Critique Above [2020]

Avis critique rédigé par Gaetan G. le jeudi 13 février 2020 à 09h00

Tenté par un plan à quatre ?

L’éditeur Don’t Panic Games, jusqu’ici plutôt spécialisé dans la localisation de titres anglophones édités par Cryptozoic ou Grey Fox, se lance un nouveau défi et publie son premier jeu totalement réalisé en interne : Above.

Fini les super-héros en spandex et les rouquins qui tatanent du Draugr, place aux Dieux qui veulent devenir calife à la place du calife :

« L’autorité de Zeus en tant que maître suprême des Olympiens est contestée. Une grande course entre les divinités est donc organisée : le premier qui posera le pied au sommet de la montagne remportera le commandement pour le prochain cycle. Si cet affrontement reste sportif et cordial, il est bien connu qu’entre dieux… tous les coups sont permis ! »

Mais ce n’est pas la seule originalité du titre. En effet, celui-ci se joue en équipe et il faut donc impérativement être un nombre pair autour de la table (2 ou 4). C’est une configuration plutôt inhabituelle dans un jeu de société, et qui dit rare dit risqué. Espérons néanmoins qu'Above parvienne à trouver son public car il dispose d’indéniables qualités et mérite d’être découvert. Mais regardons tout cela plus en détail.

Un matériel épuré, doté d’une très belle direction artistique

Le matériel contenu dans la boîte est relativement simple :

  • Un plateau central ;
  • 8 figurines en plastique souple ;
  • 16 cartes ;
  • Quelques jetons cartonnés.

Mauvaise nouvelle pour ceux qui utilisent des meubles Ikéa pour le stockage de leurs jeux : la boîte d’Above dispose d’un format spécifique, incompatible avec les productions du suédois. Mais que les amateurs de la marque se rassurent : on reste tout de même dans le thème puisque le titre fait partie de la grande famille des jeux en kits. Le plateau de jeu se compose en effet de 7 pistes circulaires qu’il va falloir assembler les unes au-dessus des autres afin de former une sorte de pyramide. Il faut faire preuve d’une certaine minutie – chaque section comporte des traits qui doivent être parfaitement alignées d’un étage sur l’autre – mais l’éditeur a eu la bonne idée de fournir plus de scotch double-face que nécessaire au cas où l’on merdoie. Personnellement, j’ai préféré ajouter quelques points de SuperGlu pour finaliser l’assemblage une fois que tout était positionné bien comme il faut.

Une fois cette étape achevée, le matériel laisse une bonne impression. Les figurines sont plutôt simples dans leur conception et n’ont pas beaucoup de détails, mais leur réalisation est impeccable. Il n’y a aucun défaut de coulée à l’horizon. Le titre utilise pas mal de couleurs vives, mais l’ensemble parvient à rester harmonieux. Le thermoformage blanc, quant à lui, laisse une impression classieuse.

On peut éventuellement regretter un thème peu présent dans les mécaniques – on remplacerait les divinités grecques par des Pokémons que ce serait peu ou prou la même chose – mais pour le reste Above délivre largement la marchandise. Le titre a une belle présence une fois sur la table de jeu et retient indiscutablement l’attention.

Le manuel, pour finir, est court et bien fichu. Le jeu n’est pas complexe en soi, comptez une dizaine de minute pour expliquer les règles et une partie pour trouver ses marques. Le titre n’est pas encore disponible en boutique à l’heure où j’écris ces lignes, impossible de certifier que ledit manuel sera également mis à disposition en version électronique. En pratique, j’ai peu de doutes : Don’t Panic Games le fait systématiquement sur ses autres productions.

Easy to learn, hard to master

Above est pensé pour être joué à 4, en 2 équipes de 2 joueurs.

La mise en place est hyper rapide : le plateau est posé au centre de la table, les 8 Dieux sont positionnés sur leur emplacement respectif et 8 jetons d’effets sont positionnés aléatoirement sur le plateau. Pour finir, chacun reçoit 4 cartes là encore tirées aléatoirement. Il y en a exactement le bon nombre, puisque chaque Dieu dispose de 2 cartes à son effigie (8 * 2 = 4 * 4).

Le premier joueur commence par défausser une carte de sa main, ce qui va lui permettre d’activer le Dieu en question. Ce Dieu devra d’abord se déplacer d’une case vers l’avant, c’est-à-dire sur la piste suivante, ou sur les côtés. Si cette case comporte un jeton d’effet, celui-ci est activé immédiatement. Pour finir, le Dieu doit activer son pouvoir spécial. Les pouvoirs des différents Dieux sont les suivants :

  • Zeus : le joueur place un jeton « foudre » sur une case libre du plateau. Si un Dieu s’arrête sur une case contenant un jeton foudre, il ne pourra pas jouer son action de Dieu après son déplacement ;
  • Héra : le joueur force un adversaire à défausser une carte de son choix ;
  • Arès : on place deux jetons « barricade » sur une case libre du plateau. Ce jeton bloquera le déplacement ;
  • Athéna : le joueur peut épuiser une carte supplémentaire de sa main et/ou une carte de son partenaire ;
  • Hadès : le joueur place un jeton « portail » sur une case libre du plateau. Si un Dieu s’arrête sur une case contenant un jeton portail doit se déplacer sur une autre case contenant un jeton portail ;
  • Demeter : le joueur place un jeton « fertilité » sur une case libre du plateau. Un Dieu qui s’arrête sur une case contenant un jeton fertilité doit avancer d’une case supplémentaire ;
  • Poséidon : le joueur peut soit reculer un Dieu d’une case, soit retirer un jeton de son choix du plateau ;
  • Aphrodite : déplacez une autre divinité d’une case vers l’avant ou vers les côtés.

Lorsqu’un joueur n'a plus de cartes en main, il choisit 4 cartes parmi toutes celles qui ont été défaussées. On passe au joueur suivant, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un joueur déplace son Dieu sur l’étage central de la pyramide. L’équipe du joueur a gagné.

Le jeu offre également une configuration à 2 simplifiée (chacun dispose des 8 cartes devant lui, en retourne une à son tour et récupère l’ensemble de ses 8 actions une fois qu’il les a toutes jouées) qui tourne bien mais qui se révèle de mon point de vue moins riche que le jeu à 4.

Une excellente profondeur stratégique

On se rend vite compte que le travail d’équipe est absolument essentiel pour gagner. En effet, si vous déplacez un Dieu sur l’avant-dernier étage de la pyramide (et qu’il ne lui reste plus qu’un déplacement pour aller sur l’étage central), alors vous offrez la victoire au possesseur de l’autre carte du même type. Il vaut donc mieux vous assurer avant votre déplacement que c’est votre partenaire qui la possède, ou qu’il sera le premier à la récupérer si elle se trouve dans la défausse. De fait, le jeu nécessite en permanence de faire des coups de billards à trois bandes.

On a pu mettre en place quelques stratégies sympathiques au cours de nos différentes parties. Il est par exemple particulièrement jouissif d’attendre que l’adversaire soit obligé de jouer la carte qui va le faire perdre. Personnellement, je pratique souvent des stratégies basées sur Athéna, en épuisant ma main rapidement et en soufflant les cartes des Dieux les mieux placés histoire de forcer mes adversaires à changer tout le temps leur fusil d’épaule. Ma miss, à l’inverse, adore me laisser monter des coups fumants avant de me forcer à défausser les cartes Kivonbien™.

Mais attention, car les retournements de situation sont nombreux. Il ne faut jamais se focaliser sur un Dieu en particulier, faute de quoi on passe systématiquement à côté d’autre chose et on se fait avoir.

Bref, Above se révèle vraiment agréable au fil des parties. Son système de jeu se révèle très accessible, tout en offrant une excellente profondeur stratégique quand on rentre dedans.La direction artistique chaleureuse et colorée, ainsi que la mécanique basée sur la contrainte de l’autre, procurent des sensations étonnamment similaires à un Santorini, même si le résultat se révèle un poil plus complexe.

En outre, rares sont les jeux à proposer une expérience convaincante en équipe. A part quelques titres comme Cerebria ou Un dernier donjon pour la route, ce n’est pas une configuration habituelle dans les jeux de plateaux. Une excellente surprise, donc, à recommander chaudement pour peu que vous puissiez réunir 4 personnes autour de la table pour en profiter dans la meilleure configuration !

Le résumé du patron

Public cible : du familial au core-gamer
Above est un vrai titre familial. Sa simplicité, sans atteindre l’épure d’un titre comme Santorini, lui permet de réunir un très large public autour de la table. Dans le même temps, sa profondeur stratégique lui permet d’offrir un joli défi intellectuel. Les optimisateurs fous pourront se faire de jolis nœuds au cerveau s’ils veulent tout planifier sur les 2 ou 3 prochains tours. 

Nombre de joueur : 2 ou 4
La configuration royale est bien sûr à 4 joueurs, mais il est parfaitement possible de jouer à deux en utilisant une configuration légèrement simplifiée. Je préfère le jeu à 4, plus riche et plus profond à mon sens.

Durée de partie : 20 minutes
Les parties sont courtes et intenses, avec une mise en place réduite à sa plus simple expression. En pratique, comptez plutôt le double voire le triple afin de se caler une petite revanche des familles. C’est la marque des bons jeux.

Interaction : Forte et compétitive, mais par équipe
Toute l’essence de la mécanique consiste à amener l’autre là où on veut qu’il aille. On cherche donc en permanence de détecter les cartes qui avantageraient ou bloqueraient l’adversaire.Le jeu en équipe est absolument primordial, il est rare de gagner sans planifier un coup de billard à 3 bandes avec son partenaire.

Rejouabilité : Excellente
Les règles sont simples, mais elles offrent tout de même de nombreuses possibilités stratégiques à expérimenter. C’est un jeu parfait lorsqu’on a une petite demi-heure à tuer, et on ne voit pas le temps passer.

Courbe de progression : Faible
Comptez une dizaine de minute pour expliquer les règles plus une partie pour trouver ses marques, ensuite vous êtes au top. Le jeu est vraiment simple d’accès, ce qui ne signifie pas que vous n’allez pas découvrir de nouvelles stratégies de fourbasse au fil de vos parties.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Above [2020]

Auteur Gaetan G.
88

Above est un excellent jeu de réflexion à destination de toute la famille. Le concept de base est tout simple : à chaque tour il faut déplacer une figurine représentant un Dieu de la Grèce antique en jouant une carte de sa main. Le premier qui arrive tout en haut du plateau, représentant l’Olympe, fait gagner son équipe. Quand on a plus de carte, on reconstitue sa main en piochant parmi celles qui ont déjà été jouées auparavant. Afin de complexifier un peu la situation, chaque Dieu dispose de son petit pouvoir bien à lui.

Comme on avance que d’une seule case à la fois, toute la mécanique repose sur la contrainte de l’autre : pour gagner, il va falloir soit forcer l’autre équipe vous offrir la victoire, soit faire en sorte que ce soit son partenaire qui fasse l’ultime déplacement.

Sa simplicité et sa profondeur stratégique le placent dans la catégorie des titres " easy to learn, hard to master ", à la manière d’un Santorini avec lequel il partage d’ailleurs une direction artistique chatoyante. Le résultat est tout à fait recommandable : Above se révèle très agréable à jouer et on a plaisir à le sortir. Son seul défaut, à mon sens, est d’être focalisé sur le jeu à 4 joueurs : il n’existe pas de configuration à 3 et le jeu à 2 est sensiblement moins profond.

On a aimé

  • Visuellement très joli
  • Simple et accessible
  • Bonne profondeur stratégique
  • Du jeu en équipe, une configuration peu fréquente

On a moins bien aimé

  • Jeu à 4 fortement recommandé (impossible de jouer à 3, gameplay castré en mode deux joueurs)
  • La boîte au format Alakon™ qui ne tient pas dans une étagère Ikéa
  • Allez, pour pinailler, il manque 4 aides de jeu résumant les pouvoirs des Dieux

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