Critique Dixit Odyssey

Il suffit de jeter un coup d'oeil aux critiques de Dixit pour s'apercevoir qu'il fait incontestablement parti des coups de coeur du staff. Et, au vu des nombreuses récompenses gagnées par le jeu (premier Spiel des Jahres français quand même !), on peut également se dire que le public est unanime quant aux immenses qualités de ce party game. Du coup, la sortie de chaque nouvelle extension fait inévitablement plaisir, renouvellant chaque fois le plaisir de jeu en injectant des sets de cartes inédites. Pour celles et ceux qui jouent beaucoup à Dixit, ces ajouts sont quasiment indispensables pour permettre de casser la routine des parties. Désormais, avec le jeu de base et ses deux extensions, Dixit se dote au total de deux cent cinquante deux cartes différentes, soit de quoi lui donner une durée de vie considérable.

Cette troisième extension, Dixit Odyssey, apporte trois nouvelles choses. En premier lieu, des cartes inédites qui vont de multiplier le nombre de combinaisons possibles, et donc de prolonger la durée de vie du jeu. D'autre part, il permet (enfin !) d'étendre le nombre de joueurs au delà de six, permettant dorénavant d'accueillir jusqu'à douze personnes autour de la table. Enfin, il renouvelle le matériel en proposant un nouveau plateau, de nouveaux jetons de vote, ainsi qu'un rangement thermoformé permettant de caser dans une seule et même boite les trois extensions du jeu ; de fait, contrairement à Dixit 2, il s'adresse à deux types de publics, d'une part les joueurs confirmés, mais également les néophytes qui ne possèdent pas la boite de Dixit 1, et pour qui la seule acquisition de Dixit Odyssey permet de commencer à jouer.

Niveau matériel, Libellud a objectivement fait un très bon travail sur cette nouvelle extension. C'était en effet l'un des points faibles du jeu de base : la boite était pleine de vide, le plateau de comptage n'était pas très pratique, bref, sur la forme, on pouvait aisément trouver à redire à Dixit. Désormais, le jeu se dote d'un plateau de comptage bien conçu (pour compter les points, évidemment, mais permettant également de servir de point d'ancrage pour les cartes), ainsi que d'une boite avec des rangements thermoformés impeccablement pensés. Le seul véritable raté de Dixit Odyssey se trouve au niveau du matériel de vote, certe plus joli et bien plus travaillé qu'auparavant, mais assez maladroitement conçu, et donc vraiment peu pratique à utiliser (à six joueurs ou moins, on finit par ressortir les jetons d'origine).

Sur le fond, Dixit Odyssey s'avère être dans la plus parfaite continuité du jeu de base, et l'on ne pourra, une nouvelle fois, qu'être très dithyrambique sur les grandes qualités de ce jeu. Les nouvelles cartes font preuve de cohérence avec les anciennes (malgré le changement d'illustrateur), et la possibilité de jouer à plus de six joueurs a été correctement pensée (avec de nouvelles règles de calcul, ainsi qu'une possibilité de jouer en équipe), prouvant, une nouvelle fois, que l'équipe de Libellud sait prendre soin de son public en lui offrant des produits impeccablement pensés. Ludiquement, donc, Dixit Odyssey est une nouvelle réussite, dans la plus parfaite continuité des publications précédentes. Pourtant, au final, il reste tout de même un petit quelque chose qui froisse ; en fait, ce statut hybride - à la fois extention et stand alone - donne l'impression que Dixit Odyssey à le cul entre deux chaises.

En effet, que l'on possède les précédentes extensions ou que l'on soit premier acquéreur, on pourra trouver à redire sur certains aspects de cette nouvelle publication, et le rapport qualité/prix de cette boite pourra être perçu différemment en fonction des attentes et des sensibilités de chacun. Ainsi, si le changement de matériel est pleinement justifié par l'augmentation du nombre de joueurs, les possesseurs de Dixit 1 pourront malgré tout avoir l'impression de payer une nouvelle fois pour un matériel mal conçu à la base (cette nouvelle extension coute aussi cher que le jeu de base, et, du coup, Dixit au complet coûte près de 80€). A l'inverse, les nouveaux acquéreurs auront un matériel optimal dès le début, mais les nouvelles illustrations de Pierrot sont tout de même moins riches (donc plus difficiles d'utilisation) que celle de Marie Cardouat (qui avait signé celles de Dixit 1 et 2), bien plus adaptées pour les débutants.