Bifff 2015 : petit retour sur The Babadook, Haemoo, Automata et At the devil's Door
Compte-rendu du deuxième jour du Bifff
Pour ce jour 2 du Bifff, nous allons commencer par parler de "Haemoo" qui n'est pas une très grosse exclusivité du Bifff puisqu'il est sorti en France depuis le 1er avril de cette année (et non ce n’est pas une blague) sous le titre de SEA FOG - Les Clandestins. Calmons notre bonheur - quoi le film est pas bon ? - ce dernier reste dans un circuit de distribution assez limité. Sea Fog est une très belle réussite signée Sung Bo Shim, dont c'est ici le premier film, et à qui nous devons - excusez du peu - la coécriture de l'excellent Memories of Murder.
Si vous ne le saviez pas encore, l'histoire est celle d'un capitaine d’un bateau de pêche dont le navire pourrait vite être vendu par son propriétaire. Ce dernier décide donc de racheter lui-même le bateau pour sauvegarder son poste et son équipage. Mais l’argent vient à manquer (bah oui, sa femme ne lui fait pas que des infidélités, elle lui coûte cher au passage!). Du coup, en désespoir de cause, il accepte de transporter des clandestins venus de Chine. Sauf que le temps d'un brouillard la traversée va se transformer en véritable cauchemar mortuaire…
Les films qui nous arrivent de Corée du Sud sont souvent bons — même très bon pour certains — (après soyons honnête nous sommes loin de tout voir), des titres comme Chaser, J'ai rencontré le Diable, A bittersweet life, Le Bon, la brute et le cinglé, Blood Island, Old Boy, The Man From Nowhere et d'autres encore le prouvent. « Sea Fog, les clandestins » ne faillit pas à la règle et nous donne une belle image cinématographique du pays. Enfin belle, pas vraiment puisqu'une fois de plus il est décrit un monde assez dur avec des situations qui mettent l'humain à rude épreuve. En fait, « Sea Fog, les clandestins » c'est un peu le film qui fait mal, car il montre notre incapacité en France de faire des vrais films avec un réel fond social tout en étant un divertissement haletant - un poil stressant - et sans temps morts.
Difficile d'attribuer réellement un genre à « Sea Fog, les clandestins » car le film est emprunt d'un réalisme et d'une dureté totalement crédible, même si indirectement la thématique pourrait nous glisser à la lisière du fantastique et de l'horreur par le traitement du brouillard, son ambiance cruelle et poisseuse sans oublier le côté horrifique du sujet lui-même. En fait « Sea Fog, les clandestins » cumule les genres, sans vraiment se cantonner dans un seul genre, exempté dans sa finalité d'être avant tout un drame social. Outre une réalisation appliquée et sans faute de gout, Sung Bo Shim arrive à rendre chaque personnage du film à la fois dangereux et attachant sans forcément être mauvais bougre. C'est le stress et le débordement de situations qui fait que chaque individu va se transformer et ne pas se révéler sous son meilleur jour.
Des défauts, oui il y en a bien quelques-uns, parfois le film vire un peu dans un survival caricatural (avec des situations qui peuvent paraître "Too much"), certains changements psychologiques peuvent apparaitre trop soudain, mais peu importe ces détails, puisqu'on ressort de la salle avec cette impression rare d'avoir été chamboulé émotionnellement et ça, c'est juste "une sensation de vrai cinéma ! "
Pour la suite du programme, comme pour hier, nous avons déjà quelques critiques finalisées à disposition que nous allons partager avec vous afin de vous montrer la richesse de cette programmation même si nous regrettons de ne pouvoir vous faire un retour sur des films comme From the Dark, The Innocent ou encore The Editor qui sont au programme du Bifff ce 9 avril.
L'avis de Richard B. sur The Babadook :
« Bien que six années soient passées, Amélia à un bien du mal à se remettre de l'accident qui causa le décès de son mari. De plus, il n'est jamais facile d'éduquer seul son enfant, encore plus quand ce dernier rêve de monstres, de magie et adore se fabriquer des lances pierres et des arbalètes. Bref, Amélia a le moral dans les chaussettes. Mais le pire n'est pas encore arrivé. Un soir, le fiston, Samuel, met la main sur un livre de contes intitulé Mister Badadook et a la malheureuse idée de vouloir que sa maman lui en fasse la lecture. Ce qu'elle fit, du moins en partie puisque très vite, elle se rendit compte que ce livre était du genre « cauchemardesque ». Pour autant, trop tard, le mal était fait et Samuel commence à déceler de plus en plus la présence de ce Mister Badadook.
Premier long-métrage écrit et réalisé Jennifer Kent, la première chose que l'on vient à constater à la vision de ce Mister Badadook est à quel point cette dernière s'est investie dans ce projet. On remarque d'emblée son amour pour un certain cinéma et sa préférence pour la psychologie, plus que pour l'horrifique. En gros, ce qui intéresse ici la réalisatrice c'est les sentiments cachés, le deuil, la figure maternelle (et ce que cela implique en terme de responsabilité), la culpabilité, l'isolement ou enfin la perception et le jugement des autres... »
> lien vers la critique complète de The Babadook
L'avis de Richard B. sur Automata :
« En 2044, de violentes éruptions solaires ont transformé la surface de la Terre en un immense désert radioactif réduisant sa population à 21 millions d'habitants. Cette perturbation eut aussi pour conséquence une régression dans les technologies de communication. C'est dans ce cadre qu'il fut créé des robots primitifs afin de bâtir des murs, ainsi que des nuages mécaniques pour protéger les dernières cités existantes. Ces machines - désormais au nombre de deux millions - ont été construites en suivant deux protocoles. Le premier consiste à interdire à tout robot à détruire une quelconque forme de vie, le second empêche ces machines de se modifier (elles-mêmes ou toute autre forme de robots). Et ils sont sensés être inaltérables... Jacq Vaucan, un agent d'assurance de ROC robotics corporation connaît ces règles, et il est là pour prouver que lorsque dès problèmes surviennent, l'erreur est inévitablement humaine.
Les premières images d'Autómata ne plaident pas vraiment en la faveur du film de Gabe Ibáñez. Non pas qu'il se dégage une quelconque impression de production fauchée (bien au contraire), mais il est très difficile de ne pas y voir un calquage appuyé, et un brin ridicule, de Blade Runner (hologrammes, ambiance sombre et pluvieuse,...), et ce notamment lorsque nous apparait le personnage de ce flic bad-ass campé par un Dylan McDermott en mode « je porte mes lunette de soleil quelque soit la luminosité et l'ambiance qui m'entoure ». Ok les gars, mais plus que de donner une allure cool au bonhomme, ça discrédite surtout le film. Nous ne pouvons de plus pas vraiment dire que ce scénario, écrit par Gabe Ibáñez (également réalisateur), Igor Legarreta et Javier Sánchez Donate, fasse preuve d'une très grande originalité, entre le classique de Ridley Scott, I, Robot, A.I. ou même District 9 (pour le côté bidonville). Sans oublier qu'en terme de production hispanique traitant de l'émotion des machines, nous pourrions également penser aussi au très sympathique Eva. Autómata apparait donc boulimique en références. Pour autant, il est très loin d'être dénué d'intérêt, même scénaristique. »
> lien vers la critique complète de Automata
L'avis de Jonathan C. sur At the devil's Door
« Les films de possession sont légion et il faut vraiment faire le tri pour en trouver des potables, voire des bons (par exemple récemment Délivre-nous du mal de Scott Derrickson). At the Devil's Door fait assurément partie des bonnes surprises de ce genre pourtant épuisé jusqu'à la moelle.
Le réalisateur Nicholas McCarthy dit avoir eu l'idée de At the Devil's Door (Home) alors qu'il était en train de présenter son précédent film, The Pact. Un chauffeur de taxi chilien lui aurait raconté avoir passé un pacte avec le diable quand il était plus jeune. McCarthy en a tiré un film d'épouvante aussi convenu que son titre, et dans lequel une jeune femme vend son âme au diable en échange d'une poignée de dollars, le diable passant ensuite de corps en corps, avec tous les clichés qui vont avec (force maléfique invisible, yeux révulsés, fillette possédée, visions cauchemardesque, murmures et voix bizarres, silhouette étrange au détour d'un couloir ou dans un reflet, ombres qui planent sur les murs, imperméable rouge, et même l'indispensable cheval à bascule lugubre). Le cinéaste assume cependant clairement avoir « fait un film sur le diable en respectant les codes du genre » et parvient, comme dans son précédent film, à crédibiliser les stéréotypes. La représentation du diable, campé par Mark Steger (homme-créature dans Je suis une légende, The Unborn ou Men in Black II et personnage marquant dans The Pact), est d'ailleurs aussi furtive que saisissante. »
> lien vers la critique complète de At the Devil's Door
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Publié le jeudi 9 avril 2015 à 12h21
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At the Devil's Door
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