Critique Sultaniya [2014]
Avis critique rédigé par Amaury L. le lundi 27 octobre 2014 à 11h34
Sultaniya, le jeu aux 1001 palais
Sultaniya, ville perse à la fin du XIIIe siècle (actuellement au nord-est de l'Iran), fut la capitale d'une dynastie mongole. On y bâtit le Dôme de Soltaniyeh, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 2005. Les architectes rivalisèrent d'ingéniosité pour construire ce mausolée remarquable et vous en faisiez partie. Heureusement, les Djinns avec leurs pouvoirs aidèrent les plus méritants afin de réaliser le palais le plus extraordinaire et merveilleux.
Un palais dans la boîte.
Bombyx offre une belle présentation et un soin appréciable dans la conception et la réalisation des différents éléments qui composent Sultaniya. On découvre quatre plateaux individuels recto/verso représentant les débuts de construction d'un palais et des personnages emblématiques de l'univers des 1001 nuits, 93 tuiles Palais réversibles, des saphirs (en plastique), 1 piste de score et quatre jolies et colorées figurines Djinns. Le matériel proposé revêt des critères qualitatifs élevés et la boîte apparaît bien remplie. On reprochera, et c'est vraiment pour pinailler, que les éléments se baladent dans la boîte si on souhaite ranger le jeu sur sa tranche malgré la présence d'un thermoformage. Xavier Colette, l'illustrateur et Bombyx, l'éditeur ont réalisé une prestation pratiquement irréprochable.
Quelques règles de construction de palais à suivre.
Chaque joueur essaie de construire le plus beau palais en respectant les consignes spécifiques à chaque chantier (plateau individuel) afin de marquer un maximum de points.
Pendant son tour, un joueur à le choix de construire ou de faire appel à un Djinn ou de passer son tour. Un palais se développe sur quatre niveaux (étages) constitués de tuiles Palais qui obéissent à certaines contraintes de pose (la tuile dernièrement posée doit être en accord et coïncider avec les tuiles adjacentes, une tuile ne peut être posée sur du « vide », une tuile ne dépasse pas les limites verticales du plateau individuel...).
L'action Construire autorise le joueur à choisir parmi quatre piles (chaque pile correspond à un étage du palais) et dévoiler des tuiles Palais de cette pile. Ensuite, il doit en choisir une et obligatoirement la poser en respectant les règles énoncées ci-dessus. La deuxième action consiste à requérir l'aide d'un des quatre Djinns contre la dépense de saphirs (de un à trois) qui procurent un avantage immédiat (révéler de nouvelles tuiles Palais d'une pile, déplacement d'une tuile de son palais, construire deux fois pendant son tour, choisir une tuile Palais dans la pile souhaitée). On conserve devant soi le Djinn sollicité.
La dernière action se résume à passer son tour et récupérer deux saphirs de la réserve.
Le jeu se termine lorsqu'un joueur construit sa cinquième tuile Toit de son palais. On marque des points selon les cartouches de son plateau individuel (1 point par fenêtre ou par tour, 3 points par coupole ou jardin, 6 points par porte ou minaret complet), si on possède le plus de gardes (de 3 à 9 points), les tuiles Palais qui rapportent des points (4 ou 5 points), et selon ses objectifs secrets (2 points par djinn possédé, + 1 point par symbole...).
Celui qui obtient le meilleur score séduit le Sultan par la magnificence de son palais et devient Grand Vizir.
Un palais des 1001 nuits classique.
Sultaniya impressionne par la qualité de son matériel et sa présentation réussie. L'éditeur Bombyx aime le travail bien fait et le confirme sur cette sortie orientale. Charles Chevalier est à la baguette de ce jeu reposant sur un cadre historique véridique (le dôme de Soltaniyeh inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2005). Les règles claires et limpides dévoilent la quintessence de Sultaniya, un jeu de placement principalement avec des contraintes spécifiques à chaque joueur pour le marquage de points.
Dès les premières parties, on ressent l'application de l'auteur et de l'équipe Bombyx afin de parfaire un équilibre constant, une équité des chances de l'emporter, un pragmatisme professionnel des mécanismes proposés. On ne perçoit aucune faille technique à l'encontre de Sultaniya. L'ensemble tient la route sans aucun problème. On apprécie l'appareillage technique qui impose des dilemmes intéressants à chacun des joueurs, construire un palais rémunérateur ou parfois sacrifier quelques points afin d'empêcher un adversaire de s'emparer de tuiles vraiment alléchantes. Chaque action s'avère simple à comprendre et Sultaniya ne manque pas d'attrait. Bâtir son palais progressivement demeure plaisant et la réflexion accompagne chacune de ses décisions sans que le rythme en pâtisse. Les objectifs secrets (pas forcément très intuitifs aux premiers abords) apportent une légère variété et évitent une monotonie préjudiciable de s'installer.
Toutefois, l'ensemble laisse une impression très abstraite. La thématique reste en retrait et ne rappelle qu'à de rares instants la magie des contes des 1001 nuits. Les pouvoirs des djinns ne sont qu'un habillage artificiel (mais pertinents) afin d'agrémenter le corps mécanique de Sultaniya. Ce jeu habilement agencé ne parvient pas à se distancier d'un sentiment subjectif de « déjà-vu », d'une absence d'originalité, de mécanismes employés maintes fois.
Sultaniya est très conventionnel, il ne s'échappe pas d'un classicisme convenu et avec la concurrence constante de nouveaux jeux, difficile de dire s'il pourra s'extraire de la masse.
Descriptif technique :
Genre : placement, construction, collecte / Nombre de joueurs : 2 à 4
Durée : environ 45 minutes / Âge : à partir de 8 ans
Auteur : Charles Chevallier / Illustrateur : Xavier Colette
Editeur : Bombyx / Distributeur : Asmodée
Prix en boutique : environ 35 euros
La conclusion de Amaury L. à propos du Jeu de société : Sultaniya [2014]
Ne cherchez pas des défauts mécaniques à Sultaniya, l'auteur et l'éditeur rendent une copie propre et parfaitement ficelée. Toutefois, l'ensemble ne génère pas un enthousiasme débordant en raison d'une thématique sous-traitée, de mécanismes cohérents mais tellement usités auparavant. Ces palais ne se distinguent pas du flot continu de nouvelles propositions ludiques malgré une qualité de travail indéniable et aucun « bug » constaté. Sultaniya, le jeu de quelques nuits seulement.
On a aimé
- Matériel de qualité.
- Edition soignée.
- Mécanismes bien huilés.
On a moins bien aimé
- Ensemble tès convenu.
- Thématique en retrait.
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