Critique La Nuit des morts-vivants 3D : Re-Animation [2013]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 4 octobre 2013 à 16h10

Zombidaube

Quand quelque amateur de cinéma fantastique se prend à évoquer La Nuit des morts-vivants, son éventuel auditoire pense de suite au grand classique de George A. Romero, œuvre fondamentale revisitant et modernisant le mythe du zombie pour en faire une véritable critique sociale. Les plus au fait du genre vont même plus loin dans leur réflexion, en citant une série de déclinaisons (Zombie, Le Jour des morts-vivants, etc.), également réalisées par le maître. Des séquelles et variantes qui n’atteignent pas toutes, loin s’en faut, le même niveau qualitatif que le modèle original mais qui, pour diverses raisons, présentent un réel intérêt. Ainsi, dans l’esprit commun, Night of the Living Dead se pose donc aujourd’hui comme un label, appartenant à un seul homme, que l’on qualifie parfois de génie - même si, dans les faits, ce n’est pas tout à fait vrai (on a trop tendance à négliger dans l’équation la contribution initiale de John A. Russo).

On pourrait donc être étonné de constater que le nom de George A. Romero n’apparait nulle part sur les crédits de Night of the Living Dead 3D: Re-animation. Mais cela serait faire preuve d’un excès de naïveté. Cela serait oublié que l’opportunisme est l’un des principaux éléments qui compose le cinéma de genre et le b-movie (ce film arrive d’ailleurs juste derrière un certain Night of the Living Dead: Resurrection, remake daubesque du chef d’oeuvre de Romero). Rien de tel que récupérer un concept ou un titre connu pour attirer le chaland. Pour ce qui concerne cette critique, on peut même dire que le film de Jeff Broadstreet (qui fut l’auteur en 2006 d’un La nuit des morts-vivants 3D déjà raté) va encore plus loin dans la démarche car s’appuyant sur un scénario «bouffant un peu à tous les râteliers», Veuillez me pardonner l’expression. Merci. Car Night of the Living Dead 3D: Re-animation, comme peut le laisser deviner son titre, est un sorte de cross-over entre le film suscité moult fois ici et... Réanimator!

Le script raconte l’histoire d’une réanimation de cadavres sous fond de conflit familial. Deux frères qui se sont arraché l’affection de leur père croque-mort. L’un a tout gagné. L’autre a tout perdu. Quand ce dernier revient pour réclamer sa part d’héritage, il découvre que son frère a cédé à une folie macabre et qu’il s’amuse (sans que l’on comprenne vraiment ses motivations) a ranimer les morts en leur injectant un sérum créé par son père... avant de les buter à grands coups de pelle. Oui, je sais, dis comme ça, c’est complètement crétin. Je vous rassure cependant. Quand l’on visionne le film, la situation apparait comme étant aussi stupide. A ces deux personnages hauts en couleurs, on peut rajouter leur tante, qui fait office de secrétaire, une maquilleuse punk qui évoque (c’est surement volontaire) la Trash du Retour des morts-vivants, un employé décérébré et une très jolie apprentie qui, manque de bol, va effectuer son premier job au milieu de morts refusant de le rester.

Bref, ce film stupide ne mériterait même pas que l’on écrive une ligne dessus, sauf que... Sauf que Jeff Broadstreet, s’il est loin d’être un cinéaste digne de ce nom, est un petit malin possédant une bonne culture cinéphilique. Il s’est souvenu que, il y a des lustres (au 20ième siècle), certaines œuvres mineures (pour ne pas dire des navets) ont connu un certain succès de par le coté «culte» de leur casting. En effet, réunir à l’écran un Boris Karloff et un Vincent Price suffisait à attirer dans les salles les fans du genre, tout comme personne ne restait insensible à l’appel d’un John Carradine meet Bela Lugosi. Ici, il renouvèle le procédé en confiant les rôles des deux frères à deux excellents acteurs et sacrés gueules de cinéma: Andrew Divoff et Jeffrey Combs. Et, poussant le vice à fond, il en rajoute une couche en appelant, pour interpréter la jolie ingénue de l’histoire, une comédienne de série B très en vogue (et c’est largement mérité!) Sarah Lieving!

Conscient du potentiel des deux stars, Jeff Broadstreet leur a consacré un temps d’exposition très important. De nombreuses scènes, d’ailleurs, sont des séquences dialoguées n’impliquant que les deux comédiens. Et, comme l’on pouvait s’y attendre -quand bien même leurs textes sont vides de sens -, les deux compères sont absolument géniaux, faisant même preuve d’un peu de composition puisque, des deux personnages, c’est celui d’Andrew Divoff (Gerald) qui se dévoile comme étant un fou furieux. Cette opposition mise en scène est le seul point fort du film, d’autant plus que la réalisation extrêmement laborieuse et scolaire, qui fait du métrage du métrage spectacle généralement ennuyeux (même les quelques clins d’œil, comme la séquence d’ouverture au cimetière, ne parviennent pas à nous sortir de notre torpeur),  magnifie involontairement le jeu des deux acteurs qui, à la manière d’une pièce de théâtre, prennent la pose avant de délivrer leur texte. Un régal.

Pour ce qui est des effets spéciaux, on regrette que Jeff Broadstreet ait presque toujours eu recours à des (médiocres) inserts numériques. La présence de maquillages franchement très corrects tendent en effet à nous laisser penser que l’équipe des FX était capable de faire aussi bien, voire mieux, avec des effets traditionnels. De ce coté également, il est donc légitime d’être déçu. Enfin, un mot sur les zombies qui, au regard du sujet, devrait occuper une grand place dans le métrage. En fait, si Night of the Living Dead 3D: Re-animation est assez avare de morts-vivants au cours de sa première demi-heure, cela s’améliore par la suite, quand l’employé crétin laisse ouverte la grille où les créatures sont parquées (le crematorium). Là, débute la contagion, avec des zombies traditionnels («comme dans un film de Romero, s’écrit à un moment le personnage de Jeffrey Combs) qui, bien sûr, ne cherchent qu’à mordre la chair d’êtres vivants (ils se contentent d’ailleurs de ça). Bref, cela manque d’originalité, de craspec, de tension dramatique, de suspense. De cinématographie.

A signaler que le film a été visionné en version plate, la qualité de la 3D ne peut donc pas être jugée.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : La Nuit des morts-vivants 3D : Re-Animation [2013]

Auteur Nicolas L.
35

Film à la réalisation insipide et au scénario sans intérêt, Night of the Living Dead 3D: Re-animation ne vaut que pour son prestigieux casting. Andrew Divoff et Jeffrey Combs se donnant la réplique à travers de nombreuses scènes, voilà un élément qui suffit à lui seul à faire de l’oeuvre de Jeff Broadstreet (surnommé le nouveau Ed Wood au début de sa carrière, c’est dire...) un spectacle regardable. Ah oui, il y a aussi Sarah Lieving, toujours aussi croquante...euh, craquante.

On a aimé

  • Un casting séduisant
  • Quelques maquillages réussis
  •  

On a moins bien aimé

  • Réalisation pachydermique
  • Scénario bancal
  • Effets numériques perfectibles

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