Critique Aldoran #1 [2019]

Dans la bourgade indépendante de Castlelek perdue au milieu d'une forêt et proche d'une route commerciale vie paisible la jeune et espiègle Shannon. Depuis s'est installé aux abords, un peu en retrait, un vieux insolite. Il n'en fallait pas moins à la gamine très curieuse, peut-être trop, pour aller l'espionner et même inspecter en douce sa bicoque. Prise sur le fait par l'ermite Tyrom, elle reconnait sa vilaine curiosité et tente de se lier d'amitié avec le vieil homme bourru qui la refoule gentiment mais sèchement.

Arrive à la bourgade un messager du roi Gerald qui annonce que ce dernier souhaite annexer Castlelek à son proche royaume. Or les habitants et le bourgmestre après une intense et courte réflexion d'une journée, refusent. Quelques jours plus tard, le roi leur envoie ses mercenaires occuper la bourgade pour l'asservir de force. Tyrom, voyant la jeune Shannon menacée par un mercenaire, se précipite et perd conscience le cadavre fumant du mercenaire à ses pieds... D'où lui vient ce pouvoir et pourquoi ne se rappelle-t-il de rien ? Quel lien est-il en train de tisser avec la jeune Shannon ?

Jean-Luc Istin nous distille un très beau conte de fée en prenant Shannon et son lecteur par la main pour découvrir les affres du vieux Tyrom. Tout est parfaitement amené sans précipitation, ni raccourci. On s'installe paisiblement dans la narration, tout en découvrant avec délectation les petites bribes de l'histoire pour assembler petit à petit le puzzle de l'intrigue.

Kyko Duarte propose un dessin précis et technique. Ses plans et prises de vue, parfois plongeantes comme si on percevait les scènes par les yeux de l'espiègle et intrépide Shannon, ajoutent à l'immersion du lecteur dans l'histoire. Il y a une petite touche venue du manga, qui lui est propre, dans les dessins des visages. J. Nanjan, le coloriste, avec ses éclairages et ses jeux de lumières, rajoute du réalisme et de nouveau de l'immersion aux illustrations.

Le final, presque trop prévisible et trop happy end pour mon goût, ne retire rien à la qualité de l'histoire et de manière globale à la BD.
Découvrir, pas à pas, une nouvelle facette du monde des Terres d'Arran, celui de la magie et de ses Mages, est un vrai plaisir. Tyrom réussit malgré son physique tout en puissance aux antipodes des mages habituels à nous séduire et nous raconte son histoire. Une des quatre voies de magie est abordée dans chaque album. La voie Elémentatiste dans ce tome un, puis suivront la voie Runique,  Nécrommancienne et enfin Alchimique.
Cette BD est une véritable réussite en elle-même avec son intrigue et ses illustrations magnifiques mais aussi et surtout vis-à-vis de toutes les autres séries des Elfes, les Nains et les Orcs & Gobelins car elle ranime de façon intelligente la curiosité et la nouveauté dans le(s) différent(s) cycle(s) des Terres d'Arran.