Critique Decornum #3 [2019]

Le développement humain est tel que pour la survie de l’espèce le seul espoir réside dans la colonisation de nouvelles planètes et donc la conquête. Une des cinq armada lancée à travers l’espace a pour objectif Decornum dans ce tome 3 de cette collection de cinq BD de la série Conquêtes des éditions Soleil.

Decornum, une grande planète abondante en ressources, à la gravité à peine plus forte et proche du climat tempéré terrien, pourrait accueillir facilement la renaissance de la civilisation nippone dont la flotte et la colonie sont pour l'instant basées sur sa lune aride.

Le déploiement des troupes au sol pour soumettre la planète est très difficile. Les Dominants ne sont qu’un pourcent des aliens autochtones, mais ils maitrisent une énergie presque infinie qui passe aisément les boucliers et les défenses de méchas nippons.

Keïto, soldat un peu pommé, factieux et amoureux de sa capitaine Atsuka, est malgré tout parmi les meilleurs militaires. Ses prouesses guerrières parfois insubordonnées font que sur lui repose la relève d’informations sur ce peuple hostile. Ses flashbacks sur son passé sur la Terre illustrent clairement ce qu’elle est devenue et les traditions nippones ainsi que ses relations avec son aïeux.

Mais l’homme colon parviendra-t-il a découvrir le fonctionnement de Decornum et ses habitants sans tout détruire ?

Nicolas Jarry, le scénariste, mène tambour battant l’histoire tout en diluant petit à petit les informations qui se recomposeront in fine pour donner l’explication de la chute finale sans même devoir l’illustrer. On devine, alors, le parti pris de l’auteur.

Au dessin, Stephane Crety, nous régale avec des plans mettant en scènes de magnifiques et réalistes vaisseaux spatiaux ou méchas de combat ou de beaux tableaux des paysages SF. Son crayon est sûr, vif et donne l’illusion de mouvement particulièrement dans les affrontements.

Le coloriste Olivier Héban, parvient à sublimer les dessins, leur donnant une profondeur ou des éclairages accentuant, de manière assez traditionnelle et efficace, le côté dramatique des scènes.

La relation affective sorte de "je t’aime, moi non plus" entre Keïto et Atsuka, est appréciable et presque commune créant un lien proche d’identification avec le lecteur. La gestion des cases avec des passages d'un mode cyberpunk en pleins combats aux vues rapprochées à du space-opéra grand angle montrent une belle diversité et une maîtrise du 9^e Art par les auteurs.

Decorunum, ce troisième tome reste fidèle à la série Conquêtes tant sur la qualité des dessins que sur la richesse de son intrigue. Après le splendide Islandia, le tome 1 germanique lanceur de la série, Deluvenn, le tome 2 italien, ce tome 3 nippon Decornum continue agréablement cette sage SF des étions Soleil pour le plus grand plaisir des lecteurs.