser les différentes ressources collectées pour s’acheter des tuiles. Ces tuiles vont elle-même rapporter des points en fonction des 8 ressources adjacentes au bonus en question. Cette fois, il va donc falloir trouver le meilleur équilibre entre les points de feu, les points de ressources et les points de tuile… Sachant que tout cela va s’entremêler joyeusement !  Inutile de dire que cette variante est de loin la plus complexe.

Toujours aussi bon, en vrai

A l’usage, ce système de variante est le meilleur compromis que l’auteur pouvait faire… Le mode « découverte » permet de conserver le feeling de l’original. Kingdomino Origins reste un titre simple et facile à sortir, notamment pour les parties de découverte.

Les tuiles volcans constituent de plus un excellent ajout. Elles viennent remplacer les mines du Kingdomino originel, tout en apportant beaucoup plus de flexibilité. Rappelez-vous : les mines n’étaient rentables que si l’on pouvait en prendre beaucoup, elles perdaient donc beaucoup de leur intérêt dès que plusieurs joueurs se battaient pour les récupérer. A l’inverse, les volcans viennent booster le terrain de votre choix, ils sont donc utiles tout au long de la partie. En contrepartie, ils sont plus complexes à poser.

Cet ajout n’augmente pas la complexité du titre. Le titre est annoncé comme étant 8+, mais il devrait être possible de jouer avec plus jeunes en prévoyant un gabarit de 5x5 (une simple feuille de papier plastifié fait très bien l’affaire) pour qu’ils voient comment poser les dominos.

Dans le même temps, le titre propose quelques variantes bienvenues afin que l’on puisse augmenter le niveau de complexité de l’ensemble sans avoir besoin de repasser à la caisse. Bon, après, je ne suis toujours pas fan du mode « tribu ». Kingdomino est un jeu simple et fun : en un coup d’œil, on doit pouvoir lire le jeu de ses adversaires et donc identifier la tuile qu’il faut leur piquer. Le mode « tribu » repose au contraire sur une salade de point. Le plus souvent, on ne sait même pas très bien qui est en tête et qui a besoin de quoi.

Entre ces deux extrêmes, le mode « totem » est en revanche un excellent intermédiaire. Il change complètement les stratégies, sans tout bouleverser non plus. Bref, il permet de monter tout doucement en gamme et en complexité.

La conclusion est donc sans appel : Kingdomino Origins n’a pas pour ambition de révolutionner la formule. Bien au contraire, il constitue plutôt une sorte de pot-pourri de la licence. Il change subtilement les règles de base afin d’apporter un poil plus de stratégie, il pioche quelques bonnes idées dans Queendomino pour concevoir un mode expert, et pour finir il créée une variante intermédiaire qui fait le lien entre ces deux niveaux de complexité.

Bref, c’est une sorte d’édition ultime de Kingdomino, qui permet à la fois de disposer du jeu de base et des meilleures idées de ses extensions. Tout le monde y trouvera son compte, et le titre se doit plus que jamais de figurer dans toute armoire à jeu qui se respecte.

Execioutive soummairy

Public cible : familial, accessible dès 5 / 6 ans avec un peu d’accompagnement des parents

Nombre de joueur : 2 à 4, amusant dans toutes les configurations

Durée de partie : 20 minutes environ

Interaction : compétitif, gentiment puputte

Rejouabilité : bonne. Le principe est tout simple, mais on ne s’en lasse pas

Courbe de progression : on pige instantanément le mode « découverte », mais les modes de difficulté avancés peuvent demander un poil plus de temps pour les joueurs novices. Les autres n'auront aucun problème.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Kingdomino Origins [2021]

Auteur Gaetan G.
85

Kingdomino Origins est en quelque sorte la version « ultimate » de Kingdomino. La boîte comporte en effet 3 modes de jeu différents.

Le mode « découverte » conserve toutes les qualités du Kingdomino originel : c’est un jeu de tuile tout ce qu’il y a de plus classique, dont les règles s’expliquent en 5 minutes montre en main. Les débutants y trouveront un titre hyper accessible, tandis que les joueurs plus chevronnés y trouveront un titre plus fin qu’il n’y paraît.

Le mode « tribu » est nettement plus complexe : il y a tout plein de manières de marquer des points, en revanche elles sont toutes antagonistes. D’où un joli casse-tête pour optimiser son développement et maximiser son score. Là encore, ce mode de jeu rappellera de bons souvenirs à ceux qui connaissent la licence puisqu’il reprend quasiment à l’identique le gameplay de Queendomino.

Le dernier mode, appelé « totem », constitue une sorte d’entre-deux : il est plus complexe que le mode découverte, tout en restant relativement abordable.

Dans ces conditions, difficile de conseiller cette boîte à tous les heureux possesseurs d’une autre édition de Kingdomino : c’est peu ou prou la même chose qu’avant, mais dans un univers différent. En revanche, les autres auraient tort de passer à côté car Kingdomino reste un incontournable et se doit de figurer dans toute armoire de jeu qui se respecte. On trouve toujours une occasion pour le sortir !

On a aimé

  • 3 jeux en 1...
  • ... Pour un prix qui ne bouge (quasiment) pas
  • Un principe qui n’a pas vieilli depuis 2016. Kingdomino c'est bon, Kingdomino mangez-en !

On a moins bien aimé

  • Pas convaincu par le mode « tribu »

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